《 À la Bonnie and Clyde 》

Chapitre sept.

« Une nouvelle vie, changement de plan… »

Mercredi 29 novembre 2006, gare Matabiau, Toulouse.

Elle était sur le quai de la gare, billet en poche. Le train partait à 6h05, encore 55min. Elle s’assit sur un banc, non loin de là un SDF dormait à même le sol. Qu’allait-elle devenir ?

4h56, quartier de la Reynerie, Toulouse. 

Samir rentrait d'une livraison, il était fatigué mais heureux, c'était la première fois qu'un baiser lui faisait quelque chose, qu'une fille lui faisait de l'effet. Il l'aimait. 

Se souvenant du bout de papier dans sa poche il le sortit afin de le lire. C'était le matin, il n'avait donc pas trahi la confiance de Leila. Il déplia la feuille et se mit à lire.

«Je pars, je quitte tout. Avant-hier mon père m’a dit que les cours c’était fini pour moi. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. J’ai décidé de fuguer. Je ne t’en ai pas parlé parce que je savais que tu me retiendrais. Comprends-moi, je ne pouvais plus supporter ce qu’ils me faisaient subir. La seule chose qui me faisait tenir c’était le lycée. Puis il y a eu toi. Au début tu me soulais mais en même temps ça me faisait plaisir que tu prêtes attention à moi. Je n’avais jamais été amie  avec qui que ce soit. On a bien rigolé, pour moi tu étais Samir, celui avec qui les cours passaient plus vite. Je voyais bien que tu ne me voyais pas comme ça et c’était pareil pour moi mais je ne trouvais pas le courage de te le dire. J’avais peur. J’étais même terrifiée. Je n’ai jamais ressenti ça pour personne, je ne savais pas comment m’y prendre. Hier je n’avais rien à perdre, alors je me suis lancée. Je n’étais pas très à l’aise. Tu l’as bien vu. Bref tu m’as pris mon premier baiser et tu es le seul qui ais touché mes lèvres, qui m’ais touchée. Ne crois pas que tout ce qui s’est passé c’était du vent. Non je t’aime réellement. Voilà c’est dit. Ne cherche pas à me retrouver, je partirai la nuit, avant que tu ne lises cette feuille. Prends soin de toi. Je sais qu’on se reverra, Leila. »

Samir relu plusieurs fois les mots de Leila, il n’en retint que quelques-uns. Elle lui avait avoué qu’elle l’aimait. Mais désormais cela ne servait à rien, elle était partie. Dieu seul savait où. Tout ça à cause de son père et de ses frères. La rage envahit Samir, celui qu’il considérait comme son frère n’avait qu’à bien se tenir. Rayan allait payer.

«Où es-tu ?» pensa-t-il. Elle pouvait se trouver n'importe où. Elle avait raison, il aurait tout fait pour l'en empêcher, pour la retenir auprès de lui, quitte à partir avec elle. 

Il se résigna. Il devait avancer, même le cœur déchiré. C’était sûr, il n’aimerait personne à part Leila, ce qu’il ressentait pour elle était trop fort. Il espérait vraiment la revoir un jour. Il n’abandonnait pas, Leila c’était sa femme, il remuera ciel et terre pour la retrouver, mais Leila et intelligente, tout ceci a été réfléchi et si elle dit qu’ils se reverront, alors ce sera le cas. Il avait confiance en elle. Il monta chez lui, il ne vivait qu’avec sa mère, gravement malade. Quoi qu’il arrive il n’oubliera pas Leila. Mais pour le moment son plan devait se dérouler comme il l’avait prévu.

Leila était dans le train, elle pensait à sa future vie, à Samir. Elle savait qu'il avait lu son mot. Elle savait qu’il l’avait mal pris. Mais elle devait avancer, penser à elle. « Leila c’est toi contre le monde. » se dit-elle. Elle regarda le paysage défiler par la fenêtre.

11h48, Gare de Lyon, Paris.

Elle se leva et sortit du train. La nouvelle vie de Leila commençait. Elle se dirigea vers la sortie. Elle prit un taxi et demanda un hôtel pas trop cher à l’homme qui conduisait. Il l’a conduisit dans un Etap Hôtel, où elle demanda la chambre la moins chère pour une durée indéterminée. Elle "s’installa" et ressortie immédiatement en verrouillant la porte. Elle alla dans un cybercafé pas très loin et se mit à taper un CV et une lettre de motivation et imprima le tout.