Satisfaite, je laissai le cadavre comme il était, et descendis discrètement jusqu'à l'étage inférieur. Je passai devant le miroir de l'entrée et eus l'agréable surprise de voir que, encore une fois, mon meurtre m'avait embelli. Je me contemplai longuement, puis sortis de la même façon dont j'étais entrée; par la fenêtre. Une fois dehors, je glissai mon bras à l'intérieur et la refermai en battant, comme je l'avais trouvée. Mais au contact de la poignée, je sentis que ma main était encore gluante, donc ensanglantée. Je laissais échapper un long "merde" en remarquant que j'en avais sûrement laissé partout dans la maison, et donc que mes empreintes étaient extrêmement faciles à repérer.
J'étais furieuse. J'étais passée de mon meurtre parfait à un échec le plus total. Mais je n'avais plus le temps de reculer, je devais aller à mon rendez-vous avec Thomas. Mais en y réfléchissant, c'était une très mauvaise idée. S'il voyait mes mains ensanglantées, il comprendrait que je suis une véritable tueuse, et il me fuirait à coup sûr. Non, je n'allais pas y aller, et trouver un prétexte débile qui ferait l'affaire. C'était cruel de l'abandonner comme ça, mais il comprendra.
Je devais me dépêcher de rentrer chez moi pour qu'il ne me voit pas, véritable mission impossible, sachant que je devais passer devant le lieu de rendez-vous, et qu'il y était déjà sûrement. Alors, pour gagner du temps, je me mis à courir. En quelques minutes j'étais arrivée chez moi et je fus soulagée de ne pas avoir vu Thomas sur le chemin. Je m'apprêtais à sortir mes clés pour entrer dans l'immeuble, lorsque tout à coup je sentis une main sur mon épaule. Je sursautai et me retournai brusquement, avant d'apercevoir Thomas, toujours aussi radieux.
-C'est donc là que tu habites!
-Euh...oui, oui c'est bien là, lui répondis-je, totalement incapable de dissimuler mes mains sanguinolentes.
-T'es sûre que ça va? C'est quoi tout ça Chloé? Tout ce sang, il vient d'où? me demanda-t-il, inquiet, en me prenant par les épaules, m'obligeant à le regarder dans les yeux.
-Bah...de moi. Il vient de moi, je me suis faite mal en tombant et je remontais justement pour...
-Arrête de me prendre pour un con! C'est pas ton sang! Déjà hier je t'ai vu sortir avec des morceaux de verre imprégnés de sang, que tu es allée jeter dans la poubelle là-bas. À quoi tu joues?!
Mon sang se glaça. Il m'avait vu hier, il savait que tout ne tournait pas rond chez moi. Mais pourquoi restait-il là, alors?!
-Bon, écoute, je vais pas te mentir plus longtemps, t'as raison, c'est pas mon sang. Mais tout t'expliquer ici serait bien trop long et bien trop dangereux, peut-être que des gens nous écoutent.
Il fut surpris de ma réponse, mais attendit que je continue mon explication.
-Je suis dangereuse, c'est tout ce que je peux te dire. Mais il faut que tu m'aides, sinon, c'en est fini pour moi.
Il ne me posa pas la moindre question et hocha simplement de la tête, pour exprimer son approbation.
-Bien, suis-moi.
Mais qu'est-ce que j'étais en train de faire?! Je l'impliquais dans mon propre meurtre, c'était horrible. Mais c'était pour la bonne cause, je l'espère.
Quelques minutes plus tard, j'étais à nouveau devant la grande bâtisse, un acolyte en plus. Je le mis en garde de faire attention au chien, toujours endormi dans sa niche, puis je lui expliquai brièvement la situation.
-T'as tué un mec de 14 ans?! s'exclama-t-il.
Je lui donnai une tape dans le ventre, pour lui faire comprendre qu'il devait parler moins fort.
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Miroir, mon beau miroir
TerrorJe vous avertis déjà ; si vous affectionnez les papillons, les champs fleuris, les fins heureuses, les princesses roses et j'en passe, cette histoire ne vous conviendra pas. Elle vous transportera dans un univers sombre, macabre, déchirant, atroce...