Maladroitement adulte

Chapitre IV

- Heyy Emilie !

Une voix suave et enjouée me fait sursauter. Je me retourne pour voir qui peut bien m'interpeller et découvre Baptiste, un café à la main, son téléphone dans l'autre, et un air beaucoup trop joyeux pour un lundi matin.
Je me tourne vers la secrétaire du hall d'accueil du bâtiment. Elle est toujours en train d'essayer de faire fonctionner mon badge d'accès. Pour faire bonne impression, j'avais fait en sorte d'arriver 20 minutes en avance. Et voilà bientôt 15 minutes que Marla, une gentille femme très certainement bientôt à la retraite, tente de me donner accès aux étages et au bâtiment.

Baptiste arrive derrière moi et pose une main sur mon épaule.

- Des petits soucis de badge ? Ça arrive souvent avec le nouveau système ne t'inquiète pas. Si tu veux tu peux utiliser le mien en attendant que cela soit réglé, tu n'auras qu'à le prendre quand tu descends pour manger ou que tu veux accéder à une pièce du bâtiment. Et pour le matin, tu n'auras qu'à demander à Marla de t'ouvrir, n'est-ce pas ? Demanda-t-il à Marla.
Avec des yeux pétillants en direction de Baptiste, la femme acquiesce.

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L'ascenseur s'ouvre sur une dizaine de personnes qui en sortent d'un coup. Pourquoi des gens quittent les bureau à 8h ? Ah oui ! Ça doit être des journalistes qui partent sur le terrain à la recherche d'informations croustillantes.
Les portes se referment et la cabine monte avec des soubresauts. Ce serait bien ma chance de me retrouver coincée là-dedans.

- Emilie ? Ça va ?
Les bleus et très sexys yeux de Baptiste me scrutent, l'air intrigués.

- Oh oui ! C'est juste que je stress un peu pour ma première journée.

La porte de l'ascenseur s'ouvre et Baptiste passe un bras autour de mes épaules en ébouriffant mes cheveux.

- Ça va bien se passer, tu me connais déjà et tu as déjà vu les locaux. Allez viens.

Arrivée à mon bureau, je sors les quelques affaires que j'ai amenées et les fourre dans mon tiroir : Une petite trousse avec le nécessaire dedans, dont ma nouvelle agrafeuse flambant neuve achetée exprès pour ici (Je sais c'est ridicule), des post-its, un agenda et mon téléphone. Sur le bureau, je pose une photo de mon frère et moi, prise pendant ce merveilleux jour où en voulant l'aider à sauver son chat dans l'arbre je me suis cassée la jambe. Évidemment, quand on a la peur du vide, monter dans un érable n'est pas la meilleure des idées. Mais il fallait bien sauver Biscuit, et Hugo n'y arrivait pas tout seul. Avec nos 2 ans d'écart, nous avons toujours été proches. Pas Biscuit et moi, mais avec mon frère. Il est un peu comme mon meilleur ami, même si j'évite de trop lui parler de mes histoires de cœur. Assez parlé! Au travail!

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Jusqu'à midi, Baptiste et moi travaillons sur un dossier plutôt intéressant. Si c'est comme ça tous les jours, ça va être passionnant. Cependant, il va falloir tenir le rythme, et le meilleur allié pour cela sera donc le café.

- Eh tu manges où Em ?

- Hum, je ne sais pas à vrai dire..

- Viens avec nous ! Avec quelques collègues le lundi on mange au bistrot à quelques rues d'ici, c'est un peu le QG des gens qui bossent ici.

- Alors c'est parti, je vous suis.

Le "Petit Teddy" est un endroit plutôt joli, qui ne correspond pas du tout à son nom. L' endroit est cosy, ressemblerait presque à un de ces bars que l'on voit dans les films, chic mais accueillant. Seul le gérant correspond bien au nom : il s agit d un petit homme trappu, la barbe grisonnante, un air assez suspicieux et un accent particulier.

- Alors, que penses-tu de ta première matinée parmi nous ? Me lance Lisa, une jeune femme qui travaille comme secrétaire pour la société.

- Ce n'est qu'une matinée, mais j'ai l'impression que je vais bien me plaire ici. Pour l'instant, j'ai travaillé sur des projets très intéressants, et rencontré des gens super sympas !

- Tu dis ça pour nous flatter ! Ricane Paul, du marketing.

- C'est vrai que je n'allais pas dire que j'ai envie de partir en courant devant vous, mais je le pense vraiment, vous m'avez accueillis à bras ouverts.

Baptiste souri en coin et capte mon regard. Malgré ses petites cernes sous les yeux, on peut vraiment dire que c'est un bel homme. Ses traits sont fins et marqués, son visage est soulignés par un nez parfait et de petites fossettes quand il souri. Ses lèvres rosées s'accordent avec son joli teint bronzé dû au soleil, et ses longs cils ouvrent son regard perçant.

Teddy nous apporte l'addition et nous retournons au travail.

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A 18h, alors que je termine un dossier avant de rentrer, Baptiste reçoit un appel.

- Si tu espérais te sauver rapidement ce soir, comme tous les autres qui sont déjà partis d'ailleurs, tu vas devoir attendre.

Face à mon regard interrogatoire,  il poursuit

- Nathan arrive, il est revenu cet après-midi et il veut rencontrer la nouvelle. Mais ne t'inquiète pas il va juste passer quelques minutes, et ça sera fini tu pourras rentrer.

- Qui est Nathan ?

- Notre boss, enfin celui qui supervise l'équipe, et quelques autres du service. C'est Big Boss.

- Ah ! Je vois mieux maintenant, pas de soucis haha  je n'ai personne qui m'attend.

Quelques minutes plus tard, j'entends la porte d'ascenseur faire sont fameux "Ding"

Ça doit être ce fameux boss. D'après ce que j'ai entendu il a l'air d'être plutôt strict, j'appréhende quelque peu. Je commence à enregistrer mes documents avant de fermer l'ordinateur et avant qu'il arrive. Concentrée sur mon écran, j'entends Baptiste le saluer et aller à sa rencontre.

- Émilie, je file, je dois y aller j'ai une urgence, mais je te laisse faire connaissance avec le boss. Me lance-t-il avant d'enfiler sa veste et de filer à l'autre bout de l'open space pour saluer Nathan. Salut Nathan ! Alors bien ce voyage à New York ?

- Hey ! Eh bien écoute, le travail était très prenant, je n'ai pas eu le temps de faire de tourisme.

Je les entends continuer de discuter au fond vers l'ascenseur et entends Baptiste parler de moi, puis s'en aller. Allez satané document, tu vas t'enregistrer ! J'ai même pas encore pu me tourner et saluer mon boss, vite !

- Alors, c'est vous la nouvelle ? Vous vous cachez ou bien..

Cette voix me semble familière.... Enfin ! Le document s'est enregistré. Je me retourne et m'apprête à saluer mon nouveau boss. Lorsque je m'approche, j'ai l'impression d'être tombée dans une mauvaise comédie romantique. Mon cœur saute un battement. Suis-je en train de faire une crise cardiaque ? Évidemment que non, débile.

Le fameux Big Boss marque lui aussi un temps d'arrêt et semble faire la même fausse crise cardiaque que moi.

- Émilie.... balbutie-t-il, l'air choqué.

- Nathan.... Euh.... Salut haha.

Évidemment !! Ce nom, enfin ce prénom, cette voix. Je les connais. Bon. Comment on s'échappe d'un nouveau bureau dont la seule porte d'ascenseur se trouve derrière la personne que tu dois éviter, tu sautes par la fenêtre ?