BERTHOLDT PREND LES DEVANTS.

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Les détonations, provoquées par le gaz expulsé des bonbonnes, retentissaient au milieu de la forêt paisible. La puissance que lui apportait son équipement allait lui permettre de gagner la course qu'il avait entamé avec ses camarades d'escouade. S'envolant de branches en branches avec agilité, il s'autorisa à regarder derrière lui pour voir où en était les autres. Sur ses talons, Jean empruntait exactement les mêmes trajectoires. Le salaud, il ne se foulait pas.

Lorsqu'il se reconcentra à nouveau sur ce qui se passait devant ses yeux, il était déjà trop tard. Il alla s'engouffrer dans un énorme tronc sans pouvoir éviter l'impact. Le choc avec l'écorce fut si violent qu'il cru qu'il allait s'évanouir. Sa vue se troubla de larmes alors que son rival passa à côté de lui à vive allure.

- Bien joué, Ducon ! On se revoit au paradis ! ria le châtain en s'éloignant.

Reprenant doucement ses esprits, il aperçut une grande silhouette se poser près de lui avec grâce et légèreté.

- Et bien, Reiner, ça a bien cogné, on dirait ! Mais, tu pleures !

Il capta une once de moquerie dans la voix de son meilleur ami. Il essuya son visage du dos de la main, qui se couvrit d'un mélange de sang, de larmes, et d'un peu de morve.

- Tu vois, a toujours vouloir foncer tête baissée... Hé, reste assis, voyons, tu vas tomber ! Tu saignes beaucoup du nez, en plus, il est sûrement cassé Vraiment, je te jure Arrête de faire l'enfant et laisse-moi regarder !

Vaincu, le blond arrêta de détourner le regard, et tendit son visage vers Bertholdt, qui, très altruiste, ne put s'empêcher de l'examiner. Il lisait beaucoup, notamment des ouvrages sur la médecine, il en connaissait donc un rayon sur les blessures. Il sortit de sa poche une sorte de minuscule trousse de secours qu'il emportait toujours en cas de pépin. Leur entraîneur se moquait toujours de lui en le traitant de mauviette, mais cette fois-ci, son initiative fut bien utile.

- Tiens la compresse appuyée contre ton visage pour arrêter le saignement, sinon tu vas vraiment tourner de l'oeil. Je vais te faire un petit bandage.

Alors qu'il découpait dans une longue bande avec de tout petits ciseaux, il regarda Reiner qui semblait dépité d'avoir perdu la tête du convoi. Il fixait l'horizon qui semblait lui tirer la langue.

- Allons, ce n'est pas si grave... Et puis, tu vas ressembler à une belle petite momie !

- C'est ça, répliqua le blessé. J'avais parié mon dîner avec Jean que je gagnerais...

Cette fois, Bertholdt éclata franchement de rire, rejetant la tête en arrière. Les rayons du soleil illuminèrent ses traits.

- Ta connerie m'épatera toujours, tu sais... Aller, viens là, mon petit pharaon...

Il passa plusieurs minutes à ajuster un pansement de pacotille autour du nez imposant du blond, qui se demandait ce que pouvait bien être un pharaon. Il n'avait jamais entendu ce mot. Il serra les dents quand Bertholdt effleura un peu trop sa blessure, mais n'en dit rien. Plutôt mourir que d'admettre qu'il s'était blessé en faisant le con. Sur le terrain en situation réelle, son imprudence ajouté à sa soif de victoire lui auraient coûté la vie. Les titans se fichaient pas mal de son tarin.

- Et voilà ! s'exclama le brun comme un peintre qui termine une toile. Quel bad-boy ! Avec combien de personnes t'es-tu battu, hier soir ? J'aurais aimé voir ça !

- Tssss... Moque-toi, va.

Ils se remirent en route au même rythme que s'ils avaient été accompagnés d'un vieillard unijambiste. Reiner ne supportait plus la moindre secousse, qui causait des vibrations dans ses os brisés. Une vive douleur lui tenait le visage, mais il se taisait. Il n'allait quand même pas avoir l'air d'un tocard devant Bertholdt !

[REIBERT] Recueil d'OS divers. [SNK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant