A DAY AT THE OPERA.

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Le métro était, comme chaque matin, bondé. Ses écouteurs sur les oreilles et regardant défiler les stations, Bertholdt se demandait de quoi sa journée serait faite. La musique qui jouait le laissait penser que ce jour était un bon jour, et qu'il ferait de nouveaux progrès.

I'm in love with my car,

Je suis amoureux de ma caisse,

Gotta feel for my automobile,

Je ressens quelque chose pour mon automobile,

Get a grip on my boy racer rollbar,

Jagrippe mon harnais de pilote,

Such a thrill when your radials squeal.

Quel frisson lorsque tes pneus crissent.

La métaphore de la chanson l'amusait. De toute évidence, le membre de Queen qui l'avait écrite ne parlait pas de voiture ! Sans doute la chanson devait-elle s'adresser à une demoiselle. Ce devait être une fille qu'il était fier de montrer, de présenter à ses amis. Lui, il n'avait personne. Il n'avait jamais eu personne, de toute manière. Il ne connaissait pas la présence d'un ami fidèle, ni même de quelqu'un avec qui partager son quotidien. Il était habitué à sa solitude. Autour de lui végétait le petit monde qu'il s'était crée.

Le métro émit un grand crissement en s'arrêtant. Une voix féminine sortit des hauts-parleurs et annonça "Trocadéro", une des stations les plus fréquentées de Paris, en raison de sa proximité avec la Tour Eiffel. Lui devait descendre dans deux arrêts.

- Monsieur, vous voulez bien arrêter, s'il vous plaît ? tonna presque une voix fluette. Je vous le demande depuis longtemps !

Le cri venait d'une jeune femme qui devait avoir environ vingt-cinq ans. Elle portait un tailleur très bien coupé et une paire d'escarpins noirs. Mais ce qu'il remarqua en premier, c'est qu'un grand type prenait un malsain plaisir à lui tourner autour. Dans le wagon, personne ne parlait mais tout le monde observait la scène qui n'était malheureusement plus très rare. Ne pouvant pas regarder ailleurs, le grand brun retira ses écouteurs.

- Habillée comme ça, à quoi tu t'attends, hein ? Vous, les gonzesses, vous faites les saintes, mais...

Bertholdt analysait le physique de l'assaillant. Il était plutôt petit et semblait assez trapu, mais il l'aurait facilement avec un bon crochet si jamais la situation dérapait. D'après Brad Pitt dans Fight Club, ça n'avait pas l'air si difficile. Il ne comprenait pas le silence des personnes à proximité. Ne voyaient-elles pas la détresse de la jeune femme ? La situation lui était insupportable.

- Monsieur ! appela-t-il en se levant d'un coup. Je crois qu'elle vous a demandé d'arrêter !

L'agresseur tourna la tête vers lui. Le regard assassin, il esquissa un sourire.

- Rassieds-toi, gamin. Tu ne vois pas que je drague ?

Le brun serra les poings et s'approcha, bousculant les autres passagers. Il fit bouclier devant la jeune fille qui avait soudainement perdu l'usage de la parole.

- Je crois qu'elle a été claire. Allez plus loin.

- Et sinon, quoi ?

Bertholdt voulut attaquer, mais son adversaire fut plus rapide. Ses trois ans de judo ne servaient décidément à rien. Il reçu un coup de pied au milieu du ventre, ce qui lui coupa le souffle. Il ne se dégonfla pas et riposta d'un upercut bien placé. Profitant que la cible était étourdie, il la poussa loin de la fille. Mais l'homme eut vite fait de reprendre ses esprits et fonça sur lui pour le coller à une des portes du train à la manière dont les rugbymen font des placages. Les passagers, désormais effrayés, scandaient des "ça suffit !", ou encore des "c'est honteux !".

[REIBERT] Recueil d'OS divers. [SNK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant