Maladroitement adulte

Chapitre I

- Mlle Vanaux Emilie c'est ça ?

- Oui c'est moi.

Comme si je ne m'étais pas présentée quelques minutes plus tôt, la secrétaire me demande mon nom,  un léger regard de travers dissimulé derrière ses lunettes.

- Votre rendez-vous est à 9h30, vous pouvez attendre derrière cette porte, nous viendrons vous chercher.

Je lui fais signe de la tête et me dirige vers la porte qu'elle m'indique du bout de ses ongles parfaitement manucurés. 
C'est incroyable, chaque mur et chaque porte ici sont faits de verre, tel un château de conte de fée.
Après m'être installée sur un siège, je sors mon téléphone de ma poche.
9h15. Dans 15 minutes mon avenir se joue, pas de quoi paniquer hein ?
Je réajuste le tailleur bleu marine acheté pour l'occasion. Mon curriculum vitae est prêt, et j'ai répété toutes les questions possibles pour cet entretien au moins 2 fois chacune. Tout ira bien.

- Mlle Vanaux ? M. Delatour est arrivé, il demande à vous recevoir plus tôt.

- Ok.. hum merci j'arrive.

Je me lève et suis la secrétaire jusqu'à un bureau dont la porte est ouverte.

- Monsieur, voici votre rendez-vous de 9h30.

La femme me fait entrer et referme la porte immédiatement.
La pièce est spacieuse et lumineuse, le genre de bureau que l'on voit dans les films, avec des parois en verre et une vue imprenable sur le reste de la ville. Au centre de la pièce se trouve un bureau, où s'entassent quelques piles de dossiers, sans pour autant avoir l'air en désordre. Un homme se tient derrière le bureau, il est en train de taper sur son clavier d'ordinateur, l'air concentré. Cet homme, c'est celui que j'ai vu quelques fois dans des magazines, qui faisaient l'éloge de l'empire qu'il a bâtit et de sa richesse immense pour un homme de 34 ans.

En entendant la porte se refermer, son crâne dégarnit se lève et se tourne vers moi.

Wow, il devait avoir de sacrés maquilleurs pour les articles de magazines.

Je ne dirais pas qu'il est laid, mais il n'est pas beau pour autant, surtout si on le compare à ces fameux articles. Ses yeux verts perçants se marient bien avec le mat de sa peau, et on peut voir sur sa mâchoire plutôt bien dessinée le début d'une barbe. Mais, même assis, on distingue une petite bedaine qui pointe le bout de son nez, sur un corps plutôt moyen de taille.

- Bonjour, Mlle Binaux c'est bien ça ? Dit-il en se levant.

Il me tend la main et je m'approche pour la serrer.

- Bonjour, Vanaux, Emilie Vanaux, M.Delatour.

Il fait les gros yeux sans s'en rendre compte pour exprimer sa surprise et je retiens un rire.

- Excusez-moi, je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit.

Il m'invite à m'installer sur le siège face à son bureau.

- Eh bien, je ne retrouve pas votre CV et la lettre de recommandation, les auriez-vous sur vous ?

Sentant le stress monter, je lui tends les papiers. Arrête de trembler et donne lui ces feuilles ! Il les parcours rapidement du regard.

- Je me souviens maintenant de la raison pour laquelle votre candidature m'intéresse.   Malgré vos 22 ans, vous semblez compétente et avoir l'expérience requise pour le poste. C'est un collègue qui m'a parlé de vous, et je dois dire que vous avez le profil parfait pour devenir rédactrice chez Today.

Après une série de questions qui m'ont parues interminables, le PDG me tend un contrat.

- Today est en passe de devenir le leader en terme de presse magazine sur toute la France, mais pas seulement. Today n'attend plus que vous, signez ce contrat et vous pourrez commencer dès lundi à 8h.

- Je.. Merci beaucoup M.Delatour, je ne vous décevrai pas.

Après s'être serré la main, il me raccompagne vers la porte.

- Votre collègue M. Artet vous expliquera le fonctionnement de la boîte, puisque votre référent, celui qui dirige vos travaux est absent pour le moment.
Bonne journée Mlle Vanaux.

Je le salue et sors du bureau.
Dès qu'il referme la porte, je fais le geste de la victoire avec mes bras et lâche discrètement un "Yes !" à voix basse.
La secrétaire me jette un regard étrange, comme... si je lisais de la pitié sur son visage. Je me retourne. Eh merde... J'avais oublié que c'est seulement une vitre qui sépare le bureau du reste de l'étage...