Le Prix de la Liberté

Chapitre 58

Des heures plus tard me voilà arrivée en Europe. Je suis entrée au Luxembourg sous ma vraie identité pour en ressortir sous l'identité d'Awena. Les deux hommes m'ont demandé de me changer et de ne garder que le strict nécessaire pour ce dernier voyage. Le sac doit rester dans cet aéroport avec Kelia. Awena commence une nouvelle vie sans rien, quelques photos tout au plus.

Mes nouveaux papiers en main, je passe la douane, dernier avion avant l'Irlande. Demain matin je serais définitivement dans mon nouveau chez-moi. Les deux agents m'escortent sans un mot. Ils échangent quelques fois entre eux mais ils n'essaient pas d'entretenir une conversation avec moi. J'ai encore besoin de temps pour digérer ce qui m'arrive.

Maintenant que je suis loin de mon cocon de sécurité, je me pose des dizaines de questions. L'avenir me parait plus flou que jamais. Tous les projets que j'avais pu élaborer se brouillent et s'entremêlent. Je ne sais plus ce que je dois faire.

Tout me paraissait si simple. J'avais la protection de Maître Delgado et de la police. Je n'avais plus besoin d'aller en cours, de réfléchir à mon avenir ou même prendre des décisions. D'autres personnes contrôlaient ma vie. Mes choix ne m'appartenaient plus.

Et maintenant ? Maintenant je dois choisir. Choisir ce que je ferais dans les jours, les mois à venir. Nous ne sommes qu'en Mars, la rentrée de Septembre me parait si loin. Je dois décider de ce que je ferais à ce moment-là. Prendre mes propres décisions, reprendre ma vie en main.

Mais je ne suis pas certaine d'être prête pour ça. Que se passera-t-il si je fais le mauvais choix ? Je n'ai plus personne à qui me raccrocher. Personne ne pourra prendre la décision à ma place.

Seule...

Je suis définitivement seule...

La pensée s'insinue en boucle dans mon esprit. Prenant le contrôle de mes pensées. Je suis de nouveau seule. Comme quand mes parents sont morts. Mais même à ce moment-là je pouvais compter sur le soutien de mes amis.

Je ne me suis jamais sentie aussi seule de toute ma vie. Seule, sans aucun repère. Perdue sur un autre continent.

Les larmes coulent sur mes joues. Entourée des deux agents qui semblent comprendre ce qui est en train de se passer. Et les autres passagers qui me regardent sans comprendre pourquoi je pleure. Comment pourraient-ils se douter des pensées qui m'animent ? Personne ne le pourrait. Si quelqu'un m'avait raconté une histoire comme ça il y a quelques années je lui aurais probablement ris au nez.

Qui serait assez cruel pour enlever une jeune fille avec pour objectif de la torturer afin de se venger de son père mort ? Qui pourrait imaginer ça ? Personne de sain d'esprit.

Les agents ne savent pas comment réagir. Ils doivent être assez intelligents pour savoir que rien ne pourrait apaiser mes pensées ou mes craintes. L'agent Devon semble hésiter à me prendre la main, mais il y renonce, se disant surement que je prendrais ça pour une agression.

Que j'aimerai avoir quelqu'un à qui serrer la main pour me rassurer. Mais c'est impossible maintenant. Je vais devoir me faire de nouveaux amis. En serai-je seulement capable ? Nul ne le sait encore.

Du revers de la main, j'essuie mes larmes alors que l'avion amorce sa descente vers mon nouveau pays.

Et me voilà arrivée en Irlande, ma nouvelle terre d'accueil. L'avion atterri à Dublin, c'est à peine le soir. Nous allons nous arrêter dans un hôtel avant de prendre la route pour rejoindre Belfast, notre destination finale.

***

Onze heure, nous avons pris la route un peu plus tôt dans la matinée pour rejoindre la petite maison que je devrais appeler « chez moi ». Je regarde, pensive, défiler les paysages à travers la vitre. Le temps reflétant mon humeur, maussade.

Trop vite, la voiture s'arrête devant une petite maison en pierre et un toit d'ardoises. Elle aurait pu me paraître charmante si je ne savais pas que j'allais devoir habiter là. Les agents me laissent passer en première la petite porte de bois bleue.

L'intérieur est épuré, simple, sans vie, mais moderne. Cela contraste terriblement avec l'extérieur. Une lourde table en verre et fer forgé avec des chaises assorties occupe le centre de ce qui semble être la salle à manger. Sur la droite, une arcade mène dans la cuisine. A gauche une porte conduit à ce qui sera ma chambre.

Ma chambre, je pourrais la décorer comme je veux. Pour l'instant elle est presque vide avec un lit et une armoire pour seuls meubles. Nous irons sans doute faire des courses pour remplir un peu cette maison. Ce sera la première décision que j'aurais à prendre. La décoration de ma nouvelle maison.

J'entends au loin les agents qui s'assurent que tout fonctionne dans la maison. Je ne doute pas que des systèmes de sécurité ont étés mis en place. Mais ce n'est pas ma préoccupation principale. Ma sécurité c'est leur problème, pas le mien.

Je m'assois sur le lit pour imaginer la décoration. Il me faudra un bureau, pour travailler les cours. Un chevet avec une lampe et un réveil. Il me faudra aussi un nouvel ordinateur et un portable. Des nouveaux vêtements. Tout, je dois tout racheter.

Pour ce midi, ce sera pizza. Les deux hommes n'ont pas l'air d'être de grands cuisiniers. Puis nous irons faire quelques courses pour acheter le minimum pour ce soir. Ensuite on avisera au fur et à mesure.

Pour les premières nuits, si j'ai tout compris, ils resteront dormir ici. Ensuite, il semble qu'une maison pas loin appartienne aux Marshals, alors ils y habiteront le temps d'être certains que tout ira bien pour moi. Et ils finiront par partir, eux aussi. Ils garderont un œil sur moi, mais de loin.

Il va falloir que je prenne mes marques dans cette nouvelle vie, cela risque de prendre du temps. 

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Hey !

Eh bien, il y avait longtemps que je n'avais pas publié ! J'ai presque fini mon stage et les partiels arrivent aussi, alors je ne sais pas quand sera le prochain chapitre. Je fais au plus vite ! Promis :) 

A bientôt dans les commentaires ;)