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Les fesses du Raeken vinrent se poser à côté de celles d'Élizabeth. C'était chose rare de les voir tout les deux seuls, ils étaient toujours accompagnés d'autres personnes -au grand damne du concerné.

-Tout va bien ? demanda-t-il, hésitant.

Il ne savait pas comment enclencher la conversation avec elle. La brune était tellement enigmatique à ses yeux. Cette dernière se contenta d'hocher la tête, arrachant des touffes d'herbes. Théo retint toutes réfléxions et se contenta de la fixer. Après un long moment de silence, il ouvrit la bouche.

-Je ne savais pas que tu étais française.

Elle ne releva même pas la tête et se contenta de baragouiner quelques mots.

-J'ai des origines.

À la vue d'une personne normale, Élizabeth était en colère. Étonnament en colère. Mais aux yeux de Théo, elle puait l'anxiété.

-Et...commença-t-il doucement avant de se faire couper.

-Qu'est ce que tu veux Théo ? Qu'est ce que tu me veux ?! elle avait redressé la tête brusquement, ses yeux lançaient des éclairs.

Le garçon eut un temps de choque. Il n'avait jamais vue la jeune femme parler à quelqu'un sur ce ton. Mais ce que les autres avaient tendance à oublier, c'était qu'Élizabeth était humaine. Elle avait des émotions comme les autres et des moments de panique tout comme des moments de colère. Mais la brune s'était toujours débrouillée pour passer ces moments là seule, à l'abris des regards. Il fallait que Théo vienne la déranger là, maintenant ! Quel garçon agaçant ! Ce dernier la fixa sans aucunes expressions. Il eut l'impression de revoir celle avec qui il s'était battu plus jeune, l'insupportable Élizabeth Marks. Hautaine et si noble ! Arrogante et désagreable. Théo eut un fin sourire, peut-être que finalement ils s'étaient tous plantés. Cette fille si caractérielle n'avait pas le moins du monde disparue. En fait, elle avait toujours était là.

-Je n'ai pas le droit de m'intéresser à toi ?

Sa question prit de court la jeune femme qui retint sa respiration. Les yeux dans les yeux, aucuns des deux ne détourna le regard.

-Non, Théo...elle eut une voix suppliante. Tu n'as pas le droit. Tu ne connais rien de moi !

Théo avait passé plus de cinq mois parmis eux. Mais il se rendit compte qu'elle avait raison. En fait, il n'y avait rien d'étonnant à cela. Le garçon ne s'intéressait à rien d'autre qu'à soit même. Mais aujourd'hui, là tout de suite, il avait envie de savoir. De tout apprendre et de tout retenir.

-En fait si...il eut un grand sourire. Tu détestes les brocolis et tu adores les cordon bleu. Ta couleur favorite est le rouge bordeaux, tu ne supportes pas le rose bonbon.

Il énuméra tout un tas de petites choses qu'il avait remarqué. La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux pour éviter de montrer à quel point elle était touchée par les attentions du garçon. La vérité c'est qu'elle stressait énormément ces derniers temps. Et elle ne sut pas vraiment pour quelle raison mais la simple présence de Théo la détendait. Elle détestait cette sensation de dépendre de quelqu'un. Elle avait dépendu de tellement de gens dans sa vie qu'à présent cela la rebutait. D'autant plus que rien ne se terminera bien pour elle.

-D'accord, d'accord ! J'ai compris !

Elle rit de bon coeur tandis que le sourire du garçon s'agrandissait.

-Alors, qu'est ce que tu veux savoir ?

Toutes les questions du monde traversèrent l'esprit du jeune homme. Mais il ne parvint à en articuler qu'une seule.

-Comment tu vas ?

Maxence ricana en entendant le haut parleur de l'école. La sous directrice, au bout du combiné, appelait Dylan Johnson à rejoindre le bureau du proviseur. On entendait des hurlements de colères venant de ce dernier derrière la voix de femme. Le blond ne savait pas ce qu'avait fais son ami mais c'était sûrement quelque chose de gros.

-J'ai vraiment rien fais cette fois ! s'égosilla le brun en se dirigeant vers le bureau.

Tout le monde connaissait la musique. Dylan n'avait jamais rien fais mais en vérité, il était responsable de tout les problèmes de ce lycée. Il dirigeait littéralement les 'rebelles' du lycée et organisait tout les coups foireux. Ilona aimait bien prendre part à ça mais elle ne se faisait jamais attrapé. De plus, s'il y avait bien un point positif chez Dylan c'était sa loyauté. Il ne balançait jamais ses acolytes.

Maxence songea à toutes les conquêtes du brun, il soupira. Il ne comprenait vraiment pas les filles à courir après un garçon plutôt malhonnête dans l'âme. Passant une main dans ses cheveux blonds vénitiens, il s'approcha d'Ashley qui se moquait déjà du brun.

-Tu ne crois pas que t'es un peu dure avec lui ? remarqua Maxence, franc et honnête.

La blonde le fusilla du regard comme s'il avait dis une énormité.

-Tu plaisantes ?! Ce gars mérite mille fois pire que ce que je fais ! elle grogna. Je comprends même pas comment il peut encore faire partit de ce bahut ! elle reprit une voix forte. Et j'comprends pas non plus comment un gars aussi honnête que toi peut le supporter.

Maxence souffla, amusé. Honnête ? Lui ? Elle ne le connaissait décidément pas.

-C'est un garçon amusant.

C'était peut-être pour cette raison que les filles s'intéressaient à Dylan finalement. Le fait d'être divertit était parfois une nécessité.

-Amusant, mon cul ouais... grogna Ashley.

Au fond d'elle, la blonde ressentait toujours quelque chose pour Dylan. Bien entendu. Mais jamais elle ne l'avouerait, bien trop fière. La fierté, un mot que Maxence ne comprenait pas. Tout le monde semblait plus ou moins en avoir. Mais ce mot n'avait aucun de sens. Répondre des insultes par fierté, frapper par fierté...rien de tout ça n'était logique. Maxence n'avait aucune fierté. Si quelqu'un lui demandait cinquante euros en échange d'une information qu'il souhaite, il accepterait sans problème. Se rouler dans la boue n'était pas un problème pour lui, du moment qu'il a ce qu'il veut. Certains diraient qu'il n'a aucune fierté ni dignité quand d'autres diront que c'est un renard plus intelligents que la moyenne. Parce qu'au final, le gagnant c'est lui.

Théo s'avança vers le petit groupe, le sourire aux lèvres. Il semblait particulièrement heureux. Maxence avait tenté d'apprécier le châtain mais c'était peine perdue. En fait, il le haïssait. Il ne le trouvait pas juste étrange, il le trouvait louche. Et pas qu'un peu.

Incarnée [Théo Raeken]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant