18 avril 1944, je fête mes dix-huit ans et c'est aussi le jour du retour de mon frère partit au front depuis maintenant six ans. Le village où nous vivions moi et ma mère, est dans la zone libre, près des Alpes et sans lui, je m'ennuyais horriblement! Cela avait été les six années les plus longues de ma vie, je n'ai jamais cessé de compter les jours, relire les lettres des millions de fois provenant de mon frère, et ... « Peste ! Marie ! Arrête dont de ressasser, et pense plutôt à la chance que tu as d'être ici ! Aujourd'hui c'est ton anniversaire et Jean a une permission de quitter le front juste pour toi ! »
Je me parlais souvent devant le miroir, tout en essayant de dompter ma longue crinière brune, sans casser une nouvelle fois ma brosse. J'avais attaché mes cheveux en queue de cheval avec mon ruban préféré, rouge doré, et je portais ma robe du dimanche, « simple et efficace » comme dirait maman . « D'ailleurs je me demande ce qu'elle fait? » me questionnais-je soudainement. La chambre de maman était au bout du couloir, la salle de bain était à droite et ma chambre juste en face de celle de mon frère, à gauche. J'aimais souvent espionner maman se maquiller où se coiffer depuis sa petite coiffeuse offerte par grand mère. Ainsi, comme chaque matin, je me faufilais entre la porte de la chambre de maman et je la regardais faire : brosser ses fins cheveux, mettre son rouge à lèvres rouge coquelicot, remettre ses bijoux de mariage et se parfumer légèrement avec de la violette. Par moment, à travers son miroir, elle glissais son long regard malin depuis le reflet du coin de sa porte, esquissant un sourire, et... Mince ! Elle m'avait vu ! Je filais à toute allure telle une enfant de cinq ans prise la main dans le sac. Je traversa le couloir beige écaillé pour me placer dans les escaliers, je resta là, à guetter la porte d'entrée et le moindre son que je pouvais entendre de l'extérieur.
La porte d'entrée donnait sur un petit salon de la même couleur que le couloir, et l'escalier en bois noir était sur le côté à gauche de la porte. Souvent, maman et ses amies venaient à la maison et pour ne pas les déranger, je restais assise dans les escaliers, toujours au même endroit, depuis dix-huit ans maintenant et je les regardais faire toute sorte de choses, tricoter, écouter la radio, lire, parler de tout est de rien pendant des heures. J'avais l'impression de regarder derrière le rideau du spectacle pour les voir les gens vivres.
Pour l'arrivée de mon frère, j'étais assise au même endroit de ce fameux escalier, ma mère était déjà dans le salon et attendais patiemment que mon frère frappe à la porte.
Il devait être bientôt onze heures, et rien. Les minutes étaient interminables!
Enfin, à onze heures cinq, précise, quelqu'un frappa à la porte! « OUI! OUI! Jean est là ! Jean est là! » Maman couru à la porte, et l'ouvra avec son plus grand sourire.
À la porte c'était Henri, l'ami de Jean. « Oh! Quelle surprise Henri ! Jean n'est pas avec toi ? » dit maman, perplexe. Henri baissa son regard au niveau de ses bras dans lesquels un costume était soigneusement pliée avec le nom de Jean à droite du costume. « Je...Je suis désolée Madame, Jean... Jean a disparu... » le sourire de ma mère tomba en mille morceaux, ses beaux yeux perdirent leurs éclats, et ses mains se crispèrent sur le costume de Jean. Elle n'avait plus aucune émotions, son visage était figé. Henri continua de parler et à sangloter mais maman referma doucement la porte derrière elle et se laissa tomber à ses pieds.
Ce n'étais pas possible, pas le jour de mon anniversaire, il me l'avait promit ! « C'est faux ! Je sais qu'il est vivant! » criais-je de douleur. Mais maman ne dis rien, et ses cris alertèrent les voisins qui accoururent à la porte. Je me cacha dans ma chambre pour ne plus rien entendre, plus rien voir, être seule.
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Marie, pardonne moi (TERMINÉE)
Ficción históricaAvril 44. Zone libre. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Marie et le retour de son frère partit à la guerre. Malheureusement tout ne se passera pas comme prévus, mais Marie est déterminée de retrouver son frère. Sur le chemin de sa quête, elle va r...