Chapitre~15~

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Pdv reader
Sentant les larmes me monter aux yeux, je portais mes jambes à mon cou et sorti de la chambre que je refusais de quitter il y'a de cela quelques secondes.

Je descendis vers le bureau du docteur Jeager et toquai trois coups secs à la porte. Malheureusement pour moi, une infirmière m'annonça qu'il n'était pas rentré depuis la veille de l'accident.

Je m'assis sur un banc près d'une femme au ventre rond qui pleurait à chaudes larmes. Malgré ma détresse, je ne pus m'empêcher de me sentir mal pour elle tellement elle semblait perdue, au fond du gouffre.

-"Madame? Je... Vous voulez un verre d'eau?"

Elle leva ses yeux embués de larmes vers moi et secoua la tête de droite à gauche. C'était une femme magnifique et qui semblait être dans la quarantaine. Sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit , l'image de ma mère s'imposa dans mon esprit à ce moment et je ne pus m'empêcher de me demander à quoi elle ressemblerait si elle avait le même âge que la maman assise à mes côtès.

Mais je me souvins très vite que je ne pourrais jamais la voir à nouveau et mon coeur se serra encore plus.

-"n-non, merci..."

-"et... Qu'avez-vous?"me risquais-je à demander, "vous savez, on dit que se confier à un inconnu fait beaucoup de bien..."

Je n'étais pas décidée à repartir à la rencontre des deux hommes de sitôt, alors autant que je serve à quelque chose.

-"je suis militaire... Mais comme vous pouvez le voir, je suis enceinte et donc on ne m'a attribué aucune mission depuis le début de ma grossesse, donc je m'étais assez relâchée. J'étais au centre commercial au moment de l'attaque avec mon mari qui est lui aussi un soldat. Je l'ai vu se faire prendre une balle sans rien pouvoir faire après qu'il se soit assurer que je m'échappe sans problèmes... À quoi ça sert de savoir se battre et manier les armes si je ne peux pas protéger ceux qui me sont chers?"

-"Il est...?"

-"entre la vie et la mort, dans la chambre 202. Je n'arrives même pas à le voir sans culpabiliser. S'il mourrait... S'il mourrait je-"

-"ce n'est pas de votre faute madame, vous n'avez pas à vous blâmer. Pensez pour l'instant à votre enfant et priez pour lui. J'espère de tout coeur qu'il survivera et je viendrais vous rendre un petit tour plus tard pour prendre de ses nouvelles. En attendant, vous devriez aller le voir. Ça vous soulagera peut-être plus que mes mots ne l'ont fait si vous ressentez sa présence, même s'il est inconscient, à vos côtès."

-"c'est gentil à vous..."

Je savais pourtant que mes mots n'étaient rien en comparaison avec sa détresse, mais c'était tout ce qui était en mon pouvoir en ce moment.

En voyant ce que cette femme vivait actuellement, je ne pus m'empêcher de me sentir compatissante envers elle. La culpabilité est l'un des pires sentiments et je ne le sais que trop bien.

Je la saluai et fit un petit tour avant de remonter en haut. Ma réaction était peut-être assez incompréhensible et exagérée, mais cette part de moi me répugnait. Ce moment de faiblesse où les gens te jugent sans même connaître ton histoire a trés certainement été l'un des pires instants de ma vie. Je n'avais pas envie que les gens le sachent, qu'ils creusent dans mon passé pour en connaître les raisons et qu'ils déterrent mes anciens démons.

Poussant la porte avec mon pied et entrant comme si de rien n'était, je repris ma place sur le canapé et le vieux se leva pour quitter la pièce, en profitant pour me décoiffer légèrement.

-"t'inquiètes, Levi n'est pas ce genre de personnes que tu as rencontré avant. Il te comprendra lui."murmura t-il à mon oreille.

J'haussais les épaules et le regardais franchir la porte avec tant d'attention que je sentis Levi me dévisager derrière mon dos.

Ok. En fait j'essaie juste d'éviter tout contact visuel avec lui.

-"ce que tu as dit tout à l'heure..."

Pitié non...

-"je ne connais pas ton histoire et je ne comprends pas vraiment pourquoi tu as réagit de la sorte, mais t'as pas à en avoir honte. C'est normal et personne n'a le droit de te juger."

-"le vieux t'en as parlé?"demandais-je, choquée par son raisonnement.

-"non, mais je sais me servir un peu de mon cerveau moi."

Je souriai inperceptiblement et partit m'asseoir entre les deux lits en branchant mes écouteurs. J'attrapais la petite main de Furlan dans la mienne et la serrai doucement. Levi tenait celle d'Isabel, assis au bord du lit, et semblait espérer aussi impatiemment que moi qu'ils se réveillent.

-"Levi?"

Il grogna pour seule réponse.

-"je peux te poser une question assez personnelle?"

-"non."

-"je le fais quand même. Pourquoi as-tu quitté les enfants avant mon arrivée?"

-"tch..."

-"trés constructive comme réponse."

-"ils étaient en danger avec moi, c'est tout ce que t'as à savoir."

Un silence de plomb s'installa et ne fut coupé que par mon petit cri de joie quelques minutes plus tard quand je sentis Furlan resserrer sa pression sur mes doigts.

-"il a bougé! Il a bougé Levi!"

-"j'appelle le docteur."

Il s'élança rapidement tandis que je guettais n'importe quel mouvement de sa part. Le médecin arriva et à mon plus grand bonheur, Isabel ouvrit à son tour les yeux.

Entre choc, surprise et joie, je ne pus m'empêcher de prendre Levi dans mes bras en souriant de toutes mes dents, les larmes menaçant de dévaler mon visage.

Légèrement décontenancé, il ne tarda pas à me rendre mon étreinte en souriant doucement. En le sentant s'accrocher à mon pull tel un enfant qui s'accroche à sa mère, je compris que malgré son air constamment indifférent, il était tout aussi inquiet que moi pour eux.

On se détachai enfin et je soutenais son regard d'acier aux reflets bleutés, mon sourire enfantin ne quittant pas mon visage.

~Caporal Neko

 I can see your face {levixreader}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant