16: Énné

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Sans m'en rendre compte, n'y sans vraiment en prendre la décision, je lui met mon poing dans la figure.
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Elle titube puis tombe à terre en se tenant l'œil gauche. Toutes les personnes présentes sur le pont se rassemblent autour de nous.

_Qu'est ce qui se passe ?!
_T'es malade ou quoi ?!
_Énné ça va ?
_Éloigner les l'une de l'autre !
_Je crois qu'elle est blessée !
_Qui a fais ça ?!
_Tu as mal ?
_Qu'est qui t'a pris ?!

Malgré toute cette agitation, je reste muette, me contentant de regarder Énné avec le regard le plus cruel et sans coeur dont je suis capable. Je vois dans son regard de l'incompréhension et... de la peur. Elle est effrayée ? Tant mieux!

_C'est quoi ça ?
Je tourne la tête et voie la capitaine du bateau, furieuse avec les poings sur les hanches et un visage crispé. J'ai l'impression de revoir ma mère lorsqu'elle me grondait parce que j'avais fais une bêtise. Je me reconcentre sur Énné, comme indifférente a son autorité. Ce qui ne lui plait pas vraiment.
_Nora qu'est ce qui se passe ?
Cette fois si ça question était calme, posée et autoritaire.
_Il se passe que cette personne, dis je en lui désignant Énné du menton, a volée mes souvenirs pour son profit.

L'attroupement qui c'était formé est parcouru d'un murmure. Énné semble tout d'abord très étonnée, puis elle semble avoir un déclique. Elle baisse la tête, de honte peut être?

_Explique nous ! Crie une voix dans l'assemblée
Je pousse un soupir d'énervement. Je décide de faire la version courte et de ne pas m'étendre sur mes sentiments.

_J'avais un frère qui a attraper le virus coupe temps. Énné avait un remède contre le virus dont elle n'avais pas l'utilité, et plutôt que de me le donner, elle m'a fais oublier que c'était mon frère pour les 6 années suivantes.

Un nouveau murmure traverse l'atrouppement mais cette fois je sais que toute les personnes seront de mon côté. Les matelots commencent à crier et réclamer une punition pour cette fille qui détient la solution à la maladie mais qui a préférée tout garder pour elle.
La capitaine s'avance au milieu du cercle.
_Silence !!!
Tout le monde se tait.
_Vous deux dans mon bureau, dit elle en nous désignant moi et Énné.

Cette dernière se lève, toujours une main sur son oeil, docile. Moi je ne bouge pas. Tout le monde me regarde.
_Y'a plus rien à regarder ! Dis-je avant d'emboiter le pas au capitaine.

En descendant les escaliers vers les appartements du capitaine, je croise plusieurs enfants qui en remonte. Interloquée je continue mon chemin.
En arrivant dans la pièce je découvre, non pas un bureau mais plein de couvertures à même le sol.

_C'est ici que les enfants dorment, me dis le capitaine. La cale ne leur est pas adapté.
Je me met a compter les lits improvisés. Il y en sept. Sept enfants qui ont réussi à s'enfuirent.
Je remarque Énné assise dans un fauteuil, qui s'applique un objet froid sur l'oeil. De son autre oeil coule quelques larmes mais je ne crois pas un seul instant à sa culpabilité.

_Bon vous deux on va mettre les choses au clair. Si on veux survivre il y a des règles. Donc si vous voulez vous battre pour régler vos différents c'est pas mon problèmes, ok ? Donc la bagarre c'est sur terre et pas sur le bateau, compris ?

Énné hoche faiblement la tête accompagnée d'un reniflement. Moi je me contente de croiser les bras et de prendre une pose désinvolte pour montrer mon attention.

_Ensuite je tient à vous prévenir que si jamais j'en revois l'une lever la main sur l'autre, je vous met toute les deux dans une barque à la dérive, peu importe la responsable.

Énné semble apeurer par cette menace.
"Fallait pas t'engager chez les yeux du peuple si t'es aussi faible" ai je cruellement pensée.
Après un silence elle reprend.

_Vous avez 10min pour vous expliquer et ensuite je ne veux plus vous voir créer de scandale comme ça.

Sur ces mots elle quitte la pièce d'un pas sûr. Le silence s'installe entre moi et Énné. Je m'appuie contre le mur les bras toujours croisés.

_J'imagine que tu veux des explications.
_Tu crois ? Répondis-je sur un ton sarcastisque.
Elle se lève brusquement de son fauteuil et viens se plantée devant moi.
_Tu as le droit d'être en colère mais pas de me prendre de haut. J'avais mes raisons de ne pas te donner mon remède.
_Et ça ne t'es pas venu à l'idée de m'indiquer comment en fabriqué un ?! De m'expliquer pourquoi tu le voulais pour toi ?! Il y avait mille autres solution avant celle que tu as choisis !
_Je ne l'ai pas fais que pour moi! On était amies et j'ai pris une décision pour nous deux! Tu peux compren...
_Si on était vraiment amies on se serais mise d'accords sur une solution! Et une autre que d'effacer de ma mémoire la moitié de la vie !

On se regarde yeux dans les yeux.
Elle finis par soupirer, puis reprend
_Tu as raison aujourd'hui il n'y a plus de raison pour que je te cache la vérité.

Elle s'approche de moi avec la même altitude que lorsqu'elle m'a voler mes souvenirs.
_Je vais te rendre la mémoire.
Elle plaque ses mains sur les deux côtés de mon crânes.

Un douleur me traverse

Je hurle

Tout me reviens

J'ai mal

Terre, Mer et Maladie [EN PAUSE LES CHOUPIS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant