Il y eut des cris de peur et d'agonie, plusieurs nuits blanches, et l'attente d'un miracle.
Raven se rongeait les ongles, terrorisée. Quelques jours s'étaient écoulés depuis le début de la panne d'électricité et la jeune femme n'avait pas remis un pied dehors. Elle s'était résolue à entasser les corps de son chat et de sa voisine dans la salle de bains, mais l'odeur de putréfaction devenait insoutenable.
Elle avait aussi longuement observé par la fenêtre, vu une famille se faire démembrer par ceux qui, quelques semaines auparavant, étaient encore des humains. Elle pensait toujours à cette minuscule petite fille dévorée qui s'était relevée quelques minutes plus tard. Elle entendait les zombies se déplacer, grogner, gémir sans jamais se lasser. Raven restait le plus silencieuse possible ayant compris que le moindre bruit les attirait vers son appartement. Elle avait placé ses livres derrière la porte comme maigre barrière, et avait répertorié ses armes : un tire-bouchon, un couteau de cuisine et une brosse pour se frotter le dos dans la douche. Autant dire pas grand-chose.
Ses tentatives pour joindre quelqu'un avec son portable avaient toutes échouées jusqu'à ce que le réseau téléphonique lâche à son tour. Le chauffage était également en panne et Raven était persuadée qu'il faisait bien moins de dix degrés chez elle. Elle ne quittait plus sa montagne de couvertures et restait de longs moments à regarder la rue en contrebas, l'air absent. Une question tournait en boucle dans sa tête : comment allait-elle s'en sortir ?
Plus elle y réfléchissait, et plus il devenait évident qu'il fallait quitter la ville. Les zombies y étaient de plus en plus nombreux. Peut-être pourrait-elle trouver d'autres survivants pour l'aider à comprendre ce qui se passait. Une partie d'elle savait qu'abandonner son appartement était suicidaire, mais rester mourir de faim à côté de Kiwi et madame Wunberg n'était pas une solution plus glorieuse. Raven devait se résoudre à sortir de chez elle, au moins pour trouver des vivres. Il ne lui manquait plus qu'une seule chose : le courage... Et il était pour le moment aux abonnés absents.
Quelques nuages couvraient le ciel, un peu de bruine hivernale tombait doucement et humidifiait les vitres. Raven observa les zombies qui s'agitaient comme une masse de mouches noires en contrebas. Son ventre gargouilla bruyamment et elle mit la main dessus. Elle était affamée. Elle n'avait pas avalé grand-chose depuis plusieurs jours puisque ses réserves étaient déjà désespérément vide lors qu'elle s'était retrouvée piégée chez elle.
Raven soupira. Elle se leva de son canapé, enroula son plaid bleu ciel autour de ses épaules à la manière d'une cape et fouilla dans le fond de ses placards de cuisine. Elle trouva quelques spaghettis poussiéreux, une brique de sauce tomates périmée et une boîte de petits pois carotte. C'était tout ce qui lui restait. Elle prit la conserve de légumes et la posa sur la table : ce serait son repas du jour.
Alors qu'elle se retournait pour chercher l'ouvre-boîte dans un tiroir, elle donna un coup de coude dans son futur dîner qui tomba comme au ralenti dans un fracas qui parut assourdissant dans le silence oppressant des derniers jours. Raven retint son souffle, se morigéna intérieurement de sa stupidité alors que les secondes s'égrenaient lentement sans qu'elle n'ose faire le moindre geste. Un grattement derrière sa porte la fit sursauter :
— Oh non, chuchota-t-elle.
Elle attrapa le couteau sur la table basse et se posta en silence derrière l'entrée. Un simple coup d'œil dans le judas lui permit d'évaluer la situation : plusieurs zombies rôdaient dans le couloir avec un intérêt certain pour son appartement. Raven recula et se crispa alors que les grattements se transformaient en chocs nerveux et répétitifs. Ils redoublèrent rapidement. La jeune femme estima ses chances de survivre à une chute de cinq étages si elle sautait par la fenêtre. Évidemment, elles étaient nulles.
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Dead Ends [TERMINÉ]
Science FictionIls arrivent. Êtes-vous prêts ? Le quotidien - presque - tranquille de Raven vient de s'effondrer. Licenciée de son emploi de serveuse dans un bar du quartier, elle se terre depuis des semaines dans son petit studio miteux d'Atlanta. Pour éviter d...