2 - Amère

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La pluie tombait drue. Elle mouillait les seuls vêtements d' Alésia, une chemise trop grande et ce qui restait d' une vieille jupe froissée et délavée de Miss Cole.

Son dos était couvert de tâches couleur du ciel, et, en colère ce jour là, Madame Cole l' avait affublée d' un œil au beurre noir. Ses mains étaient rêches et ensanglantées, résultat de durs labeurs qu'on lui infligeait. Il y a trois mois, elle avait eu une côte cassée, et la semaine passée, une cheville foulée. Alésia ne criait plus lors des horreurs dont elle était victime. Elle subissait. C' est tout. Aucune larme ne venait gâcher le tableau d' indifférence. Elle ne pleurait plus depuis ses six mois. Des fois, les raisons de son calvaire étaient futiles, la veille, c' était parce qu'elle avait laissée une rose flétrir. Où encore, lorsqu'elle avait une meilleure note qu'Adam. Mais cette raison n'était plus valable.

Auparavant, Alésia excellait en tout. Mais plus ses maîtresses la complimentait, plus les coups étaient forts. Elle s' était donc tue. Elle restait au fond de la classe. Elle ne répondait plus aux questions les plus faciles des professeurs. La haine qui l' habitait était immense. Elle était aigrie.

C' est donc sous cette averse qu'elle franchit le portail de l' école. La jeune fille était en CM2. Ses cheveux noir de jais étaient trempés, et de l'eau ruisselait sur son dos frêle. Sa peau diaphane paraissait encore plus translucide. Des cernes violettes plus sombres que des hématomes trahissait sa fatigue. Alésia savait que sa fin était proche. Elle ne tenait plus. Elle succombait.
Debout au milieu de la salle, une flaque se formait autour de ses pieds. Elle tremblait. De froid. De rage. C' est à ce moment là qu'elle prit la décision qu'elle allait se venger. Au fond, elle le savait sûrement depuis toujours. Elle releva les yeux, et sortit de la classe.


Alésia était seule à la maison. Elle s' occupait de nettoyer le carrelage.Sa famille adoptive s' était rendue à un dîner important pour Monsieur Cole. Elle était seule, et elle s' évertuait à faire disparaître toutes traces de boue ou tâches graisseuses que laissaient les amis d' Adam. La maison devait être immaculée à leur retour. Sinon, elle savait se qui l' attendait. Toujours à genou, elle s' épongea le front, et soupira. Elle tombait de fatigue. Alésia reprit sa tâche en grommelant.
Le carrelage étant enfin blanc au bout de vingt minutes d' efforts acharnés, elle se releva et se dirigea vers la cuisine. Elle s' apprêtait à ranger la brosse quand elle entendit sonner.

Alésia fit volte face en fronçant les sourcils. Qui pouvait-ce être ? Sûrement pas les Cole, ils rentreraient vers minuit. Peut-être la voisine. Elle haussa les épaules, et se dirigea vers la porte. Elle ôta le verrou, et tira la poignée. Sur le seuil se tenait un grand homme blond, vêtu d' une robe noire des plus étranges. Ses yeux était bleus clairs, et un petit bouc faisait son apparition. Il la toisa, puis lui sourit.
- Bonsoir, Alésia. Puis-je entrer ?
- Qui êtes vous, dit-elle d' une voix tremblante.
- Quel idiot je fais ! J' ai oublié de me présenter. Je me nomme Gellert. Gellert Grindelwald.

LA NUIT JE MENS - Sans IdylleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant