7 ʀᴇᴀsᴏɴs ᴡʜʏ • [𝙗𝙩𝙨]

2.2

Jin :

Je me souviens de ce jour, le jour de son anniversaire. Le jour où elle s'est endormie à jamais.

On était tous les deux, assis sur un banc, à attendre notre bus après les cours. Il y avait un gros blanc, alors je lui ai demandé si ça allait. Elle m'avait répondu que oui, qu'elle était juste fatiguée et que c'était la cause de ses énormes cernes.

Puis elle s'est mise à rire. Notre bus est arrivé, elle est montée et s'est installée à l'avant. Elle a enfoncé ses écouteurs dans ses oreilles. Je la regardais, je la contemplais. Elle paraissait à la fois si paisible est triste, j'avais eu un pincement, je voulais venir à côté d'elle, lui reposer la question, lui dire que je regrettais, qu'elle pouvait se confier à moi et que je serais toujours la pour elle. C'est ce qu'on aurait tous voulu faire, mais moi je le souhaitais vraiment à ce moment précis.

J'avais commencé à bouger de mon siège, puis j'ai reçu un appel, un appel de Jungkook. Pensant que c'était important, -vu la fréquence presque inexistante à laquelle il m'appelait, j'ai décroché, et on a parlé, mais je continuais de la regarder, elle.

Ensuite elle est descendue à son arrêt sans que je lui ai parlé, moi au mien, celui d'après.

Et ce soir là, elle a avalé une boite entière de somnifères.

Un aller simple pour un repos éternel, vers le ciel.

J'aurais sûrement pu la retenir, la faire changer d'avis, lui donner l'espoir qu'elle avait perdu mais dont elle avait tant besoin. J'aurais pu lui donner une épaule sur laquelle pleurer. J'aurais pu l'écouter, la consoler, la retenir dans ce monde, lui faire redonner goût à la vie, convaincre les autres...

J'aurais pu lui dire : "Écoute moi et regarde moi putain, ce que tu fais c'est devenu comme une drogue et ça te tue autant que ça nous tue, te voir te faire du mal c'est juste insoutenable, alors regarde moi dans les yeux, dis-moi que tu ne vas pas partir, dis-moi que tu vas résister, dis-moi que t'aime la vie et que tu ne l'abandonnera pas, qu'on va se battre, ensemble. Je suis là pour toi, pour l'éternité, redevenons amis comme avant, je t'ai fait du mal certes, je suis un connard, et toi une personne extrêmement forte, courageuse et surtout magnifique, tu vas t'en sortir, et je t'aime."

On aurait tous besoin d'une personne comme ça. Comme la personne que j'aurais pu être pour elle.

J'aurais pu... Tout ça si j'étais allé lui parler. Tout ça si je n'avais pas décroché...

Maintenant je sais pourquoi elle avait ces cernes. Elle ne dormait plus, elle passait ses nuits à pleurer, à se faire du mal d'une façon ou d'une autre, à planifier son suicide, tout ça à cause de nous. À cause moi.

Et je crois que j'ai enfin compris le sens de sa phrase...

Elle était fatiguée.

Fatiguée d'essayer.

Fatiguée de pleurer.

Fatiguée de se mutiler.

Fatiguée de faire semblant.

Fatiguée de faire face.

Fatiguée d'exister.

Fatiguée de respirer.

Fatiguée de vivre...

Jsuis beaucoup trop fière de cette partie :p