Prologue : C'est toujours pour ceux qui restent que c'est dur

553 19 1
                                    


Mes chaussures claquaient contre le carrelage blanc, je marchais assez rapidement mais gardais les yeux fixés devant moi pour m'éviter de pleurer. Pourquoi ? Pourquoi pleurerais-je ?

11 900.

11 900 quoi ?

11 900, c'est le nombre de femmes qui décèdent par an du cancer du sein.

Et ma mère était venue grossir ce nombre, du moins, bientôt... Le médecin me l'a annoncé hier, j'ai beaucoup pleuré, pour dire vrai, je n'ai fait que ça de toute la journée. Puis je me suis dit qu'il fallait que je passe ces derniers moments avec elle plutôt qu'avec des mouchoirs.

Alors que j'arrivais devant la chambre numéro 483, je me stoppa. Je donnais tout ce que j'ai pour ne pas pleurer, sachant que le prochaine fois que je serais ici. Ma mère sera morte.

Je lèvais ma main tremblante et tapa à deux reprises sur la porte. Je savais qu'elle était trop faible pour que sa réponse me soit audible alors je tourne la poignée et entre dans la pièce.

Un unique lit occupait l'espace, des médecins et des infirmière étaient agglutinés autour. Ils arrêtèrent de parler et comprennèrent à mon air grave qu'il fallait que je sois seule avec la patiente. Ils déguerpissèrent et j'osa enfin poser le regard sur la personne qui m'avait élevée seule, ce qui déclencha un torrent de larmes. Je me laissais tomber à genoux à côté d'elle et posa ma tête ainsi que mes mains près de ses genoux.

Nous restâmes muettes longtemps. Je sentais sa main tremblante se poser sur ma tête pour caresser mes cheveux bruns. Cela eu le don de me calmer et après quelques instants, j'arriva enfin a planter mes yeux dans les siens, c'est d'ailleurs d'elle que je tennait mon regard émeraude.

"- Ça va aller mon enfant.. rappelle-toi ces paroles ; << C'est toujours pour ceux qui...

- ...restent que c'est dur.>> Je sais maman, c'est justement pourquoi je pleure.. c'est beaucoup trop dur.

- Je sais Jennie, je sais.. " souffla-t-elle.

Je me relèvais doucement pour prendre place sur un siège à ses côtés, je serrais toujours sa main et plaça un index sous son poignet pour connaître son pouls, certes faible, mais qui m'indiquait qu'elle était toujours en vie.

"- Raconte moi comment ce sont passé tes vacances à la montagne s'il te plait.. Ça me changera des prises de sang et de cet hôpital morbide"

La plus grande hantise et cauchemar de ma mère avait toujours été de s'éteindre ainsi, dans un lit d'hôpital, lieux peu intime. Comme beaucoup d'autres personnes, elle souhaitait s'endormir chez elle un soir, dans son lit, et ne plus se réveiller le lendemain...
Mais comme elle me l'avait appris, on avait pas toujours ce qu'on voulait. Alors quand elle avait fait un arrêt cardiaque, une voisine a eu le bon réflexe d'appeler le samu tandis que j'étais entrain de skier, loin de me douter de ce qu'il se passait. Le reste est allé très vite, on a trouvé dans une radio de routine tout à fait banal, un cancer au stade terminal. Impossible a guérir, plus que six jours au maximum. Je m'en voulais tellement, tellement de ne pas m'être rendue compte de ses symptômes. Je suis... tellement nulle.

"- Je.. c'était super, la neige était bonne, je ne suis tombée que sur une rouge mais j'ai pas tentée de piste noire, contrairement à Lena qui a gérer ça comme une pro. Elle t'embrasse fortement d'ailleurs.. elle est désolée de ne pas pouvoir venir...

- Moi de même je l'embrasse, je l'ai toujours aimé cette petite. 

- ... maman je dois te dire quelque chose d'étrange qui m'ai arrivé là-bas..

- Je t'écoute.

- Voilà, je sais que ça semble irréel mais, je rentrais de la station de ski quand l'hôpital m'a prévenue et.. je suis tombée sur le sol de la cuisine  avec mon téléphone dans la main. Je pense que je me suis évanouie et, en ouvrant les yeux, j'étais dans la même position mais pas au même endroit.. Maman ? Maman ? ça va ?"

Ma mère venait de grimacer et de se tordre pour se tenir le ventre. Un son étrange sortait de sa bouche, je me levais pour prévenir les médecins restés derrière la porte mais elle m'en empêcha en me tenant fermement la main.

"- Je-je dois te dire.. argh, pour ton père..

- Oui ? Maman ?

- Tu es com-me lui d'un côté.. "

Son pouls sous mon doigt s'affolait.

"- Maman je dois prévenir les médecins !!

- Manassé... ton pè...

- Maman ? MAMAN ???!!! VITE A L'AIDE !!!"

Les médecins entrèrent en courant mais le léger battement sous mon index, avait déjà disparu.

Mon docteur ce hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant