Le lendemain, un peu avant 15h, je suis devant l'adresse que m'a indiqué le responsable du club. Et ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Me voilà face à un grand portail en fer forgé datant du siècle dernier. Dans la voiture derrière moi les policiers se questionnent.
- Tu es sûre que c'est ici ? Il n'y a rien à des kilomètres à la ronde !
Je sais, nous sommes au milieu de nulle part, le lieu est très discret. Personne ne se douterait de ce qu'il se passe à l'intérieur. Mais il n'y a pas d'erreur possible, nous sommes au bon endroit. J'acquiesce en direction des policiers et je leur demande de me laisser entrer seule, sous condition de leur donner des nouvelles et d'être de retour avant 20h.
C'est donc seule que je passe le grand portail après m'être annoncée à l'interphone. Au fil du chemin, la bâtisse se dévoile peu à peu. Cachée dans la végétation, il s'agit d'un ancien manoir qui semble avoir été récemment rénové. Je n'ai pas le temps de détailler la façade qu'un homme apparait sur le seuil et descend les quelques marches qui nous séparent.
- Awena O'Sullivan je suppose ? Enchanté, je suis Declan Murray, Maître Suprême en cette demeure.
Mon mouvement de recul à son approche ne lui a pas échappé, il s'est arrêté net mais ne semble nullement étonné de ma réaction.
- Je crois savoir pourquoi tu es venue, mais si je me trompe tu es libre de partir à tout moment. Dans tous les cas, nous serons plus à l'aise pour en discuter à l'intérieur. Il n'y a que nous deux. Personne d'autre. J'imagine que c'est ce que tu voulais ?
- Comment puis-je être certaine que je peux vous faire confiance ?
- Eh bien, il me semble que tu n'as pas eu mon adresse par hasard ? Je me trompe ? Si Delgado me croit digne de confiance, ce devrait être ton cas ?
Et sans ajouter un mot de plus, il se retourne et remonte les marches, s'attendant probablement à ce que je le suive. Il me laisse le choix, il ne tente pas de m'influencer. C'est à moi de prendre cette décision.
Et ce n'est pas sans stress que j'entreprends de le suivre à travers le manoir. Le décor à l'intérieur a gardé son charme d'antan avec quelques touches de modernisme. Les murs en pierre sont froids mais une certaine chaleur provient des éléments de décor en bois ou couleur bordeaux. Le style est simple mais efficace. La grande pièce de l'entrée est sobre mais j'imagine que ce n'est pas le cas de toutes les pièces.
Declan Murray ouvre soudain une porte à sa droite pour me laisser entrer. Aucun doute, il s'agit de son bureau. Un petit coin salon autours d'une table basse d'un côté, une bibliothèque de l'autre. Et au fond de la pièce le bureau, large, imposant, entièrement fait de bois.
Assis face à face, je prends le temps de le détailler il est assez grand pour me dépasser d'une bonne tête, brun avec une touche de gel pour faire tenir des cheveux que j'imagine bouclés et rebelles. Une barbe de quelques jours et des yeux d'un brun profond. Il doit avoir presqu'une quarantaine d'années. Il aurait pu être mon type si j'avais quelques années de plus. Mais pour l'instant il est tout ce qu'il me faut. Je me décide à rompre le silence en première.
- Qu'est-ce qu'il vous a dit à propos de moi ?
Sa main vient caresser son menton, il semble pensif. Il me regarde et ne répond pas tout de suite.
- Pas grand-chose à vrai dire... Il m'a dit que tu avais un potentiel impressionnant pour la soumission mais qu'il ne fallait pas que je m'attende à obtenir ta confiance rapidement. Je ne peux que le constater par moi-même. Tu n'as pas quitté cette position défensive depuis que tu es arrivée.
Je me rends compte qu'effectivement je suis crispée, légèrement tournée vers la porte comme si je pouvais prendre la fuite à n'importe quel moment. Alors que pour l'instant il ne m'a pas montré le moindre signe d'agressivité. Il semble au contraire étrangement serein devant cette situation. Comme si il ne s'agissait que d'une énigme qu'il pouvait résoudre.
- Il m'a aussi dit que tu avais vécu des choses que je ne pouvais pas imaginer et que tu en gardais certainement les séquelles, mais c'est à toi de décider si tu veux m'en parler. De plus, il semble que tu puisses avoir des réactions aussi violentes qu'inattendues. Toutefois, il en faut du courage pour venir jusqu'ici. Mais es-tu prête à me céder le contrôle comme tu l'as fait avec lui ? Es-tu prête à me faire confiance Awena ?
- La confiance commence par l'honnêteté, alors je vais l'être. Je n'en sais rien. Je ne sais pas si je suis capable de faire confiance à qui que ce soit. Mais rien n'empêche d'essayer. Tant que vous me promettez de respecter mon rythme et que vous veillez sur moi. Vous devez avoir beaucoup de questions j'imagine. Vous pouvez les poser. Mais je ne peux pas vous garantir que j'y répondrais. Du moins pas tout de suite.
Et comme les paroles valent moins que les actes. Malgré mon corps qui me crie de partir tant qu'il est encore temps. Malgré mon esprit qui me bride et m'assomme d'images que je voudrais oublier. Je le regarde dans les yeux. Lentement, je me lève pour aller m'agenouiller face à lui comme je l'ai appris. Et je baisse les yeux devant mon nouveau maître.
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Le Prix de la Liberté
Ficção GeralTome 2 (Lire le Tome 1 avant !) Ils l'ont sous-estimée, elle a réussi l'impossible. Kelia a retrouvé sa liberté, mais cela en valait-il la peine ? La liberté a toujours un prix. Est-ce que le prix à payer ne sera pas trop lourd ? Pour jouer, il fau...