Poèmes

Solitude neigeuse

Venteuse neige, coule à travers mes veines, remplis mon âme de froid et ma tristesse de larmes. La lame perlante de mon front se rigidifie à ton toucher. J'en perds le peu de chaleur qui me restait. Si j'avais pu le sauver, si j'avais pu traverser cette immense barrière mouvante, je serais à ses côtés pour affronter l'adversité. Mais, ma terre m'appelant, j'ai dû quitter le navire trop tôt. Ce rocher devant moi, si loin dans cette étendue blanche, en fait de même, mais je ne pense que plus loin encore, là où il devrait être maintenant.
Ô neige, qu'éprouves-tu en me tâtant ? Ne suis-je qu'une pâle ombre vagabondant sur ton lit, ou suis-je plutôt la tache mouvante qui attire la curiosité ? N'y a-t-il pas plus grande peine que de songer à ce qui n'est pas devant nous, alors qu'on est enracinés ? Toi qui m'écoute, si tes flocons avaient des bouches, j'entendrais mes propres lamentations dans tes réponses. Tu vois cette colline, là, devant mes traces de pas ? C'est presque le but de mon tracé solitaire. Vois-tu cette seule courbe qui transperce ton linceul ? Ne suis-je donc pas égoïste de clamer par ma présence ta douce robe immaculée ? Je t'entends me dire : "Ne geins donc pas ! Tu es un homme heureux !" Détrompe toi, je n'ai jamais cesser d'être malheureux. C'est ironique de savoir que le choix des mots importe beaucoup. Si j'avais su me contrôler, leur expliquer calmement avec les bons mots ... Mais il arrive que l'on se mette en colère, pas vrai ? De goutte d'eau en goutte d'eau, le vase finit par craquer. Je crois que je n'ai jamais cessé d'être en colère, même si c'était toujours à petite dose. Plus maintenant. Tout cela a changé. Regarde moi, je déambule dans le froid à te demander conseil, ne suis-je donc pas fou ? Un fou quelque peu solitaire .... La solitude ... le froid ... la neige ... couler ... la paix ... je suis apaisé .... Je suis apaisé. Et pour ça, je te remercie, neige ... ou plutôt, froid. D'être mon ami ou de l'avoir été pour quelques minutes. Mais je m'en vais maintenant, car il se fait tard. Il faut que je rentre chez moi.