Chapitre 4: L'OMBRE DE LA MORT(Partie 2)

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Fate ne pipa mot, puis s'adressa à sire Milos.

- Que comptez-vous donc faire, sire ?

- Sire, je pense que ce crime est de nature à semer le trouble parmi les nôtres. Si on ne retrouve pas en vitesse l'assassin, cela pourrait gravement nous nuire.

-Je le comprends bien, mon ami.  Nous devons régler cette affaire dans de brefs détails, soupira l'Ancien.

- Je suggère une fouille systématique de toute la bâtisse. Après un meurtre d'une telle violence, l'assassin a sûrement été recouvert de sang. Ce qui laisse penser qu'il aurait dissimulé ses vêtements souillés ainsi que l'arme du crime. Par ailleurs, et nous pouvons remercier notre système de couvre-feu très strict, personne ne devrait avoir pu quitter ces lieux depuis la veille. J'ai déjà pris l'initiative d'isoler le bâtiment. 

- Eh bien... Que ferai-je sans vous ? Faites donc. Qui effectuera la fouille ? Il vous faut des hommes de confiance.

- Ne vous inquiétez pas, j'ai déjà donné des ordres. La fouille se déroule en ce moment même.

...Non !

- Alors, vous me demandiez la permission uniquement pour la forme ? s'outra légèrement sire Milos.

- J'avais à cœur de vous épargner ce souci supplémentaire, sire, déclara le barbon en s'inclinant.

Il faisait froid. Mais cela n'empêchait pas une goutte de sueur de glisser dans le cou de Serena et d'arpenter son dos. Son forfait allait certainement être découvert. Qu'allait-il se passer ? L'inquiétude froissait ses traits. Solen finit par remarquer la gêne de la jeune fille. Terrifié, il redouta le pire. Mais il chassa avec violence ses suppositions. Rien sinon le stress tendant la jeune fille ne les corroborait.

Plusieurs heures passèrent, flottant par-dessus un silence pesant. De temps à autre, sire Milos s'en allait regarder à travers l'ajour comme il en avait pris habitude, mais revenait presque aussi vite s'asseoir sur son siège. L'attente l'agaçait. Serena, le teint livide, l'air fatiguée, avait la tête qui tournait. Elle crut s'évanouir quand deux coups secs résonnèrent contre la porte et que quatre soldats en franchirent le seuil. L'un d'eux tenait entre ses mains un linge taché de sang, dans lequel était disposé un couteau à manche en bois ensanglanté. Un autre, les cernes autour des yeux, la peau pâle et la barbe en broussaille, marmonnait d'incompréhensibles paroles. Contrairement à ses pairs, son équipement lui avait été ôté. Ses mains, attachées dans son dos, tremblaient frénétiquement. D'un geste coordonné, les deux soldats qui le tenaient par le bras le forcèrent à s'agenouiller, tête baissée.

- Sire... commença l'un d'entre eux, hésitant. Nous avons retrouvé le coupable.

- Kevin ? Kevin Hassam ? balbutia le conseiller d'un air abasourdi en se précipitant vers eux. Mais cela ne se peut ! Comment est-ce arrivé ?

- Il n'a rien dit de censé depuis que nous l'avons trouvé, enfermé dans ses quartiers. Nous avons eu beau l'interroger, mais il continue de marmonner des mots à peine audibles, comme s'il se parlait à lui-même.

- Tout ceci est incompréhensible... Maria nous avait pourtant assuré qu'il se portait mieux ! déclara l'ancien déconcerté.

- Que voulez-vous signifier ? demanda Fate intrigué.

Après un court moment d'hésitation, l'ancien se mit à leur raconter une histoire vieille de deux années. Kevin Hassam faisait partie d'une escouade envoyée en mission d'approvisionnement en direction de l'Est, vers le val d'Estrym, réputé boisé et riche en ressources. Mais ce dernier en était revenu seul, la folie dans les yeux. Les soigneurs du camp avaient été incapables de diagnostiquer le mal qui l'habitait. Des fois, de nuit, il était pris d'accès de violence incontrôlés. Il avait été alors isolé, et Maria lui avait administré un traitement à base de potions et d'herbes. Son état s'améliora grandement bien qu'il semblait avoir perdu toute réminiscence liée à ce jour fatidique. Il fut ainsi autorisé à rejoindre la garde, jusqu'à ce que survienne le drame de la nuit précédente.

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