Chapitre 64 - Notre mal être mais ensemble

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Stella

J'étais optimiste vraiment.., je pensais que ça irait lorsque je suis sortie de la maternité. Je pensais tellement que seul le bonheur et la chance de me retrouver chez moi saine et sauve, entouré de ma famille, mes amis, me suffirait pour surmonter tout ça...mais non. Cela fait plus d'un mois que je fais des cauchemars quasiment toutes les nuits et pourtant ce n'est pas le temps que je dors...mais dès que je ferme les yeux, je vois le visage de Karl Heinrich et je ressens presque ses coups. Je pleure en silence, j'essaie de ne pas inquiéter Chris, mais il le sait très bien, il n'est pas dupe et connait l'état dans lequel je suis. Pourtant durant la journée je vais bien. Nous sommes tous réunis, mon mari n'a pas encore décidé de reprendre le boulot, il souhaite rester au maximum avec moi et les enfants et s'assurer que je vais bien. Mais lorsqu'arrive le soir et le moment de se coucher, une étrange sensation de peur et dépression prend possession de moi. Je suis épuisée car le peu que j'arrive à dormir la nuit, je suis hantée et mon sommeil est agité donc loin d'être reposant. Ellie nous réveille aussi très souvent comme tout nourrisson la nuit et Chris, même s'il tient à s'en charger dans le but que je me repose, je ne peux de mon côté ignorer ma fille et alors je me lève aussi. De toute façon, je préfère m'occuper d'elle que de cauchemarder seule dans mon lit.

Je suis très chagriné également car j'ai raté mon allaitement avec elle. Je ne sais pas si c'est à cause de tout ça, mais je suis réellement déçue. J'étais très motivé de le faire durant toute la grossesse et je voulais réussir. Je n'ai jamais vraiment tenu longtemps pour mes autres enfants dans l'allaitement, je ne trouvais pas de rythme ou de patience mais pour Ellie...j'ai pris le temps de m'informer et de trouver l'envie de le faire. Surtout tout en sachant qu'il s'agissait de notre dernier bébé. Mais non, depuis le début je suis bouffé par Karl, même s'il est mort et enterré, je ne suis pas en mesure d'allaiter Ellie et j'ai même manqué de lait subitement et très vite d'ailleurs dès la première semaine à la maison. Cela m'a foutu un sacré coup en plus, je n'ai rien dis mais je pense que Chris a su le lire sur mon visage lorsque nous avons dû chercher en urgence une boîte de lait artificiel. En même temps j'aurais pu et aurais dû prévoir le coup et avoir une boîte au cas où, mais j'étais tellement confiante sur cet allaitement que l'idée ne m'est pas venue. Au moins nous avons un rythme plus fluide, des biberons et je n'ai pas cette pression de savoir si ma fille mange assez et bois bien. Je suppose que je n'avais pas besoin de ça en plus et c'est la seule chose positif qui découle de cet échec.

Je suis restée une semaine entière à l'hôpital, John était dingue et a souhaité me garder le plus possible pour s'assurer que nous allions bien avec le bébé. Etrangement et malgré les évènements récents dans mon esprits, j'ai passé une excellente semaine à la maternité, entouré et aidé. J'ai retrouvé tout le monde, Lauren, les enfants, ma belle-mère et même Rosie, je n'ai pas été seule un seul instant dans cette chambre. Mais cela m'allait très bien et je ne faisais pas de cauchemars. Alors pourquoi une fois rentré chez moi, je me retrouve si mal ? Je crains même le jour ou Chris va retourner au travail car je ne veux vraiment pas rester seule dans ma maison, même si je ne le suis pas vraiment avec tous mes enfants et Rosie, toujours présente. Mon mari a adopté une attitude très douce, attentionné, comme avant après tout, mais il n'est pas pareil. Il est encore plus parfait et je peux lire moi aussi sur son visage, toute la peine et le regret qu'il a pour moi. Nous n'avons pas encore rediscuté de tout ça et en avons-nous envie de toute façon ? Je suppose que Chris ne souhaite pas m'en parler de lui-même de peur de me voir à nouveau pleurer ou de comprendre vraiment ma détresse. Je ne sais pourtant pas quoi faire pour que j'aille mieux...est-ce le temps comme toujours qui va m'aider à panser mes blessures intérieures ?

Je me réveil encore et toujours dans un sursaut à plus de trois heures du matin. Ma gorge se serre et je retiens mes larmes avant qu'elles ne viennent trouver mes joues. Je respire difficilement et je tente de retrouver une respiration régulière. Chris est endormi à mes côtés et je suis soulagé que mes sursauts et cauchemars ne le réveillent pas. Je viens de dormir une heure et bien qu'Ellie se soit rendormie profondément sans trop de difficultés après son biberon et que toute la maison est plongée dans le silence et le noir, je ne peux décidément pas me rendormir moi, trop perturbé par le rêve immonde que je viens de faire. Je me lève alors et me rend au salon ou je vais sans doute passer le rester de la nuit une fois de plus. Ce n'est pas rare que mon mari me retrouve endormi sur le canapé au petit matin et qu'il me demande comment je suis arrivée là. Alors je lui sers l'excuse que je me suis occupée de notre bébé et qu'après avoir bu un thé je me suis laissé tomber dans le canapé sans penser à rejoindre notre lit.

*Il a suffi d'un regard - Tome 2*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant