Dead Ends [TERMINÉ]

Chapitre 20

Raven caressait machinalement Jack, le chien de Morgane et Elly. Elle était installée sur la méridienne qui longeait le bord de la fenêtre et le berger allemand avait décidé de poser sa tête à côté d'elle, comme pour tenter de la consoler. La veille, sa crise de larmes l'avait épuisée, ravivant de fortes douleurs à sa blessure. Elle était restée couchée le reste de la journée. Gale l'avait calmée tant bien que mal, mais ça n'avait pas suffi.

Ce matin, elle avait réintégré le salon. Elle n'avait pas encore croisé Nathan qu'elle avait entendu revenir de son expédition la veille. Il devait déjà être en train de préparer la suite de leur itinéraire jusqu'à Cambridge. Ils reprendraient la route le lendemain et Raven avait pour recommandation de ne pas trop bouger.

Une main se posa sur son épaule et elle leva les yeux. Morgane se tenait à côté d'elle avec une tasse de thé fumante qu'elle lui tendit. Raven la prit et lui fit un signe de tête pour la remercier. Morgane fixa l'extérieur un moment, bercée par le bruit de la pluie. Elle dit calmement :

— Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé dans votre groupe, ni ce qui t'a mise dans cet état hier, mais crois-moi, avec le temps, tout s'arrange. Et Nathan... il était probablement le plus inquiet d'entre eux quand tu étais évanouie. Les mots les plus durs cachent parfois les sentiments les plus forts.

Raven sentit son coeur se serrer. Elle avala une gorgée de thé brûlant et Morgane lui sourit de manière étrangement rassurante. Cette femme dégageait une assurance et une bonté hors du commun. Raven avait rapidement remarqué qu'elle dirigeait la maison tout comme le groupe. C'était à elle que les autres posaient des questions, vers elles qu'ils se tournaient tous, autour d'elle que tout gravitait.

Tout semblait calme ici. Il régnait une harmonie apaisante que Raven redoutait de quitter aussi vite. Luke entra dans la pièce avec son dinosaure en peluche dans les bras. Il fit quelque pas et la regarda un moment avant de lui tendre brutalement son jouet :

— Je te prête Bernard parce que t'es triste. Mais faudra me le rendre.

Raven fixa l'enfant d'un air surpris et prit la peluche. Elle chuchota un « merci » qui fit rougir Luke. Il réajusta ses lunettes et bafouilla :

— De rien madame.

Il courut sans un mot de plus pour retrouver Samuel, son père, qui l'attendait en souriant sur le pas de la porte. Ce dernier fit un petit signe de main à Raven et suivit son fils dans le couloir. Raven avait désormais une peluche et un chien pour la consoler. C'était plus que ce qu'elle aurait pu imaginer s'ils n'avaient pas eu la chance d'être sauvés par Morgane et les siens. Elle réfléchit un instant et se rendit compte que si ça n'avait pas été le cas, elle ne serait peut-être pas en vie tout court. Morgane s'assit sur la méridienne à côté d'elle et Jack remua la queue, heureux de voir sa maîtresse près de lui.

— Cet enfant est vraiment la lumière de notre quotidien, expliqua-t-elle. Jenny, Samuel et Luke se sont installés récemment. Nous nous sommes croisés alors que nous cherchions des vivres et je les ai invités à venir ici. Être dehors avec un petit, c'est bien trop dangereux avec ce qui y rôde.

Raven approuva d'un signe de tête avant de boire une nouvelle gorgée. Le thé lui faisait du bien, même s'il lui était encore impossible de parler autrement qu'en chuchotant.

— Si tu le souhaites, tu pourrais rester aussi, ajouta Morgane. Nous voulons attendre le printemps avant de prendre la route vers le Canada. Il paraît qu'ils ont pu fermer leurs frontières à temps, que l'épidémie ne les a pas atteints, contrairement au Mexique.

Raven fixa Morgane un peu hébétée face à cette proposition. C'était incroyablement généreux, presque tentant, mais elle ne pouvait pas abandonner ceux qui l'avaient sauvé et qui avançaient avec elle depuis le début. Elle murmura :