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C'était la dernière semaine de cours. Élizabeth sentait ses forces revenir. Elle sentait qu'elle allait mieux. Les yeux pétillants, le sourire aux lèvres, Théo le remarqua aussi.

-T'as l'air de bonne humeur !
-J'ai pas le droit de l'être ? plaisanta-t-elle gentiment tandis que le garçon se moquait d'elle.

Et oui, tout semblait aller merveilleusement bien. Merveilleusement mieux. Si on oubliait tout le reste.

Dylan semblait entrer dans une dépression incurrable. Ses contacts avec d'autres gens s'étant réduits. Il ne parlait plus qu'à Élizabeth mais s'était surtout rapproché d'Ilona. Elle était étonamment à l'écoute. Il disait aussi quelques mots de politesse à Théo mais se sentait étrangement mal à l'aise avec lui. Quand à Maxence, il ne l'avait plus revu et il ne savait pas si c'était une bonne idée de le revoir.

Ilona s'éloignait tout autant des gens mais pour d'autres raisons. Elle prenait littéralement ses distances avec les gens les plus proches d'elle. Se montrant froide et hostile. Elle avait un mauvais pressentiment sur l'avenir qui se présentait à eux.

Tout le lycée semblait savoir que quelque chose n'allait plus dans cette ville. Une atmosphère lugubre régnait en maître sur tout l'établissement, dans tous les esprits. De plus, les gens pouvaient remarquer que ceux qu'ils considéraient comme des populaires commencaient à s'éparpillés. Ceux qui défendaient auparavant les faibles n'étaient plus là. Les brutes du lycée commençaient à réapparaître. Personne ne les empêcheraient plus de voler les gosses à la cantine ou de tabasser un intello.

Mais qu'est ce qu'on pouvait y faire...? L'humain est un être désagréable. Si personne ne le contrôle il devient agressif, prend le dessus et décide que c'est à son tour de tout contrôler. Et il est vrai qu'Élizabeth avait cessé de jouer à la justicière.

Malgré sa bonne humeur du jour, elle n'avait plus le temps pour ça. Elle aurait voulu aider mais il arrivait un moment où se préoccuper de soit même était important. Et là, il fallait vraiment qu'elle profite de son état.

C'est ce qu'elle pensait jusqu'au moment où sa tête se mit à tourner.  Elle dévala l'escalier, chaque marches de ce foutu lycée, pour atterrir allongée au sol, immobile. C'était le karma finalement. Théo arriva à vive allure. L'ambulance fut appelée. Les urgences l'emmenèrent rapidement pour emmener la Marks à l'hôpital. Les parents furent contactés. Théo ne comprit pas. Elle avait dis qu'elle se sentait bien. Pourtant la même odeur de mort avait subitement été extérioré par son corps. Cela suffisait. Il fallait qu'il comprenne une bonne fois pour toute.

En arrivant à l'hôpital, Théo le sentit immédiatement. Il était là et ça n'était pas bien pour lui. Effectivement, Maxence sortit de la chambre d'Élizabeth pour se retrouver face à Théo. Ce dernier l'observa de ses yeux bleus. Le blond avait changé, ses cheveux avaient poussé et son corps s'était développé. Ses bras avaient vraiment pris en volume et Théo sentit que c'était pas bon pour lui. Vraiment pas bon.

-Qu'est ce que tu fais là ? demanda, méfiant, le châtain.
-Je suis venue voir Élizabeth. se contenta-t-il de répondre froidement.

Ses petits sourires amusés, ses ricanements et ses blagues, tout avait disparu. Laissant place à cet homme glacial et effrayant. Mais Théo ne fut pas impressionné pour si peu. Il restait le plus fort d'eux deux.

-Et je voulais te voir aussi. ajouta Maxence en fixant le jeune homme.

Ce dernier fut surpris. Lui ? C'était trop humble de sa part.

-Je voulais te dire de rester loin de mes amis. Et particulièrement d'Élizabeth. le blond grinça des dents en prononçant cette dernière phrase.
-Pour un mec qui a disparu trois mois, je trouve que tu te la ramènes un peu trop. Théo lui fit un sourire narquois.

Porter un masque ne servait plus à rien désormais. Il était au courant.

-Écoute ce que je te dis. Reste loin d'elle et alors peut-être que je t'épargnerais.

Théo explosa de rire. Littéralement. Il se tappa la cuisse. C'était la chose la plus drôle qu'on lui avait dites. Reprenant de la contenance, il essuya les larmes au coin de ses yeux sous le regard méchant de Maxence. Finalement il souffla.

-Tu crois vraiment que...soudain le regard amusé de Théo devint glacial...tu me fais peur ?

Violemment, il plaqua le blond contre le mur. Sa gorge sous son bras, Maxence avala difficilement sa salive. Il n'avait encore jamais mis en pratique ses entraînements.

-Tu vois, tu fais vachement ne malin pour quelqu'un qui ne sait rien.
-Je sais ce que tu es...Maxence le fusilma du regard en tentant de respirer tandis que Théo appuya plus fort sur sa gorge. Tu es...un loup-garou...
-C'est exactement ce que je dis, tu ne sais rien. ricana à nouveau Théo en relachant la pression.

Il ouvrit la porte de la chambre avant de la fermer sous le nez de Maxence qui massait douloureusement son cou.

Le blond avait confirmé ses pensées. Théo n'était pas humain. Aucun humain n'avait une force pareille. Mais il n'était pas un loup-garou, alors qu'était-il au juste ?!

-Monstre de merde.

Théo sourit en voyant le visage éveillé de la jeune femme. Cette dernière observait l'extérieur sans prêter attention au garçon. Il lui semblait d'ailleurs qu'elle était ainsi depuis longtemps.

-Je pensais aller mieux. lacha-t-elle d'une voix faible.

Des larmes coulèrent le long de ses joues.

-C'est tellement frustrant !

Théo s'avança pour déposer sa main sur celle de la jeune femme. Ses vaines devinrent instantanément noires. Le garçon s'éloigna, surpris.

-Tu souffres. constata-t-il, les sourcils haussés.

Son odeur n'avait pas changé, elle était exactement la même. Une odeur âcre et désagréable.

-Je vais mourir Théo.

Théo n'eut aucunes réactions. Ça n'était pas la première fois que la jeune femme disait cela. Mais son odeur parlait pour elle.

-Tu es malade.

Les beaux yeux d'Éliza se tournèrent enfin vers le Raeken. Elle n'étais pas surpris qu'il sache. Elle était juste surpris qu'il ne s'en rende compte que maintenant. Alors elle hocha la tête, calmement. Elle eut une toux effroyable. En relevant la tête, quelques gouttes de sang qu'elle avait craché perlaient dans sa main.

-Je suis atteinte d'un cancer du poumon.

Incarnée [Théo Raeken]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant