22. Merci pour tout

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C'était déjà la fin de la journée, l'heure pour moi de regagner mon appartement. Les cours s'étaient déroulés normalement, je n'avais même pas été beaucoup insultée curieusement, peut-être qu'ils me craignaient désormais, qui sait?

Je sortis rapidement du collège, puis empruntai mon chemin habituel. Mais au croisement de la rue, je percutai violemment quelqu'un. Je relevai la tête, m'apprêtant à m'excuser, mais découvris avec surprise que je venais d'entrer en collision avec Thomas. Son visage s'illumina;

-Tiens, Chloé! Quel hasard! me fit-il, plein d'entrain.

Ouais, quel hasard, effectivement! Mais il me prenait vraiment pour une conne celui-là! Avec son air si charmeur, j'aurai presque pu craquer, mais non, il ne m'aura pas cette fois! Je le voyais déjà venir, avec son sourire ravageur, il pensait que je n'allais m'apercevoir de rien, et bien il se trompait sur toute la ligne.

Je pris mon courage à deux mains et me lançai;

-Arrête de me prendre pour une débile profonde, putain! Tu crois que ton jeu va encore durer longtemps?! Tu cherches quoi au juste, en restant encore avec moi? Tu essaies de brouiller les pistes ou plutôt de les rendre encore plus visibles, c'est ça?!

-Q-quoi? Mais je sais même pas de quoi tu parles! me répondit-il, totalement perdu.

-Fais pas l'innocent, tu m'as très bien comprise.

Ses yeux cherchaient une quelconque marque de plaisanterie sur mon visage, mais n'en voyant pas, son enthousiasme disparu très vite.

-Chloé, qu'est-ce que tu racontes?

Mais quel imbécile! Je ne supportais pas cette petite comédie et décidai de passer mon chemin. Je fis bien exprès de le bousculer encore une fois, pour lui montrer qu'il me tapait vraiment sur les nerfs. Je ne pris, bien-sûr, pas la peine de m'excuser.

-Chloé, attend! me lança-t-il, avant que je m'engouffre dans une autre rue.

J'avançai un peu plus vite, pour qu'il ne me rattrape pas, mais sa silhouette d'athlète eu raison de mon avance. Il m'attrapa par le bras et tenta de me tirer vers lui. Mais je me dégageai de sa poigne de fer et l'ignorai. Il sembla comprendre le message; il ne me poursuivit pas plus loin.

Je montai rapidement les marches de l'escalier avant d'atteindre mon appartement. Je me jetai directement dans mon lit, exaspérée. Pourquoi persistait-il à me mentir? S'il m'avait dit la vérité depuis le début, j'aurai compris et aurai tout fait pour ne pas me faire repérer, mais surtout ne pas l'amener avec moi, effacer mes empreintes. Quelle idiote! Je ne savais même pas contre qui j'enrageais, mais j'enrageai.

Le bruit de mon téléphone me sortis de ma colère. J'avais reçu un message. Je le déverrouillai et regardai le destinataire; Thomas. Mais qu'est-ce qu'il cherchait encore?! Pour ne pas m'en vouloir, je l'ouvris quand même: "Est-ce que ça vaut la peine de se voir ce soir, ou tu m'as définitivement rayé de tes connaissances?..."

Bien-sûr que non, je ne l'avais pas rayé de mes connaissances. Je n'en avais pas la force. J'avais beau me dire que je le haïssais pour ce qu'il m'avait fait, je ne pouvais pas me passer de sa présence. Alors, sans plus attendre, je lui répondis; "Oui, rien ne change, on se voit ce soir, mais on devra s'expliquer."

Je ne pouvais pas lutter contre mes sentiments, c'était ainsi. Il me répondit dans la minute que c'était bon pour lui.

Je restai dans ma chambre, en attendant que mes parents m'appellent pour le dîner.

Il se passa normalement, malgré le silence pesant qui s'était installé depuis ce matin et les regards, censés être discrets, que mes parents se lançaient sans cesse. Je sortis rapidement de table et repartis dans ma chambre, en attendant l'heure du meurtre de ce soir. À 23h00, mes parents étant sûrement déjà couchés, je reçu encore un message de Thomas: "Je suis devant la porte de ton immeuble, je t'attends."

Mon planning n'allait donc pas être respecté, mais tant pis, je pris mon sac et descendis sans plus attendre.

Il m'attendait, adossé au mur de béton. La lumière du lampadaire éclairait son magnifique visage, ce qui me fit comme un petit choc; comment avais-je osé faire une crise au plus beau mec de la terre? Je m'en voulais terriblement.

Lorsqu'il me vit arriver, il me fit son magnifique sourire, même si je voyais qu'il était un peu gêné. Au lieu de fondre littéralement devant tant de perfection, je me fis une réflexion, et arrivai à une horrible conclusion; n'ayant pas fait de meurtre, je ne m'étais pas embellie. Qu'allait-il penser de moi maintenant? Je commençai à devenir terriblement nerveuse.

Mais contre toute attente, il se contenta de me dire;

-Tu es très jolie ce soir.

Essayait-il de se rattraper? Je ne cherchai pas la réponse à cette question et débutai sans plus attendre notre "explication";

-Bon. Pourquoi t'as fait ça? Sincèrement.

-Mais de quoi tu parles? Je suis totalement perdu, j'ai beau chercher, je vois pas pourquoi tu m'en voudrais!

-T'essaies de me manipuler? Ou bien de m'amadouer encore plus que tu ne le fais déjà? Bon, je sais déjà qu'est-ce que tu vas me répondre alors je vais directement t'expliquer le problème. Tu sais, je ne suis pas aussi stupide que j'en ai l'air. Alors j'ai bien compris qu'en te rapprochant de plus en plus de moi et en m'aidant pour mon dernier crime, tu n'as fait qu'aider la police a me retrouver. Et t'y es bien arrivé! Mes parents savent tout désormais! Pas la peine de me mentir encore une fois, je sais ce que tu fais maintenant. Alors je te laisse encore une chance pour t'expliquer, sinon c'est fini Thomas.

-Mais qu'est-ce que tu racontes?! s'exclama-t-il. Tu me crois vraiment capable de te faire ça? C'est vrai que j'aurai dû t'en parler, je suis désolé. Mais mieux vaut tard que jamais comme on dit, alors je vais te dire pourquoi je fais ça. Tu vois, la première fois que je t'ai vue, en sortant de ton immeuble pour te diriger vers la poubelle, j'ai remarqué que tu cherchais à cacher quelque chose, que tu épiais le moindre des mouvements qui pourrait y avoir dans la rue. Le hasard a fait que je me trouvais là à ce moment, et j'ai donc commencé à te fixer dans l'obscurité, parce que tu m'intriguais, quelque chose faisait que je ne pouvais pas ne pas te remarquer.

Cette remarque me fit immédiatement rougir, car j'avais ressenti la même chose, vis-à-vis de lui.

-Lorsque je me suis approché de toi, continua-t-il, tu m'as parue toute déboussolée, je t'avais sûrement effrayée. Mais ton attitude semblait clairement cacher quelque chose, mais je ne savais dire quoi. Ensuite, tu m'as dit m'avoir vu en train de jouer de la guitare dans la rue, encore un coup du destin. Après cette conversation nocturne, j'avais vraiment envie de te connaître plus et je t'ai donc proposé un autre rendez-vous, pour voir si le lendemain tu allais être aussi mal à l'aise. Mais ce matin-là, à mon réveil, j'appris quelque chose qui me terrifia; un meurtre avait été commis dans ton immeuble, et j'ai donc tout de suite pensé à toi. Et tu sais comment je l'ai appris? Grâce à mon père, un des membres des plus importants de la police. Je savais très bien que sa position, haut placée, allait lui être bien utile; il allait rapidement être au courant de l'identité du criminel. J'ai donc eu peur pour toi, car tu avais très peu de chance de t'en sortir. Mais malgré ton crime très bien réussi, beaucoup d'empreintes ne trompaient pas, tu as rapidement été désignée coupable. Mais ton père, travaillant aussi sur les lieux, a catégoriquement refusé d'y croire, malgré tous les signes qui démontraient que tu étais la meurtrière. Alors il a décidé de ne rien dire et d'attendre d'autres preuves, qui ne sont jamais venues, car le crime de la nuit dernière a été très bien réussi et ils n'ont trouvé aucune trace, pour le moment, d'un potentiel meurtrier. Voilà pourquoi je dois t'aider désormais, tu n'es plus si innocente que ça.

J'étais sous le choc. Je n'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre. Mon père avait tenté de me protéger, mais n'y était pas arrivé, et je ne pouvais plus compter que sur l'aide de Thomas pour m'en sortir.

-M-mais... Pourquoi tu fais tout ça... Pour moi? demandai-je alors, un peu confuse.

-Tu comptes bien trop pour moi, pour que je te laisse t'en sortir toute seule.

Puis il s'approcha de moi, m'attrapa par la taille pour me coller contre lui, et m'enlaça de ses bras musclés et si rassurants.

Avait-il vraiment dit ce que je venais d'entendre? Ou était-ce un rêve? Tout était trop beau pour être vrai. Mais au fond de moi, je savais bien que je ne rêvais pas, qu'il venait de m'avouer ses sentiments pour moi.

-Merci, soufflai-je, merci pour tout.

Miroir, mon beau miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant