Dans la peau d'Aminata
À la gare, des hommes m'ont interpellée et m'ont demandé de les suivre. J'ai refusé, car à Dakar, les kidnappings étaient de plus en plus nombreux. Après avoir écouté leurs explications, j'ai finalement accepté de les suivre. Après quelques heures de marche, nous sommes arrivés devant une très belle villa.
— Que me voulez-vous ? ai-je demandé.
— Patience, entre, Aminata, m'a dit un homme.
— Que me voulez-vous ? ai-je répété.
— Je suis Fadel.
— Et... ?
— Appelez-le, a-t-il dit.
Oh mon Dieu, Modou ! Est-ce que ça va ? Tu vas bien ? Pourquoi ne m'as-tu pas cherchée ? Pourquoi n'es-tu pas venu ? Que fais-tu ici ?
— Ma Ami, calme-toi, je vais bien, très bien même.
— Pourquoi es-tu ici ? Qui sont-ils ?
— Lui, c'est mon patron. Je suis son garde du corps. Il m'a aidé à te retrouver.
— Ok... Mais pourquoi n'es-tu pas venu me chercher ? Tu n'as pas tenu ta promesse, pourquoi ?
— Aminata, profitons que je sois encore en vie, je t'expliquerai tout après.
— Alhamdoulilah. Je dois retourner travailler au restaurant.
— Quoi ? Viens vivre avec moi.
— Où ça ?
— On me paye très bien, j'ai donc un petit appartement en bas de l'immeuble. Viens vivre avec moi, rattrapons le temps perdu.
— Mais Modou, je suis mariée maintenant. J'étais même enceinte.
— Quoi ? Toi enceinte, Ami ?
— Oui, Modou, j'étais enceinte, mais j'ai fait une fausse couche.
— Et ton mari, il est où ?
— Lamine, je ne sais même plus. Il ne m'appelle pas, ne m'envoie pas d'argent et la dernière fois, il m'a dit de l'attendre à Dakar, il va venir.
— Mais c'est ton passé. Divorce, c'est tout.
— Mais ce n'est pas aussi facile que ça.
— Si tu viens vivre avec moi, je te promets que tu ne manqueras de rien. Tu n'auras même plus besoin de travailler. S'il te plaît, viens avec moi et arrête ce foutu travail de restauration. Déjà, tu es souffrante et tu veux y ajouter ton travail. Non ! Mon amour, pas ça. Tu viens avec moi, un point c'est tout.
— Mais Modou, tu sais que je t'aime plus que tout. Mais je viens de perdre mon père et je suis mariée maintenant. Ce n'est plus comme avant. Si tu étais venu à temps, peut-être la situation ne serait-elle pas ainsi. Si je viens vivre avec toi et que Lamine l'apprend, ce sera comme si j'avais forniqué. Ce n'est pas mon devoir d'avoir un mari et un amant.
— Ah, ok. Maintenant, je suis ton amant, Ami ? Ami, tu me traites comme un lâche ? Un lâche ? Tu me détestes. Je ne t'ai pas trahie, mais je suis parti pour des raisons. J'ai voulu partir pour avoir de quoi te prendre en charge. Je pensais que tu n'accepterais pas de te marier ou que tu partirais. Mais non. Si tu ne me crois plus, alors pars et ne reviens jamais...
— Quoi ? Tu me chasses de ta vie, Modou ? Mais Modou, comprends-moi un peu. Mets-toi à ma place, ne serait-ce qu'un instant.
— Hors de ma vue. Pars, pars, pars...
J'ai quitté la villa en pleurs. Pourquoi est-il soudainement devenu violent ? Ne m'aime-t-il pas ? Je suis mariée à un certain Lamine que je n'aime pas ! Pourquoi moi ? Mon Dieu, tu m'as d'abord pris ma mère, ensuite mon père, et maintenant tu veux m'arracher l'amour de Modou...
Arrivée chez ma patronne, je lui ai tout raconté et j'ai bien réfléchi. J'ai décidé d'aller vivre avec Modou. Après tout, il est le seul qui me reste sur terre, la seule personne qui m'aime.
Tôt le matin, je débarque devant son immeuble. Je toque, toque, mais personne n'ouvre. Après quelques minutes, il ouvre enfin la porte.
Je n'ai même pas salué à cause de l'odeur d'alcool et de cigarettes qui m'a accueillie.
— Modou, tu fumes ?
— Quoi ? Qui ?
— Je t'ai posé une question. Est-ce que tu fumes ou tu bois de l'alcool ? À ce que je sache, tu ne fumais pas...
— Non... J'étais juste fatigué à cause de notre dispute, alors j'ai décidé de me soulager avec un peu de cigare, mais rien d'autre.
— Ah, ok, je vois. Maintenant tu veux devenir alcoolique... Bref, promets-moi que tu ne recommenceras pas !
— Je te le promets. Mais pourquoi es-tu venue si tôt ?
— Ne vois-tu pas ma valise ? À ton avis...
— Quoi, tu as accepté ? Oh Ma Ami, je te promets d'être l'homme idéal pour toi. Je suis très content. Viens t'installer. Tu es chez toi maintenant.
— J'ai bien réfléchi et je crois que j'ai pris la bonne décision.
— Très, très bonne décision même.
La nuit, il y a trop de bruit ici, mais il m'a rassuré que c'est son patron qui organise chaque soir des soirées. Mais où vais-je dormir ? Dans le salon ou dans la chambre de Modou ? Avant son arrivée, il est en haut...
Bref, je m'allonge sur son lit et m'endors paisiblement sans fermer la porte. Il entre sans que je le sache. Il commence à me caresser le dos. Je bouge mais je suis toujours dans un sommeil profond. Il m'embrasse et je sursaute, en criant...
— Ehhhh, ohhhh c'est moi ! Toi, tu dors sans fermer la porte et si je ...
— Quoi ? Tu blagues ?
— Ah, si ! Viens par ici, toi...
Je me couche sur sa poitrine et souffle très fort...
Bin-tooh🇲🇱
