Le lendemain
J'étais encore endormi quand ma fille a commencé à pleurer. Aminata dormait profondément, et je n'ai pas voulu la réveiller. Je l'ai prise et dorlotée, mais l'autre bébé s'est mis à pleurer à son tour. J'étais déboussolé et fatigué.
Aujourd'hui, à 13h, nous devons être à la gare pour prendre le train en direction de notre village natal.
Madame se réveille à 10h pour se préparer et préparer les petits. Cela me laisse un peu de temps pour me reposer. Bref, il est 12h45 et nous sommes à la gare, prêts à affronter un très long trajet.
Aminata
Dans la voiture, j'avais notre bébé garçon sur mes genoux et Lamine tenait notre bébé fille. Nous n'avons pas encore décidé des prénoms pour les jumeaux. Mon petit bout de chou dormait, alors je me suis collée à la fenêtre, la tête contre la vitre, en pensant à tout mon parcours, de Fouta à Dakar.
Je suis venue à Dakar avec un cœur meurtri à cause de mon mariage forcé. Je me suis retrouvée serveuse et j'ai perdu mon premier enfant. Quelques mois après, j'ai perdu mon père. J'ai retrouvé mon cher amoureux, ou plutôt mon erreur de jeunesse, qui m'a trahie et laissée comme une moins que rien dans cette fichue villa. Je me suis prostituée pour survivre, pour ne pas rester seule, pour vaincre ma solitude et me réfugier dans le péché. Qui suis-je exactement ?
J'ai quitté la villa par obligation, mais aujourd'hui, je rends grâce à Dieu. Merci à Lamine, et j'espère que Dieu me pardonnera mes péchés.
Soudain, Lamine me caresse la joue et me demande : "Pourquoi pleures-tu ?"
"Ce sont des larmes de joie de t'avoir toi et nos enfants à mes côtés."
"Arrête de pleurer maintenant. Viens ici."
4h15, Fouta
Il faisait très sombre. Je prends bébé fille dans mes bras et Lamine prend notre bébé garçon. Nos valises sont avec Lamine, et je tiens quelques affaires. Enfin arrivés chez nous, je me demande pourquoi nous sommes venus. Bref, personne n'était dehors, sauf le muezzin et les gens qui partaient à la mosquée.
Nous entrons doucement dans la maison pour leur faire la surprise le matin. Personne ne savait que nous allions venir. On adore les surprises. Il y avait tant de poussière dans la maison, mais nous avons rangé le lit pour pouvoir y dormir. C'était bien de vivre à quatre.
À 7h, la première femme de mon époux était dans la cuisine en train de préparer le petit-déjeuner. Je l'aperçois à travers les trous de la porte. Je donne un bain à mes bébés, puis je me lave. Je réveille papa chéri, lui fais prendre un bon bain, et ensuite, nous décidons de sortir de la chambre.
Imaginez leur tête en voyant Aminata avec deux jumeaux...
"Wah eh, Aminata, c'est quand ça ?" dit ma belle-mère.
"Il y a quelques jours !" répond Lamine.
"Oh maman, tu m'as tellement manqué. Je vous ai apporté des cadeaux à tous."
"Donne-moi mes petits-fils vite, pas de mots, nakk. Ils te ressemblent trop. Qu'avez-vous décidé pour les prénoms ?"
"Euh, après maman, s'il te plaît. Nous sommes fatigués. Demain, nous en reparlerons."
"Je dois sortir avec ma femme pour aller voir ses parents."
"D'accord."
"Tu m'as sauvé la vie, ta mère parle trop ! Je m'excuse, Lamine."
"Ce n'est pas grave."
Arrivés chez moi, je trouve ma tante à la cuisine, pour ne pas dire ma mère, et sa fille dans sa chambre. La maison ne ressemblait plus à rien. Son fils était parti en Angola, mais ça va, Alhamdoulilah.
Deux femmes dans une maison sans vie.
Djoba : "Waw, ce n'est pas Aminata ? Je croyais que tu étais morte, même pas de signe de vie."
"Me revoilà donc."
Djoba : "Et ces enfants, ce sont tes enfants ? Ah, le monde à l'envers, wah, Lamine, c'est toi."
"Djoba, arrête tes discours et apporte-nous deux chaises."
"Laisse, je vais aller en chercher," dis-je.
Moi, Aminata Sow, ce que j'ai appris de cette journée m'a complètement changée. Je suis devenue une autre personne.
Bintooh 🇲🇱