14. Audrey - Premier baiser

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Pourtant, c'est ce qu'il fait : il pose ses lèvres sur les miennes, m'embrasse doucement. Et ce baiser est encore meilleur que dans mon imagination. La sensation de sa bouche sur la mienne est juste... parfaite. Oui, parfaite. Tellement parfaite que je voudrais que ça ne s'arrête jamais.
À regret, je m'écarte néanmoins : hors de question que je perde la tête avant d'avoir pu comprendre son soudain revirement à mon égard.
- Je croyais que tu n'avais pas besoin de mon aide.
Il sourit tout contre moi. Un sourire que je déteste en même temps que je l'adore.
- C'est vrai : je n'ai pas besoin de ton aide. J'ai seulement besoin de te sentir entre mes bras.
J'ouvre la bouche pour répondre mais il me fait taire en posant un doigt sur mes lèvres. Son nez effleure ensuite ma joue, remonte jusqu'au creux de mon oreille.
- Chut, chuchote-t-il.
Son souffle est léger. Chaud. Et aussi tellement délicieux que je ne peux m'empêcher de frissonner.
- J'ai seulement besoin de te sentir, répète-t-il d'une voix sourde.
Je réprime un gémissement, ferme les yeux alors qu'il attrape le lobe de mon oreille entre ses dents, le mordille.
Aussitôt mes mains agrippent le col de son polo. Je voudrais le repousser et, en même temps, l'attirer davantage contre moi. Ce garçon va me rendre dingue, si ce n'est pas déjà fait.
- Embrasse-moi encore, je m'entends lui demander.
Il ne se fait pas prier. Au contraire, il passe ses mains autour de mes hanches, me soulève avant de me ramener jusqu'au canapé. Là, il m'allonge délicatement, sans que sa bouche ne s'écarte jamais de la mienne.
- Qu'est-ce que je vais faire de toi ? soupire-t-il avant de passer sa langue sur mes lèvres.
Je pourrais lui poser la même question. Mais pour l'instant, ça me suffit de penser qu'il est comme moi : dépassé par cette attirance entre nous.
- J'ai essayé de résister...
Sa main glisse jusqu'au premier bouton de mon gilet. Il tente de l'ouvrir, sans succès.
- Attends.
Si mes doigts tremblent, je parviens malgré tout à me défaire du vêtement.
- Tu es sûre ? demande James.
Ses doigts glissent vers mon épaule, descendent le long de mon bras avant de se poser sur ma hanche.
- Je crois, oui.
En réalité, j'en suis même certaine.
Comme s'il avait attendu mon autorisation, James glisse sa main sous ma blouse. De la paume, il effleure mon ventre tandis que je dois me retenir pour ne pas gémir.
- Tu es belle.
Ses mots me font monter le rouge aux joues.
- Tellement belle, répète-t-il avant de soulever mon chemisier.
Il se recule ensuite, jusqu'à ce que son visage soit à la hauteur de mon nombril. Là, il embrasse, mordille, grignote chaque centimètre carré de ma peau nue.
- James...
J'agrippe ses cheveux, appuie davantage son visage contre moi. Il laisse échapper un petit rire. Un rire sexy en diable. Un rire qui fait se couvrir mon corps de chair de poule.
- Quelle impatience, me taquine-t-il. On a le temps...
Le retour sur Terre est brutal. Je repousse James avant de me couvrir.
- Le serrurier, je soupire.
- Oh non.
Il se redresse, se passe une main dans les cheveux. Il regarde ensuite sa montre, grogne quelque chose que je ne comprends pas.
À mon tour, je me lève. Je remets ma tenue en ordre, la tête basse.
- Audrey..., commence James.
Mais nous sommes interrompus par la sonnerie de son téléphone.
- Ce doit être le réparateur, grimace-t-il.
Et effectivement, il s'agit bien de lui parce que j'entends James lui dire de monter au troisième.
- Merci, dis-je une fois qu'il a raccroché.
Je lui adresse encore un sourire avant de m'éclipser. C'est peut-être mieux comme ça...
- Je t'en prie, je l'entends murmurer au moment où je referme la porte.
Je ne sais pas pourquoi mais j'imaginais un serrurier bedonnant, la cinquantaine et avec une salopette identique à celle de Mario dans le célèbre jeu vidéo. En réalité, c'est une jeune femme d'une trentaine d'année à peine qui sort de l'ascenseur, un sac à dos sur les épaules.
- Bonjour. Serena Conti, vous avez eu mon père au téléphone.
Sans attendre ma réponse, elle fait glisser son sac sur le palier, s'agenouille à côté avant de farfouiller dedans à la recherche des ses outils.
- C'est mon voisin qui a appelé.
- Ah donc c'est lui que j'ai eu au téléphone il y a un instant.
- C'est ça.
Sans entrer dans les détails, et pendant qu'elle s'applique à forcer ma serrure, je lui explique le vol de mon sac à main qui contenait mes clés, mes papiers ainsi que mon téléphone. À plusieurs reprises je la vois grimacer et je ne peux m'empêcher de me demander si c'est à cause de mon histoire ou de ma porte qui lui donne du fil à retordre.
- Ouais, il y a des gangs de filles qui sévissent en ce moment dans le coin. Ah, tenez ! Voilà.
Elle pousse la porte et je laisse échapper un soupir de soulagement.
- Je change encore le barillet et je vous laisse tranquille.
Je pénètre dans l'appartement puis, sans pouvoir m'en empêcher, fait le tour pour vérifier que tout est en ordre. Lorsque je reviens, la jeune femme est en train de ranger ses affaires.
- Voilà votre facture, dit-elle en me tendant un papier où elle a griffonné le coût de son intervention.
- Je peux vous faire parvenir un chèque d'ici quelques jours ? je demande sans trop d'espoir.
Elle grimace doucement, semble presque aussi embêtée que moi.
- Sinon je peux demander à mon voisin, je propose.
Non pas que j'aime cette idée, mais c'est la seule que j'ai trouvée.
Alors je frappe doucement chez James. Il ne semble même pas surpris de me retrouver là, sur le pas de sa porte. Au contraire, lorsque je lui demande s'il peut m'avancer un peu d'argent, il le fait sans hésiter.
- À une condition, me dit-il pourtant.
- Laquelle ?
J'avoue que j'appréhende un peu ce qu'il va me dire ; notamment parce que la jeune réparatrice est juste derrière moi.
- J'ai mis des lasagnes dans le four. Et je sais que tu n'as pas encore mangé.
- D'accord.
Tandis qu'il s'empare de la facture puis retourne dans l'appartement à la recherche de son chéquier, ma voisine ne peut s'empêcher de m'adresser un sourire complice.
- Je crois que je serais capable de perdre mes clés exprès pour manger avec ce garçon, plaisante-t-elle d'ailleurs.
Je ris à mon tour. Jusqu'à ce que James se matérialise devant moi.
- Voilà votre chèque, dit-il avec un sourire.
Un sourire lumineux. Un sourire que je ne lui ai jamais vu. Aussitôt mon cœur se serre.
La jeune femme nous remercie avant s'éclipser.
- Entre.
C'est ridicule, mais je me sens gauche tout à coup. Comme avant un premier rendez-vous.
- Merci.
J'avance jusqu'au salon. Ce salon dans lequel je me trouvais il y a moins d'une demi-heure encore. Je jette un rapide coup d'œil sur le canapé et, instantanément, je me sens rougir.
- Assieds-toi si tu veux.
J'hésite. Et puis finalement, je le suis jusque dans la cuisine.
- C'est toi qui a préparé ça ? je demande. Ça sent bon.
Il lève la tête et ses yeux croisent les miens. Le silence se fait entre nous.
- Ouais, ça sent bon, finit-il par dire sans qu'il y ait le moindre sous-entendu dans sa phrase.
- Tu veux un coup de main ? Je peux préparer la table. Ou servir à boire. Ou...
- Relax.
Il sort une bouteille de vin rouge de sous l'îlot, s'applique à l'ouvrir tandis que j'observe, fascinée, le moindre de ses gestes.
- Tu en veux ? me demande-t-il ensuite.
J'acquiesce d'un signe de tête. Je le regarde ensuite remplir deux verres, m'en tendre un.
- À quoi est-ce qu'on trinque ?
Il hausse les épaules.
- À Florence ?
- À Florence, je répète distraitement.
Et je sais maintenant avec certitude que notre baiser de tout à l'heure est déjà loin. Que le moment est passé.

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