Poésie nocturne

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Grand était son cœur, noir était son esprit. Sous la pluie, il chevauchait, en quête d'un but. Dans la nuit, il attendait un signal. Il ne se déplaçait jamais de jour, car le soleil l'éblouissait et le rendait mal à l'aise. Dans ces moments où il se sentait oppressé, il préférait dormir. Mais là, tel une ombre, il galopait à travers les ténébreuses gouttes de pluie, remplies du liquide si précieux à la vie. Et tel un étalon, il gambadait sur les routes boueuses parsemant les plaines nocturnes du continent. Mais il ne trouvait jamais de but. Jamais éclair n'avait transpercé le ciel, jamais lumière n'avait osée se montrer dans la noirceur des forêts, jamais femme ne l'avait invité pour une soirée. Il se sentait seul. Quelques fois cette solitude le rendait mélancolique, quelques fois elle le rendait plus libre que l'air. Si son cœur noir le lui avait permit, il aurait pu aller s'adonner aux plaisirs de la vie durant la journée ; comme quand il était petit et qu'il jouait le rôle d'un autre personnage que lui-même. Mais son cœur fougueux rêvait dès lors de libertés inconnues, que seul lui pourrait comprendre. Une sorte d'égoïsme personnel dont il prenait orgueil à chaque fois qu'il y pensait. Mais cet homme n'était pas non plus des moindre, même s'il n'avait aucune réputation, à part celle d'une ombre nocturne grise, dans les tavernes qu'il rencontrait. D'un si grand esprit naissait une imagination sans pareil. Et elle était très souvent inspirée par les formes sombres qu'il croyait apercevoir dans les broussailles, sur le coté de son chemin sans destination. Souvent, lors de ses arrêts dans les auberges campagnardes, il se laissait enivrer par un besoin de reconnaissance, et contait quelques-uns de ces poèmes qu'il avait à l'esprit. Certaines fois, sur les routes, à cause de certaines ambiances, ces poèmes lui tourmentaient carrément l'esprit. Si bien qu'il devait s'arrêter aux bâtiments les plus proches, jusqu'à ce que le diablotin parte et qu'il puisse réfléchir à nouveau. Ayant déjà eu fait l'expérience par le passé, les murs des villes étaient trop peu amicaux et bien exigeant. Ils n'aimaient pas entendre ce solitaire parler dans un langage maladif – car c'est ainsi qu'ils le nommaient ; un expert auraient trouvé les expressions « bancal » et « à moitié délicieux et à moitié âpre » plus appropriées. C'est en partie à cause de cela qu'il s'en alla pour les campagnes, où les vignes rendaient les interlocuteurs bien plus compréhensifs.

Voici l'histoire brève d'un poète maudit ayant tourné son regard vers la Lune quand il fut en quête d'inspiration.

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