TEMPETE DE BOOMERANG.

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Le vent fait rage dehors, alors qu'ils viennent de se réfugier dans un café, en ville. La neige commence à tomber en petits flocons, fins comme des cendres. L'endroit est assez calme et chic, il n'y a pas grand monde. Bertholdt retire ses gants en cuir, son écharpe et son manteau cintré, alors que Reiner jette une épaisse parka bleu marine sur sa chaise, avant de se laisser tomber sur sa chaise, qui grince furieusement.

- Tu as les mains glacées, remarque le plus grand en prenant celles de sont compagnon dans les siennes. Tu aurais dû prendre une paire de gants. Cet hiver est décidément très froid ...

L'air rêveur, il se met à regarder dehors, comme un gosse émerveillé qui découvre la saison froide pour la première fois.

- C'est de ta faute, tu ne m'a pas laissé acheter les moufles Spiderman, l'autre jour... Regarde où j'en suis, ronchonne Reiner en fixant ses phalanges qui avaient viré au violet.

Le serveur vient leur demander ce qui leur ferait plaisir, ils commandent donc un café pour le blond et un thé au citron pour le brun. La chaleur de la boisson se propage dans leurs estomacs, les réchauffant un peu.

- Je me demande qui règle la température... Il a dû oublier comment couper la clim, parce que je caille vraiment, là

- Arrête de te plaindre, tu veux ? demande Bertholdt par-dessus sa tasse. Tu es à deux doigts de m'agacer.

L'autre déglutit sans rien dire. Il n'aime pas contrarier son nouvel amoureux. Celui-ci est bien trop précieux pour être abîmé. Comme un diamant qu'on ne voudrait pas tailler pour en conserver la taille. Dans le café, les hauts parleurs gazouillent "Comme un boomerang", chanté par Gainsbourg.

J'ai sur le bout de la langue,

Ton prénom presque effacé,

Tordu comme un boomerang,

Mon esprit l'a rejeté,

De ma mémoire, car la bringue,

Et ton amour m'ont épuisé

- Dis, Bertholdt, j'avais pensé qu'on pourrait aller à la patinoire, cette après-midi ? proposa le blond pour couper court au silence. Froid pour froid, on pourrait aussi inviter ...

- Tu as répondu à Jean et Marco qu'on viendrait, c'est ça ? coupa le brun avec un regard perspicace.

L'autre se mord la lèvre, repéré.

- J'aurais préféré que tu m'en parle avant, même si je n'ai rien contre. Je ne dirais pas non à te mettre une petite leçon sur la glace.

Il lui fait un sourire narquois avant de reprendre sa contemplation de la rue piétonne, qui en ce début d'après-midi, commence à être bondée. Ces derniers temps il est d'humeur assez morose, comme si sa vie entière le lassait. Et dans sa vie, il y a son chéri aussi. Le blond est tellement persuadé de ne plus lui convenir, après ces deux ans passés ensemble, qu'il est prêt à tout pour le garder. Son attachement maladif, depuis un petit temps, lui rend la vie assez difficile.

Quand ils se rhabillent sans un mot, il se préparent à affronter le grand froid qui règne dehors. Reiner jette un coup d'oeil au thermomètre tenu par une ventouse sur la vitrine du café : 2 degrés.

La rue grouille de monde, qui se croise et se bouscule sans s'excuser. Bertholdt prend la main de son compagnon et l'entraîne à travers la foule, se dirigeant vers le lieu de rendez-vous d'un pas pressé. Il adore la patinoire. D'ailleurs, il est excellent dans ce sport. A cette allure qui zig-zag, il n'y seront pas avant au moins vingt minutes. Alors que le froid s'engouffre dans le cou du blond, son regard est attiré par la devanture d'une boutique de vêtements. Il force son ami à stopper, et s'approche de la vitrine, décorée avec des petites guirlandes colorées.

[REIBERT] Recueil d'OS divers. [SNK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant