Chapitre 30

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Une semaine plus tard

Rien, il ne s'est rien passé depuis une semaine ! Ce n'est définitivement pas normal. Je n'ai pas croisé Flavio et Giovanni se contente de me surveiller du coin de l'œil sans rien me demander. Marco et Esteban constituent ma garde rapprochée et ne me quittent pas d'une semelle. J'ai toujours l'un ou l'autre derrière moi. Ils tentent d'être discrets mais je sens bien qu'au moindre écart ils me tomberont dessus.

Je me tiens tranquille en aidant Maria dans la cuisine ou en m'occupant d'Enzo. Mes déplacements se limitent entre ma chambre, celle d'Enzo, la cuisine et la bibliothèque. L'extérieur m'est formellement interdit et tous les hommes veillent au grain. Le message est bien passé, ils n'ont le droit de me toucher que si je tente de sortir.

Les seuls qui peuvent m'approcher à moins d'un mètre sont Marco et Esteban. Pas que je m'en plaigne mais toute cette mise en scène cache quelque chose. Il ne peut pas simplement me garder dans sa maison en me faisant surveiller. Il doit bien attendre quelque chose de moi.

Je suis tranquillement en train de mélanger la pâte à gaufre quand deux mains viennent brutalement m'encadrer et qu'un torse brulant se colle à moi. Je sursaute avant de reconnaitre le parfum mentholé de Giovanni mêlé à une légère odeur de transpiration. Il embrasse doucement mon cou en mordillant par-ci par-là. Je n'émets aucune protestation parce que je n'ai aucune idée de ce qu'il me veut.

- Tu sais que je tiens toujours mes promesses, n'est-il pas ?

J'acquiesce légèrement, tout en n'ayant aucune idée de la promesse qu'il a pu me faire. Qu'est-ce qu'il a encore été inventé cette fois ci ?

- Bien, alors je te retrouve ce soir à 22h dans le hall.

Il me lâche et se retourne pour partir sans explication. Je n'ai aucun souvenir d'une promesse. Je me torture l'esprit pour essayer de mettre le doigt sur ce que j'ai pu louper. Je suis forcément passée à côté de quelque chose...

Mais rien, il ne m'a rien promis, rien fait promettre non plus. Je touille mécaniquement la pâte en réfléchissant. Pourquoi aurait-il eu besoin d'autant de temps pour pouvoir tenir cette promesse ? Qu'a-t-il bien pu préparer ?

Maria finit par me retirer le saladier sans même que je m'en rende compte. Elle semble se demander ce qui peut me mettre dans un tel état.

Et puis pourquoi me faire venir aussi tard ? Cette promesse ne peut-elle être tenue que la nuit ? Tant de questions sans réponses. Peut-être qu'il l'a fait exprès pour que je me torture l'esprit toute la journée. Oui, il en serait bien capable.

Je dois maintenant tuer le temps jusqu'à l'heure de nos « retrouvailles ». Maria refuse de me laisser l'accès au gaufrier de peur que je ne me brûle par inadvertance. Je grignote quelques petites gaufres mais Giovanni m'a coupé l'appétit. Cet homme a décidément un don pour m'empêcher de manger quand je veux !

Je tourne en rond tout le reste de la journée. Je passe dans la bibliothèque mais aucun livre ne m'attire. J'en commence un au pif mais je reste bloquée et je relis plusieurs fois les mêmes lignes. Je finis par abandonner cette idée et retourner voir Maria.

Après avoir fait plusieurs parties de la maison, je dois me rendre à l'évidence, elle est introuvable. Peut-être qu'elle est déjà rentrée chez elle.

Je ne peux même pas passer du temps avec Enzo puisqu'il est avec son père. Flavio n'a toujours pas fait sa réapparition alors je peux me balader sans craindre de le croiser. Mais faire des tours de la maison finis aussi par m'agacer. Il est à peine 17h et j'ai toujours l'estomac noué d'appréhension.

Peut-être que cette histoire à un lien avec l'absence de Flavio ? Rah ! Je n'ai aucune idée de ce qu'ils préparent et ça commence sérieusement à me donner mal à la tête à force de réfléchir.

Je préfère regagner ma chambre, errer sans but dans la maison ne m'est vraiment pas utile. Il me reste quelques heures à tuer, je vais tenter un petit somme.

Rien à faire...

Impossible de dormir ! Je suis trop angoissée et je ne cesse de me retourner dans le lit.

Un bain devrait réussir à me détendre. Un peu. Je profite de ma salle de bain personnelle pour me faire couler un bain, pas trop chaud vu la température extérieure. Giovanni a eu la bonté de m'accorder quelques sels de bain. J'en verse une petite quantité dans l'eau et aussitôt une douce odeur fruitée envahit l'air.

Je me déshabille avant d'entrer dans l'eau. Je m'allonge dans la baignoire et je souffle un bon coup avant de fermer les yeux. Ce serait tellement facile d'en finir maintenant. Ça m'étonne qu'ils n'y aient pas pensé en m'accordant une salle de bain avec baignoire.

Mais non, je ne le ferais pas, la partie n'est pas finie et je n'ai pas l'intention de perdre ! Cette pensée m'aide à reprendre des forces pour m'aider à affronter ce qui m'attend ce soir.

***

21h30, je me prépare à affronter mon destin ! Je ne sais pas où nous allons alors j'opte pour un jeans et un tee-shirt avec des baskets. Pas de maquillage, je n'ai pas envie de leur faire ce plaisir. Et j'attache mes cheveux en un chignon simple.

De toute façon si ma tenue ne convient pas à « monsieur », il m'enverra me changer. Mais comme il n'a pas précisé de tenue c'est que celle-ci devrait convenir.

Je prends mon temps pour descendre l'escalier mais bien trop tôt je me retrouve à attendre dans le hall. Droite comme un piquet, je patiente, surveillée par un Marco silencieux.

Les chaussures de Giovanni claquent sur le sol, je me retourne pour lui faire face sans pour autant croiser son regard. Sa main se place dans mon dos pour me guider vers la sortie.

Dehors, plusieurs voitures sont garées, Giovanni me fait monter dans l'une d'elles. Avant que la voiture ne démarre, Il place un bandeau sur mes yeux. Je me retrouve plongée dans le noir et le silence. Le convoi prend la route, je n'ai plus que quelques minutes à attendre avant de comprendre.

Je trouve le temps particulièrement long ainsi privée de mes sens. La voiture ralentie avant de s'arrêter complètement.

- Bien, je sais que tu ne vas pas réussir à te tenir tranquille, alors je vais t'aider un peu.

Il couvre ma bouche avec un bâillon, un simple bout de tissus tenu par du scotch. Puis il prend mes mains pour les attacher dans mon dos.

Il m'aide à sortir de la voiture et m'entraine à sa suite dans le désert. Le vent souffle légèrement sur mon visage, le silence est brisé par les bruits de pas.

Peu de temps après, nous arrivons sur une surface plus dure et je ne sens plus le vent. Nous avons donc dû rentrer dans un bâtiment.

Giovanni finit enfin par s'arrêter, il se place derrière moi, son bras entoure ma taille et il retire le bandeau.

- Surprise ! Il me murmure à l'oreille.

Giovanni accompagne ma chute au sol, comme si il l'avait prévue. Je me retrouve à genoux, pleurant à chaudes larmes. Je crie et me débat dans les bras de Giovanni qui m'empêche de me relever.

Je comprends tout. Je comprends pourquoi Flavio a disparu tout ce temps. Je comprends pourquoi il fallait que ce soit le soir. Je comprends pourquoi il m'a attaché et bâillonnée. Je comprends ce que nous faisons dans cet entrepôt. Je sais quelle promesse il va tenir ce soir.

Il m'avait prévenue quand il m'a retrouvé. Il m'en a fait la promesse peu de temps après. Je savais qu'il n'allait pas en rester là. Toute faute est sévèrement punie, je l'ai appris à mes dépends.

Et ce soir, la faute sera payée d'une vie. 

Le Prix de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant