Personne °NoRen°

4

Combien de jours était-il resté dans ses tourments ? Il n'en pouvait plus, il devait sortir, se changer les idées.
Ne réfléchissant pas, il appela Jeno, c'était la seule personne qu'il pouvait contacter pour prendre l'air.

- Oui ? Répondit une voix à l'autre bout du téléphone.

- C'est Renjun, ça te dit de boire un verre ensemble ce soir? Demande le plus jeune.

- Oui, je n'ai rien à faire en plus. On se retrouve là-bas directement ?

- On fait comme ça alors, à tout à l'heure.

Il allait enfin pouvoir penser à autre chose que ses souvenirs qui lui empoisonnaient la vie, cela devenait invivable.

Renjun était arrivé aux environs de vingt et une heures, il ne savait pas à quel moment Jeno allait arriver. Toujours la cigarette en main, il observait, encore en attendant la venue du plus âgé. Soudain le grand brun arriva dans son champ de vision, il était vite arrivé à la table étant donné que le plus jeune était toujours à la même, Jeno connaissait donc le chemin.

- Bonsoir. Souri le plus âgé.

- Bonsoir. Répondit Renjun en recrachant la fumée de sa cigarette.

Toujours en souriant, il s'installa à la table.

- Je t'avoue que j'étais surpris que tu m'appelles. Il y a une raison pour que tu veuilles boire un verre avec moi ce soir ? Questionne Jeno curieux.

- Non pas particulièrement, c'est la routine pour moi c'est tout.

Une routine lassante qui prenait de plus en plus de place dans sa vie, le rongeant jusqu'au plus profond de son âme. Cette routine alimentait la haine envers sa mère, après tout c'était de sa faute s'il était devenu ainsi: un être brisé.

Jeno resta silencieux, il se doutait bien que ça n'allait pas. Il préférait observer le plus jeune assis en face de lui. Il pensa qu'il était beau garçon, il pourrait être son genre. Ce qui le rebutait c'était son côté buveur et fumeur, mais il pouvait comprendre. Son visage neutre et impassible était pour lui un appel à l'aide, jamais Renjun ne souriait et il ferait n'importe quoi pour aider ce jeune homme détruit par la vie aussi tôt.

- Ça se passe bien à l'université? Demande le plus âgé pour lancer un sujet de conversation.

- C'est comme d'habitude, je dois finir un tableau pour bientôt donc je suis assez occupé. Et toi ton boulot de psy? Ça doit être chiant d'écouter des gens parler toute la journée.

- Je me rends compte que beaucoup de personnes ont besoin d'être écouté, les problèmes sont différents. J'aime ce métier alors ce n'est pas chiant comme dit. Répond le plus âgé en rigolant légèrement à la fin de sa phrase.

- C'est vrai, quand on fait quelque chose que l'on aime ce n'est pas chiant. Je te comprends, j'aime peindre je trouve ça tellement passionnant. Avoue le plus jeune l'air pensif.

Renjun se sentait existé quand il parlait avec Jeno, il lui prêtait attention et l'écoutait. Il voulait faire l'effort de s'ouvrir plus, mais il ne pouvait pas. Même s'il ne le montrait pas, il appréciait beaucoup le plus âgé. Il ne savait pas comment s'exprimer.

- On se comprend alors, puis tu sais c'est intéressant de comprendre pourquoi certaines choses se passent. Ça peut partir de l'enfance, qui de plus forge la personnalité quand on devient adulte. Dit Jeno en souriant.

- Je n'en sais rien, mon domaine c'est l'art. Répond Renjun en haussant les épaules.

- Tu as raison, bref tu veux parler d'autre chose ? Demande le plus âgé.

- Non pas vraiment, et toi?

- Je me demandais... Depuis combien de temps tu viens ici?  Je t'ai vu trois ou quatre fois, mais je suppose que tu viens là assez régulièrement. Questionne le psychologue.

- Je dirais que ça fait plusieurs mois.

- Tu devrais arrêter, tu te détruis.

- Oui et puis en quoi ça te regarde? Et toi, pourquoi tu viens ? Répond froidement le plus jeune.

- Excuse-moi je ne voulais pas t'offenser. Je viens pour sortir et penser à autre chose que le boulot. Répond Jeno en soupirant.

- Je vois.

- Je pense que je vais y aller, je me sens fatigué.

- Merci d'être venu, tu es venu malgré ta fatigue.

- Ne t'en fais pas, je te souhaite une bonne nuit. Répond Jeno en se levant, puis en s'éloignant avec un sourire.

Renjun ne voulait pas que Jeno s'introduise un peu trop dans sa vie et surtout dans son passé. Personne ne l'avait jamais fait jusqu'à présent, alors ce ne serait pas non plus aujourd'hui. Il voulait lui dire de lui-même, pas être forcé.