Chap 17

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À deux semaines du mariage de ma sœur, Modou, mon futur beau-frère, m'a donné rendez-vous à la rivière, comme la première fois. Au début, je ne voulais pas y aller, mais mon cœur insistait pour que je le voie. Je l'aime, bon sang...

Pendant que mon mari dormait, je suis sortie avec ma fille, la petite Korka, direction la rivière.

J'y ai trouvé Modou, qui a pris Korka dans ses bras. Elle riait à gorge déployée.

— Elle est mignonne, ta fille. Elle te ressemble beaucoup...

— Merci. Peux-tu faire vite, s'il te plaît? J'ai laissé Alioune à la maison...

— D'accord. Je voulais te demander pardon, Aminata. Je t'ai fait beaucoup souffrir. Je t'en supplie, pardonne-moi. 

J'accepte, j'ai été lâche, mais permets-moi de me racheter...

— Modou Baldé, te souviens-tu de mon mariage avec Lamine? Tu m'avais promis de revenir pour me chercher, mais tu n'es jamais venu. J'ai affronté seule notre vie amoureuse. Je suis allée à Dakar pour me soigner, mais même là-bas, je t'ai cherché. Un jour, je t'ai retrouvé... Tu m'as forcée à venir vivre chez tes patrons, dans leur villa, ou plutôt maison close... Tu m'as abandonnée là-bas sans un sou. Je n'avais rien à faire d'autre que t'attendre chaque jour à la fenêtre, espérant ton retour, mais non! Modou, je me suis trompée...

J'ai dû me prostituer pour survivre, j'ai sali ma peau à cause de toi. Si l'amour était un couteau, je serais déjà sous terre. Je n'ai jamais eu de chance dans ma vie, mais je ne me plains pas aux gens, car tel est mon destin. Je ne le regrette pas, je ne suis qu'un être vivant. J'aime avec le cœur, pas avec les yeux, Modou. Moi, je t'aimais aveuglément, je ne voulais pas de ton physique, mais de ton intérieur.

Un jour, ma copine m'a présenté à un client qui m'a donné rendez-vous dans un hôtel. Quand je suis arrivée, devine qui j'ai trouvé? Lamine. À cet instant-là, ma vie n'avait encore une fois aucune chance. Il m'a forcée à venir avec lui et à me vendre à ses amis, mais avec le temps, il a changé... J'ai retrouvé une vie stable et normale avec lui. J'ai appris à garder mon calme... Modou, excuse-moi de te demander ça, mais si j'avais été atteinte du sida, serais-tu resté avec moi?

Lamine l'a fait par amour. Il est resté avec moi quand j'allais mal, il m'a soutenue, il m'a protégée. Mais une chose est claire, la haine que j'ai aujourd'hui ne changera pas à cause des faits du passé, pour ne pas dire par bonté.

— Aminata, je n'ai pas les mots. Partons loin d'ici... Oublions le passé et vivons le futur ensemble...

— Tu es maintenant mon beau-frère, le mari de ma demi-sœur. Rends-la heureuse et oublie-moi... Je vis ma vie comme je l'entends avec mes enfants et mon mari. Fonde une famille et comble ta femme de bonheur... Rends-la heureuse, Modou. Adieu... 

— Aminata...

— Oui?

— Je t'aime... Jamais de ma vie je n'aimerai quelqu'un comme je t'ai aimée. Tu m'as montré le bon chemin. À cause de toi, je suis revenu au village natal. Si aujourd'hui je ne peux être avec toi, je ne serai avec personne d'autre... Tu me quittes, moi, je quitte ce monde...

Le lendemain, je n'ai pas arrêté de penser aux paroles de Modou de la nuit dernière. Que voulait-il dire par "je quitte ce monde..."?

Je devais passer la semaine chez ma sœur pour l'aider à préparer son mariage... Mais la vie est ainsi faite. Ma sœur se marie avec l'homme que j'aime... Je souffre, mais discrètement...

Mon plan marche à merveille : ce soir, je mettrai en marche mon premier pion...

21h44

Elle est seule dans la véranda avec Djoba Bâ. Je prends les affaires que j'ai gardées soigneusement de ma mère pour préparer une dame qui va m'aider à réaliser mon plan...

Elle s'habille exactement comme ma mère. C'était une amie très proche de celle-ci qui la connaissait très bien. Elle met ses accessoires : chaînes de pieds, bijoux... elle encense tout... quitte à rendre folle Djoba Bâ.


Bin-tooh🇬🇳

Aminata et Modou { EN CORRECTION }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant