Chapitre vingt-six. (Chapitre bonus)

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« La fuite… »

6 avril 2011, 03h15, villa de Juan, Marbella.

Juan coupa le contact de la voiture, Leila sortit directement, sans attendre ne serait-ce qu’un regard de sa part. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre et s’engouffra dans la chambre de Samir qui l’attendait, habillé, prêt.

Juan entra à son tour, il ferma la porte et activa l’alarme, désormais il était impossible que quiconque à part Juan ne sorte de cette maison, sinon l’alarme s’enclencherait, il tapa le code : 6925, il avait changé, mais cela Samir l’ignorait. Avant même de pouvoir exécuter le programme permettant de désactiver l’alarme il devait connaître le code, il avait retenu celui d’il y a quelques jours, mais il n’était plus le même.

Leila s’assit sur les genoux de Samir et le serra fort dans ses bras, humant ce parfum qui arrivait si bien à la calmer.

- Tu l’as vu ? demanda-t-elle.
- Je l’ai entendu, il est à l’étage en dessous, je crois qu’il dort.

- On y va ?

- Attends, Juan doit dormir quand on s’attaquera à Ahmed. Au fait j’ai vu que y’avait un truc entre Juan et toi.

- Il a essayé de m’embrasser, je l’ai pas laissé hein, il a pas réussi, dit-elle sur la défensive.

- Il le payera, promit-il.

- Je stress, j’ai peur, si ça marche pas ?

- Ca marchera, Walid nous attends, les valises sont dans le coffre.

- On a tout ?

Elle se redressa d’un coup, les yeux écarquillés, elle souffla le nom de Liza dans un murmure et se hâta de sortir de la chambre à la recherche de celle qui était devenue en quelques jours une personne très chère à son cœur. Elle ne pouvait l’abandonner ici, au milieu de ces hommes ne respectant rien ni personne. Elle entra précipitamment dans la chambre de la bonne, la réveillant en sursaut.

- Leila, mais… commença-t-elle.

- On a pas le temps Liza, prépare-toi, on s’en va d’ici.

- Quoi ? Mais comment.

- On prépare ça depuis un moment avec Samir, on t’expliquera en route, mets quelques vêtements dans un sac.

- Je peux pas, je ferai comment pour le salaire ?

- Je te donnerai de l’argent, allé dépêche-toi Liza, je peux pas te laisser ici, c’est pas possible, pas avec ces porcs !

Liza se décida à s’en aller avec eux, elle s’habilla et fit son sac avec Leila, elles rejoignirent Samir après avoir finit. Il les attendait, il se précipita sur Leila et lui tendit une arme, chargée.

- C’est l’heure, murmura-t-il.

- Ca passe ou ça casse. Liza tu peux nous attendre deux minutes dehors.

Elle hocha la tête et sortit de la chambre, laissant Samir et Leila se dire un possible adieu. Samir posa ses mains sur les hanches de Leila et l’attira contre lui, elle posa son front sur son torse et se laissa aller dans ses bras. Aucun bruit, aucune parole, seule cette étreinte leur importait, c’était un moyen pour eux de se dire les choses avec un simple geste. Ça les calmait, Samir comme Leila, ils avaient besoin d’un contact entre eux. Elle entoura la taille de Samir de ses mains, il attrapa son visage entre ses mains et déposa un long baiser sur son front, puis sur son nez et un léger sur ses lèvres. Il se voulait rassurant envers elle, il lui sourit et la serra une dernière fois dans ses bras avant de chuchoter « C’est l’heure de la vengeance ».

Ils sortirent de la pièce main dans la main, Liza les attendait, Leila lui conseilla d’attendre devant l’entrée pendant qu’ils s’occuperaient d’Ahmed, elle obéit. Samir dégaina son arme et entra doucement dans la chambre d’Ahmed, celui-ci dormait profondément. Il s’approcha avec Leila et pointa l’arme entre ses deux yeux. Il se réveilla suite au contact froid entre le métal du pistolet et sa peau. Leila se dirigea vers lui pour le bâillonner, il ne se laissa pas faire, Samir lui mit un coup de la crosse du pistolet, il arrêta de se débattre, sonné. Elle finit par lui attacher les mains et le bâillonner, sans qu’il puisse émettre ne serait-ce qu’un son. Samir lui fit signe de se lever, il opposa de nouveau de la résistance, Samir lui asséna de nouveau un violant coup à l’abdomen, Ahmed se plia en deux et finit par avancer, sous la menace de Samir et de son pistolet. Ils sortirent de la chambre, armes braquées, arrivés dans le vestibule Samir tapa le code : 9568. Incorrect. Une violente alarme se mit à résonner dans toute la maison, réveillant même les morts. Toutes les issues se bloquèrent, toutes les portes et les fenêtres menant à l’extérieur de la maison se verrouillèrent.

- Vite, tout le monde dans le jardin, s’écria Samir.

Ils coururent tous les trois, trainant Ahmed qui essayait du mieux qu’il pouvait de les freiner. Arriver en face de l’immense clôture ils se regardèrent.

- Samir, tu fais passer Liza d’abord, ensuite on fait passer Ahmed puis moi et toi en dernier, dit Leila.

- Faut faire vite, Liza monte sur mes épaules, tu sautes, n’ait pas peur c’est pas très haut, je t’enverrai mon arme pour le maîtriser s’il tente quoi que ce soit tu tires, d’accord ? Leila te rejoindra très vite.

Liza grimpa sur les épaules de Samir et fit ce qui était prévu, de l’autre côté un jeune homme l’attendait : Walid.

- Leila ? appela-t-il.

- Walid ! Attrape Liza, on envoie une arme et Ahmed juste après, on arrivera à la fin.

Liza fixa Walid dans les yeux et d’un petit geste de la main, Walid lui fit signe de sauter dans ses bras, ce qu’elle fit. Elle atterrit dans ses bras musclés, il la reposa avec facilité par terre tandis que de l’autre côté de la haute clôture Samir et Leila portaient Ahmed qui faisait tout pour ne pas se laisser faire, ils finirent quand même par arriver à le faire passer de l’autre côté. Il ne manquait plus qu’eux, des voix et des pas se rapprochaient de plus en plus, Leila était presque passée de l’autre côté quand une balle se logea dans son dos, une autre lui toucha le bras, elle s’écroula sur Samir, pleine de sang.

La rage s’empara de lui, il la tint d’une main et tira sur celui qui avait osé toucher à la femme qu’il aimait : Juan s’écroula dans un bruit sourd, une balle dans la tête.

- LEILA ? cria Walid.
- Elle a été touchée, je te l’envoie, il faut qu’on parte et qu’on la soigne ! s’écria Samir.

Il la fit passer délicatement par-dessus, Walid l’attrapa doucement et attendit Samir qui sauta quelques secondes juste à côté de lui. Il récupéra Leila et ils coururent tous les cinq vers la voiture. Ahmed fut installé dans le coffre, Liza à l’avant côté passager, Walid au volant, Samir à l’arrière avec Leila.
Il regarda sa dulcinée, elle avait les yeux fermés, le haut maculé de sang, elle ne bougeait plus, ne respirait plus. Le désespoir se lisait dans les yeux de Samir, les larmes coulaient tandis qu’il voyait le ventre plat de Leila ne plus bouger, il passa sa main au dessus de son nez et de sa bouche, en vain, aucune trace de respiration de la part de Leila.

Etait-elle morte ? Fort probable, souvenez-vous je vous avais dit qu’une personne mourrait, voire deux, serait-ce possible que Leila périsse ? Je m’arrête ici pour le moment, devant cette scène tragique : Leila dans les bras de Samir ensanglantée et ne respirant plus, Walid les mains crispées sur le volant, Liza en larmes et Ahmed dans le coffre. Une larme coula le long de la joue de Samir et vint d’écraser sur le visage pâle de Leila, la fin est proche, très proche…

« À la Bonnie and Clyde. »

《 À la Bonnie and Clyde 》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant