Comme une évidence...

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  Regina venait de classer un énième dossier. Avec toute l'avance qu'elle avait prise en se jetant corps et âme dans son travail depuis quelques temps, bientôt elle n'aurait plus rien à faire. Et il n'était que quinze heures en ce mardi après-midi. La semaine lui paraissait tellement longue. Et puis, mise à part le petit message d'Emma le dimanche pour lui stipuler qu'elle était bien arrivée à Boston, depuis plus de nouvelles. Rien. Silence radio. Elle n'osait pas demander à son fils s'il en avait car celui-ci serait capable de lui rappeler qu'elle avait elle aussi un téléphone, et que donc, par conséquent, elle pouvait directement demander à l'intéressée. Mais n'ayant pas eu de réponse à son dernier message, Regina n'osait pas... Une foule de questions tournait dans sa tête... et si Emma avait rencontré quelqu'un d'autre, un coup de foudre soudain, et si elle avait succombé à son colocataire, dont elle ne connaissait pas même le visage, et s'il lui était arrivé quelque chose...

Elle relisait pour la millième fois au moins leur bref échange du dimanche, par texto. Comme elle le faisait tous les soirs, sans cesse, avec la lettre d'Emma, tenant fermement son coussin contre sa poitrine, afin qu'elle puisse sentir les douces effluves de sa sauveuse lui caresser subtilement ses narines. Missive qu'elle avait pris soin de ramener chez elle, et qui était soigneusement rangée dans le tiroir de sa table de nuit. C'était sa manière de se rassurer, se réconforter. Se réimprégner encore et encore de tous ces mots qui lui avaient été adressés par sa belle.

« Merci pour ce moment de tendresse dans tes bras hier soir... <3 »

« Tu me manques Emma... »

« Bien arrivée à Boston... mais une partie de moi est restée à Storybrook... »

« Alors je prendrais grand soin de cette partie en attendant ton retour Emma... »

Voilà les seuls messages échangés entre elles ce dernier dimanche. Au moins elles s'étaient écrit certes, il y avait du progrès, mais le silence d'Emma depuis inquiétait la brune au plus haut point... et cela la mettait dans une colère folle. A part pour son fils, jamais le bienêtre de quelqu'un d'autre ne l'avait autant préoccupée.

De rage elle se leva, enfila sa longue veste gris anthracite, passa la bandoulière de son sac à main de cuir rouge sur son épaule et claqua la porte de son office. Dévalant les escaliers malgré ses escarpins hors de prix aux talons aiguilles vertigineux, elle passa devant sa secrétaire de mairie, qui la regarda avec des yeux grands ouverts. C'était bien la première fois que celle-ci voyait sa patronne courir ainsi. Par reflexe elle se leva, interrogeant la brune du regard.

« J'ai affaire en ville Candice, je ne repasserai pas. Je vous laisserai fermé la mairie ce soir. » Lui expliqua-t-elle sans même prendre le temps de s'arrêter, lui jetant à peine un regard furtif, avant de franchir les portes du majestueux hôtel de ville.

« B... Bien Miss Mills. » bégaya celle-ci, n'étant même pas certaine que sa réponse fût entendue par la concernée.

Regina s'engouffra dans sa Mercedes noire, jetant sans vergogne son sac sur le siège passager et démarra en trombe. Elle devait savoir. Elle ne croyait pas forcément aux prophéties, sachant que la magie avait ses failles, mais elles savaient qu'elles avaient malgré tout un fond de vérité. L'une d'elles s'était avérée vraie après tout. La sauveuse, qui reviendrait vingt-huit ans plus tard pour lever la malédiction... Alors pourquoi pas celle-ci ? Bien qu'elle ne vît pas trop où cela la mènerait, il fallait qu'elle demande aux principales concernées, les fées, qui étaient ici les bonnes sœurs de Storybrook. Même si celle lui ayant énoncé ce fait était retournée vivre au pays imaginaire, ses consœurs sauraient peut-être la renseigner. Arrivée à l'endroit désiré, elle laissa sa voiture dans la précipitation, elle qui d'habitude prenait grand soin à toujours à se garer impeccablement. Gravissant les escaliers menant au couvent, aussi vite que ses talons lui permirent, elle entra dans celui-ci sans même prendre la peine de sonner. Elle tomba alors nez à nez avec Blue, qui la regarda d'un air interloqué. Jamais la Reine n'avait mis ainsi les pieds chez elles.

L'amour, Poison et Essence de la VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant