Modou Baldé
Pour passer inaperçus, nous nous habillons de manière très sombre et portons des vêtements sales.
Aujourd'hui ressemble à tant d'autres jours, mais notre patron, Fadel, veut que nous nous rendions à Funchy pour livrer la marchandise stockée près de l'Atlantique.
Pour la première fois de tout ce voyage, j'ai ressenti de la peur et du regret.
J'ai gardé la tête froide et ai avancé comme le guerrier que je suis, sans jamais reculer.
En arrivant sur les lieux, nous contactons le baron du port. Il me dit de venir seul pour vérifier la camionnette. À ma grande surprise, je trouve de nombreux hommes armés jusqu'aux dents.
"Tu as peur ?" me demande un homme très grand à la peau métissée.
"De quoi aurais-je peur ?"
"Tu sais que je suis l'homme le plus puissant de cette île et que je suis capable du pire. Soit tu livres ta marchandise à la frontière, soit ils te butent."
"Quel est le compromis alors ?"
"Sacré jeune homme. Tu me livres cette putain de marchandise à la frontière, ou bien..."
"Et les policiers ?"
"Ne t'en fais pas..."
Ils avaient tout planifié. J'informe le patron qui prend ses hommes avec lui et nous retrouve près de la frontière.
Quelques heures plus tard
Nous voilà tous réunis au beau milieu de la forêt, élaborant nos plans.
"Ce groupe au nord, celui-là sur la rive des barrières. Et toi, Modou, tu me suis avec Inssa. Allez, mettez-vous en place et tirez au moindre bruit. Deux gardes se chargeront de la camionnette pour l'emmener, et après ce délire, direction l'Atlanta."
Nous ne pouvons pas encore prendre l'avion pour le Sénégal parce qu'ils nous ont déjà balancés, nous informe le patron.
En route...
Je m'installe à l'arrière de la voiture et regarde le ciel, une larme s'échappe.
N'ai-je pas appris le Saint Coran ? N'ai-je pas maîtrisé les dix commandements de Dieu ? Pourquoi me suis-je allié avec Satan ? Je prie que tu me pardonnes un jour, mon Dieu.
Les groupes d'hommes arrivent et je sors la camionnette, ouvrant les portes.
"Voici la marchandise," dis-je aux gars.
"Es-tu venu seul ?"
"Oui, je suis venu que pour la marchandise, rien d'autre."
J'entre et ordonne aux hommes de tirer.
Eux aussi commencent à tirer. Il y a beaucoup de blessés, mais je vois un tir dirigé directement sur le patron. Je prends la gâchette et tire sur le gars, puis me dirige vers le patron pour l'aider.
Les autres prennent la fuite et se dirigent vers la rive, ne pensant pas que nous avions des hommes là-bas. Pour ne pas mentir, Fadel a une très bonne stratégie de guerre.
Je me penche sur Fadel et vois que la balle a atterri dans sa poitrine. Je déchire une partie de ma chemise et l'attache très légèrement sur la plaie.
Je fais appel à Inssa et Midou pour m'aider à le mettre dans la voiture. La balle l'a touché profondément, il souffrait énormément.
Inssa : "Mais où allons-nous l'amener... ne me parle pas d'hôpital stp, ça ne peut pas être."
Midou : "Mais amenons-le à Atlanta vu qu'il avait dit direction Atlanta..."
"Oui, très bonne idée... en route vite..."Hélicoptère, 23h44
Nous voilà enfin sur le sol de l'Atlanta. Nous nous dirigeons vers l'hôtel Sambinogorguity. Il était déjà 2h du matin. J'entre et installe le patron, prends la trousse et nettoie sa plaie. Il dormait quand il décide de se réveiller et me demande d'appeler Midou et Inssa. Je les appelle et reviens m'installer.
Fadel : "Sachez que je suis fier de vous, vous m'avez montré que vous êtes dignes de confiance. Jamais de ma vie je ne saurai comment vous remercier... Et toi, Modou, si aujourd'hui on est ici, c'est grâce à toi. À partir d'aujourd'hui, je te cède ma place et te nomme patron de mes hommes. Ma mission s'arrête ici. Bonne continuation. Que le ciel t'assiste, Modou... Merci, merci, merci..."
Il ferme les yeux et nous nous regardons droit dans les yeux. Je me penche et dis, "J'aurai toujours cette mort dans mes pensées, et je te vengerai, Fadel."
Midou & Inssa : "Bonne chance, patron..."
Bin tooh 🇲🇱