La Camarde

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J'ai rendez vous avec la mort.

J'ai rendu ma veste et mes bottes. J'ai rendu mon souffle et ma peau. J'ai rendu ma jeunesse et mon âme. J'ai rendu beaucoup trop de choses. Je ne l'aime pas, cette mort. Trop sûre d'elle, trop calme, trop silencieuse, trop ... morte. Mais toujours trop là. Omniprésente.

Chasseresse des âmes errantes, faucheuse des masses, le passeur n'est que figure de proue. Un porte parole qui, par ailleurs, n'ouvre pas beaucoup la bouche. Et encore, c'est le néant qui nous attend. Seule vérité, seule façade sans face, seule face sans façade, seule solution, seulement rien. Seul. Le noir de l'oubli sans désastre, le noir du salut dans l'éternelle ombre. Rien de plus profond, si profond, trop profond, pour mettre en lumière ce néant. Allumer la moindre étoile dans un ciel gris terne foncé serait du suicide. Dériver, tomber, enfler, se dilater, se dissoudre dans le vide. L'Oblivion plus impitoyable que l'Enfer. Un gouffre auquel rien n'échappe. Les vies de mort ou les morts de vie, les âmes pures ou les âmes viciées, les âmes noires ou les âmes blanches, victimes ou tueurs. Tous y passent, personne n'en sort.

PoèmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant