~Flashback~— Que contemples-tu à cette heure de la nuit ? Serais-tu désespérée ?
— Les regrets, la malchance, l'ignorance... Ma mère me manque tellement. Chaque nuit, je viens ici pour lui raconter ma journée, même si je sais qu'elle ne m'entend pas !
— De là où elle est, où que tu sois, elle te voit, car l'amour d'une mère est plus fort que les larmes que tu verses.
— Je ne te reconnais pas. D'où viens-tu ?
— Je suis Modou Baldé, l'héritier du chef. J'étais parti à Louga pour étudier la parole divine. Mais toi, je te reconnais depuis petite.
— Oh, il se fait tard, je dois rentrer avant qu'il ne fasse trop sombre et que ma belle-mère me gronde...
— Oui, ne t'inquiète pas, je comprends. Attends ! Tu as un si joli visage et de beaux yeux. Je ne veux plus te voir pleurer, ok ? Passe une très bonne nuit...
— Diarama.Aminata, Aminata comme Amina ou Ami
J'ai très tôt perdu ma maman, si douce, si belle et charmante. Quand papa me parle d'elle, je suis heureuse jusqu'à en pleurer.
La vie et ses mystères !
J'aurais aimé avoir ma mère à mes côtés comme toute fille de mon âge.
Elle s'appelait Korka, d'une noirceur d'ébène époustouflante, avec de longs cheveux qu'elle tressait en trois chaque semaine. Elle me rappelle ma chère cousine Fanta, qui était comme une sœur, une complice, et surtout ma protectrice. Elle a tout fait pour moi.
Ma belle-mère, Djoba Ba, est mère de trois enfants : deux garçons, Mamoudou et Issakha, et une fille, Coumbetti.
Mon père, Demba Sow, était un commerçant du village qui marchandait pour que nous ayons de quoi manger. Parfois, nous dînions sans avoir de petit déjeuner le lendemain, ou nous déjeunions sans dîner le soir ; ainsi de suite, vice versa.
Moi, je suis claire de peau, je dois avoir à peu près 14 ans, car je ne connais pas la date exacte de ma naissance. Mon père me disait que j'étais allée à l'école quand j'étais plus petite, mais ma belle-mère ne voulait pas que j'y aille, alors je suis devenue déscolarisée. Je m'occupais de la maison et des tâches ménagères pendant que sa fille et ses fils allaient à l'école et elle dormait.
J'ai tout supporté par amour pour mon père. Si je partais, c'était comme si je laissais un vide à la place de ma mère, étant donné que je suis sa seule progéniture. Je me suis effondrée en larmes pour avoir une petite place dans cette maison.
Elle ne me supportait pas.
Je me levais tôt le matin pour aller au marigot puiser de l'eau avant que les élèves ne partent à l'école. Je préparais de la bouillie tous les matins pour mes demi-frères. Après leur départ, je balayais la maison, les chambres, et m'occupais à casser et sécher le bois pour le déjeuner. C'était ma routine quotidienne.
Le soir, je prenais mon bain à 16 heures, puis je préparais le couscous aux arachides, s'il y en avait, et ensuite, je faisais la vaisselle. Elle me demandait de faire du ataya pour elle (thé). Ensuite, je me couchais ou me promenais au bord de la rivière.
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La facilité n'existe pas dans ma vie. J'ai vécu dans la difficulté, et c'est ce train de vie qui a fait de moi la femme que je suis.
Mon bonheur ne dure jamais longtemps !
Aminata et Modou
Droit d'auteurFiction !!