Happy Ending Company

Chapitre 13 - Le club des clébards.

Amy tenta de cacher sa déception derrière un maigre sourire. Elle le fit cependant entrer tout en songeant que toute une flopée de gens, qu’elle connaissait à peine, avait eu l’immense bonheur de la contempler en pyjama ces derniers temps. Une habitude qu’elle devrait rapidement perdre si elle souhaitait garder une once de respectabilité et d’honneur. Elle le mena, malgré ces réflexions internes, jusqu’à la cuisine où, du bout des lèvres, elle lui proposa une tasse de café. Elle se sentait gênée par ce silence obstiné qu’il lui imposait. Après tout, pourquoi prendre la peine de revenir aujourd’hui si c’était pour la regarder avec des yeux de cocker et rester aussi muet qu’une carpe.

- Je suis désolé de vous déranger au saut du lit mais je voulais à tout prix dissiper au plus vite ce malaise entre nous, finit par dire Christopher. Hier soir, quand je vous ai surpris avec cet homme, j’ai un peu perdu l’esprit et j’ai réagi comme un idiot. Je suis donc venu m’excuser pour mon comportement inapproprié et inacceptable.

- Vos excuses sont acceptées naturellement, répondit Amy malgré le ton condescendant qu’il avait employé et qui lui donnait envie de le battre. Toute cette histoire n’est qu’un énorme quiproquo. Andrew est passé chez moi après que mon assistant ait annulé notre rendez-vous professionnel. Il était furieux et souhaitait des explications. Seulement il s’est vite rendu compte que j’étais souffrante et n’a pas osé  me laisser seule. Je suppose que garder une malade délirante lui a semblé bien ennuyeux parce qu’il a fini par s’endormir à côté de moi. Dans mon sommeil, j’ai dû rouler de son côté et voilà toute l’affaire !

- Très bien, n’en parlons plus dans ce cas, proposa-t-il encore un peu méfiant. Vous allez mieux aujourd’hui ? Vous avez encore une petite mine. Peut-être qu’il serait plus sage de vous reposer un jour de plus. Je pourrais rester et…

- Non, non ! Ne vous inquiétez pas pour moi. Je veux dire… C’est très gentil bien sûr mais je ne veux pas vous déranger inutilement. Et puis j’ai déjà pris beaucoup de retard dans mon travail, esquiva-t-elle maladroitement.

Ce fut à ce moment précis, alors qu’elle s’enfonçait dans un tourbillon de faux prétextes, que Jeff sortit de sa chambre uniquement vêtu d’une petite serviette de bain blanche enroulée autour de ses hanches. Amy vit alors le visage de Christopher se décomposer et prendre une étrange teinte verdâtre. Elle chercha instinctivement des yeux le grand saladier en plastique jaune dont elle se servait parfois pour les pique-niques au cas où le jeune homme se sentirait mal. Puis finalement elle comprit le problème. Hier il l'avait trouvé dans son lit en compagnie d'un homme et aujourd’hui, il voyait un autre homme quasiment nu sortir de sa chambre. Dieu merci, elle n’avait pas choisi de travailler dans la politique car, question image, ce n’était vraiment pas reluisant en ce qui la concernait. Elle devait paraître à ses yeux telle une femme volage, une trainée, une… Andrew Crawford au féminin ! Jurant devant l’horreur de ce constat, elle tenta désespérément de se justifier une nouvelle fois.

- Ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! S’empressa-t-elle d’affirmer d’une voix anormalement aigue. Ce n’est que Jeff ! Mon assistant homosexuel… Mon meilleur ami totalement gay… Il aime les hommes et jamais nous ne…

- Amy, ma grande, je pense que le Monsieur a compris ! Inutile de lui faire un dessin. Tu es bien surexcitée ce matin, tu es sûre de ne plus faire de fièvre ? Demanda Jeff en approchant sa main vers le front de son amie.

- Tout va parfaitement bien ! Je suis en pleine forme, lui assura-t-elle en reculant un peu.

- Dans ce cas, je file finir de me préparer ! Et tu ferais mieux d’en faire autant si tu ne veux pas nous mettre tous les deux en retard. Ravi de vous avoir revu, lança-t-il nonchalamment à Christopher avant de tourner les talons.