Chapitre 5

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Stiles en avait connu des réveilles difficiles, mais celui-là était sûrement le pire qu'il ne connaîtrait jamais. L'acte héroïque qu'il avait commis hier aurait put lui donner un semblant de sourire, si seulement la fille n'était pas morte à cause d'une infection du produit toxique qui se trouvait sur le pique.

Et si Louise était morte de la même manière ? Il devait savoir comment elle avait été assassiner, pour qu'il puisse faire le rapprochement entre les deux meurtres, car oui, Stiles était persuadé que la mort de la fille qu'il n'avait pas réussi à sauver, était bien un meurtre.

⁃ Papa ? Dit Stiles en pénétrant dans la cuisine.

Il était 11h, Stiles n'était pas aller à l'école, trop traumatisé pour pouvoir affronter cet horrible endroit. Quand à son père, il avait travaillé toute la nuit et avait donc eu une pause pendant la matinée, une pause qu'il passa à fouiller ses documents à la recherche d'une information qu'il aurait négligé.

⁃ Oui ? Répondit son père.

Stiles laissa le temps à son père de poser ses documents pour qu'il puisse avoir son entière attention.

⁃ Je voulais savoir, comment Louise est morte ?

Son père fit une grimace. Mais il reprit tout de même :

⁃ Et bien elle c'est fait assassiner mais on ne sait pas encore par qui.
⁃ Comment Papa ? Insista Stiles.

Son père avala sa salive, tentant sûrement de gagner du temps :

⁃ Tu veux savoir si elle est morte comme Juliette ?

Juliette était la jeune fille que Stiles n'avait pas réussi à sauver. La mention de son nom le fit trembler.

⁃ Je veux juste savoir Papa. Dit moi s'il-te-plaît.

Le père de Stiles perdit son regard pendant une seconde avant de reprendre la parole :

⁃ Elle est morte de la pire manière qu'on puisse imaginer.

Il fit une nouvelle pause.

⁃ Elle a été attaché à un arbre sur la route, violée et battue. Son agresseur lui a ensuite arraché les ongles avant de les lui replanter dans les joues. Puis son coeur lui a été arraché avec un couteau et c'est comme ça que sa souffrance s'est stoppée.

Stiles resta bouche-béé. L'attitude de Lydia lui semblait tout à coup tout à fait justifié et un remonté gastrique lui parcourut la gorge. Il ferma les yeux, fit un sourire de remerciement à son père et courut s'enfermer dans sa chambre.

Il se laissa tomber de l'autre côté de la porte, incapable de bouger jusqu'à son lit. Ses yeux étaient aussi humides que son coeur, et les larmes coulèrent à flot. Il s'en voulait, de ne pas avoir réussi à sauver Juliette, de ne pas avoir vu Louise alors qu'il se baladait à Beacon Hills, il se sentait nul.

⁃ T'es qu'un pauvre type Stiles, se dit-il. 

Cependant, vu les différences entre les deux meurtres, il n'était plus tout à fait sûr que ça soit le même criminel.

Il cria intérieurement, mais son cri était si fort, qu'il était à un rien de faire effondrer sa propre ville. Un séisme aurait été moins puissant.

Il respira un bon coup avant de pouvoir réussir à se lever.

Il voulait à présent fuir, partir de sa maison, de sa ville, de son pays, de sa vie.

En un mouvement plus froid que jamais, il prépara un rapide sac à dos avec de quoi manger, des vêtements et son argent. Il regarda ensuite son portable, hésitant à le prendre, mais il le laissa. Il attrapa ensuite ses clés de voiture et sortit, claquant la porte et laissant les questions inquiètes de son père derrière lui.

Il monta dans sa voiture et ne se fit pas prier pour démarrer. En un grondement grinçant, camoufler dans un nuage de fumer d'essence, la voiture avança. Et c'est dans une allure qui semblait folle, tellement folle qu'elle en était dangereuse, que la voiture roula, parcourant la ville.

Et c'est seulement au bout de 1h de route, quand il vit une jeune fille, un sac de campeur sur le dos, essayant désespérément d'attirer les regards des conducteurs pour pouvoir monter à leurs côtés, qu'il décida de s'arrêter.

La jeune fille n'était sûrement pas de Beacon Hills, Stiles ne l'avait jamais vu au paravant et elle paraissait presque aussi perdu que lui.

⁃ Tu vas où ? Dit Stiles.

La jeune fille se retourna, elle devait avoir le même âge que Stiles. Il put alors observer ses longs cheveux bruns légèrement ondulés en une harmonie sublime, ses yeux d'un brun tout aussi gracieux et ses si jolis traits, qui s'accordait parfaitement avec la dureté de son regard et la beauté de son vécu.

⁃ Je vais là où tu vas, dit-elle, arrachant Stiles à ses pensées.

Stiles lui fit signe en un mouvement de tête de s'assoir à ses côtés et elle s'exécuta presque instantanément.

⁃ Et toi, demanda-t'elle, tu vas où ?
⁃ Je vais là où la route me mènera.
⁃ On pense toujours que l'autre côté de la route sera bien mieux que le notre, mais c'est faux.

Le silence emplit la voiture, ils étaient visiblement sur la même longueur d'onde.

⁃ Mais peut-être, continua Stiles, que si on ne se contente pas d'explorer une seule route, on peut trouver un meilleur endroit que le notre.

La jeune fille lui sourit, puis lui demanda :

⁃ Et je suis sensé t'appeler comment ?
⁃ Stiles.
⁃ Enchanté Stiles, moi c'est Malia.
⁃ Enchanté Malia.

Ce fut les gargouillis du ventre de Malia qui camoufla le silence.

⁃ T'as faim ? Demanda Stiles.

Malia se tut, ce qui eut pour effet un regard surpris de la part de Stiles sur elle. Elle était maigre. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé ?

⁃ Je mange pas, je peux pas.

Stiles prit une demi-seconde à comprendre et il regretta immédiatement ce qu'il venait de dire, elle était évidemment anorexique. Son corps maigre, son teint pâle, ses bras collés à sa poitrine pour se réchauffer, ses cernes violacés... elle était anorexique.

⁃ Je suis désolé, dit-il.
⁃ C'est pas grave.

Et le silence emplit une énième fois la voiture. Il fallait qu'il parle, pour vite se rattraper :

⁃ Et tu viens d'où comme ça ?

Elle ferma les yeux et pris une intense respiration.

⁃ Je viens de l'hôpital, j'ai fugué.
⁃ Fugué ? Reprit Stiles.
⁃ Oui, on me forçait à manger, on me gavait en disant que c'était pour mon bien.
⁃ Et d'après toi, ça ne l'est pas ?
⁃ Non.
⁃ Alors qu'est-ce sais pour toi le bien ?
⁃ Mon bien, c'est de mourir à petit feu, en réalisant mon rêve de toujours, m'y battre jusqu'à la mort.
⁃ Et ton rêve c'est de maigrir ?

Elle se retourna vers Stiles, l'air dure.

⁃ Non mon rêve c'est de me rapprocher de la perfection.
⁃ La perfection ça n'existe pas, pas dans ce monde. La vie est un putain de casse-tête qui ne peut pas être résolut et qui a pour seul but de t'occuper jusqu'à la mort.
⁃ Je l'ai bien compris, mais je veux juste mourir en me disant que j'ai fait le maximum pour résoudre ce casse-tête.
⁃ Le maximum qu'on puisse faire, c'est attendre que ça soit finit, laisser passer et ne pas se prendre la tête.
⁃ Non ça c'est lâche.
⁃ La vie te fait espérer ce que tu n'auras jamais, à quoi bon se battre si rien ne nous attend.
⁃ C'est une question de bonheur personnel, de vision des choses. Attendre la mort ou se battre en attendant la mort.
⁃ Ou se battre en espérant retrouver le bonheur.

Malia écarquilla les yeux, surpris par sa vision optimiste.

⁃ Le bonheur c'est du bluff, c'est comme se voiler la face.
⁃ Oui mais c'est un agréable idéal.

Malia haussa les épaules, sûrement peu convaincu par la théorie de Stiles.

La discussion s'arrêta là, car tout comme les nuages qui venait recouvrir le soleil, Malia fut fatiguée et s'endormit dans la voiture de Stiles. Deux inconnus qui semblaient s'être pourtant toujours connus.

Je ne sourirai plus jamais [STYDIA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant