Chapitre 41

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Le kiné est passé, je n'aurais pas trop de mal à remarcher. Les trois semaines dans le coma ont permis à mes blessures de guérir tranquillement sans être sollicitées. Il faudra du temps pour me remuscler, ce sera douloureux et fatiguant au début mais avec des soins adaptés, je remarcherais très vite.

Cette visite m'a remis du baume au cœur, mais ce que j'aimerais par-dessus tout, c'est que les policiers laissent Stacy et Bryan venir me voir. Ils n'ont toujours pas le droit de m'approcher. Les deux armoires à glace veillent au grain à cette règle.

D'ailleurs, les agents ne devraient pas tarder, le psy les a informés qu'ils pouvaient reprendre. Avec lui bien entendu.

Ils arrivent, avec leurs tenues réglementaires, costume ou tailleur sombre. Ils imposent le silence partout où ils passent. Ils pénètrent dans la chambre et chacun s'installe à la même place que la dernière fois. Le psy fait tâche dans le décor, habillé d'un jean avec un simple tee-shirt.

Je suppose qu'ils attendent des explications suite à ma dernière phrase de la dernière fois. Nous reprenons donc là où nous nous sommes arrêtés.

- Il m'a fait de plus en plus confiance au fil des jours. Il m'a amené à plusieurs de ses rendez-vous. C'est comme ça que j'ai pu avoir accès à toutes ces informations. Je trouvais les erreurs, les incohérences entre autre choses.

Certainement sous les conseils du psy, tous restent silencieux et me laissent poursuivre mon histoire à mon rythme.

- Il m'emmenait aussi à ses... interrogatoires. Dans le vieux hangar. Je les ai vus... torturer... des hommes, de toutes les façons possibles et imaginables. Je n'avais pas le droit de détourner les yeux. Ils s'arrêtaient à chaque fois que je fermais les yeux ou que je détournais le regard.

Je marque une pause, touchée par les visions des corps sanglants qui s'imposent à moi. Je garderais ces images en tête toute ma vie.

- Un jour, il a senti que je lui échappais, il m'a mise face à un homme, attaché sur une chaise. Il avait déjà été torturé. Giovanni m'a mis une arme en mains. Il m'a placé face à l'homme et m'a ordonné de le tuer.

Je revis mentalement la scène au fur et à mesure de mes explications. Le silence est total, tous attendent la suite.

- Il s'est reculé pour se mettre derrière moi, et il m'a visé avec son arme. J'ai levé le bras mais j'étais incapable de tirer. Une détonation à retenti derrière moi. L'un de ses hommes l'avais tué. Sans réfléchir, je me suis retournée vers Giovanni et j'ai tiré. C'était trop pour moi. Mais les balles étaient à blanc.

Je commence à replonger dans le passé en repensant à la punition qui s'en est suivi. Le psy me fait revenir à la réalité. Finalement, il n'est peut-être pas si inutile.

- Il m'a arraché l'arme avec violence avant de me pousser à terre. La punition qui s'en est suivi a été... brutale... C'est le lendemain qu'il m'a montré la vidéo. Elle avait été filmée de telle façon que n'importe qui croirait que je l'avais tué. Si je tentais quoi que ce soit contre lui, il diffuserait cette vidéo et je perdrais toute crédibilité.

Bien, ils semblent comprendre mon dilemme. Je ne pouvais pas parler.

- Pourquoi n'avoir rien dit aux agents de New York, Laura t'aurait soutenue et les agents aussi.

- Il y a des choses que vous ne pouvez pas comprendre. Ils m'avaient retrouvé. Laura n'aurait pas dû parler, elle m'a mise dans une situation compliquée. Si je parlais, Stacy et Bryan mourraient, les proches de Laura aussi. Mais surtout, il avait placé des hommes, dans plusieurs états et endroits stratégiques. Ils n'attendaient que son ordre pour tirer sur la foule.

- Central Park ? Ne peut s'empêcher de demander l'agent Korks. J'acquiesce.

- Un avertissement, pour me montrer qu'il était capable de tuer des centaines d'innocents si je parlais. Une preuve qu'il ne bluffait pas.

- Qu'est-ce que tu as fait, avant qu'ils ne te retrouvent ? Qu'as-tu fais pendant près d'un an Kelia ?

- Ça reste assez flou à partir de là. Avec Alex, nous avons mis notre plan au point. Je lui ai donné toutes les informations que j'avais, les lieux dont je me souvenais, les noms des membres de l'organisation avec leur description, les clients, les contrats, les livraisons. Tout ce que je savais sur eux. Nous avons décidé d'un commun accord de vous mettre sur l'affaire si vous étiez dignes de confiance.

Je marque une pause, à partir de là nous avons violé quelques lois...

- Alex a recueilli toutes les informations qu'il pouvait sur vous, il vous a espionné pendant des mois. Il s'est assuré que vous n'étiez pas corrompus. Il ne fallait pas que les informations fuitent, ça aurait signé mon arrêt de mort.

- Pourquoi ne pas nous avoir contactés tout de suite ?

- Parce que si il y avait eu une fuite, ils auraient su que cela venait de moi. Il fallait que je reparte avec eux avant que l'enquête ne commence. Toutes les semaines, j'envoyais un message codé à Alex, si il n'avait pas de nouvelle pendant deux semaines, il devait lancer l'opération.

- Donc, tu sais comment communiquer avec lui ?

Je ne réponds pas, la réponse est évidente. Ils n'obtiendront aucune information sur lui. Je ne lâcherai pas le morceau. C'est grâce à lui que je suis encore en vie.

- D'accord, tu ne veux pas en parler, je peux comprendre. Mais toi, qu'à tu fais ? Tu nous as parlé de ce qu'avais fait Alex, mais tu n'as pas répondu à la question.

- Vous avez un papier et un crayon ?

Silence... Quoi, je demande pas la lune ! L'agent Malone finit par me tendre ce que je demande suspicieux. J'écris la suite de chiffre en silence avant de leur rendre. Il le lit avant de demander.

- A qui est ce numéro de téléphone Kelia ? Je lui offre un sourire contrit.

- Je ne sais plus... Mais je crois que vous devriez appeler... Cela vous apportera sans doute des réponses, puisque je ne peux pas appeler moi-même.

Un hochement de tête me répond et le psy met fin à l'entretien pour aujourd'hui. Selon lui, il ne faut pas trop brusquer ma mémoire. 

Le Prix de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant