Je la regarde porter les assiettes sales jusqu'au lave-vaisselle tandis que débarrasse le reste de la table.
- Ça me fait drôle que ton appartement ressemble autant au mien.
- Et ça me fait drôle de te voir ici.
Elle se retourne, passe le revers de sa main sur son front pour en chasser une mèche de cheveux.
- Ouais, aussi, m'avoue-t-elle.
Je souris car même si c'est ridicule, j'aime la voir évoluer dans ma cuisine comme si c'était naturel.
- Pourquoi est-ce que tu souris comme ça ?
- "Comme ça" comment ? je demande avant de m'approcher et l'emprisonner contre le plan de travail où je pose mes mains, de part et d'autres de ses hanches.
Je sais que je fais une connerie. Une monumentale connerie. Mais je ne peux m'empêcher d'avoir envie de l'embrasser.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Je me mets à rire, niche mon visage dans son cou.
- Vraiment ?
Elle sent bon. Quelque chose qui ressemble à du jasmin. Ou peut-être une autre fleur. Elle baisse son visage vers moi et ses joues rosissent.
- Je dois m'y prendre très mal...
Elle sourit. Avant de secouer vivement la tête.
- Tant mieux..., je la taquine.
J'approche mes lèvres des siennes. Parsème le coin de sa bouche de milliers de baisers en même temps que ma main suit la ligne de sa mâchoire, jusqu'à sa nuque. Audrey entrouve la bouche et j'y glisse doucement la langue. Elle a un goût de pêche blanche. Comme le thé glace qu'elle vient de terminer.
Je ferme les yeux pour m'imprégner de sa saveur et des petits soupirs ravis qu'elle laisse échapper malgré elle.
Et puis je me demande... Je me demande comment j'espérais encore pouvoir ne pas craquer. Bien sûr, je déteste les questions qu'elles ne peut s'empêcher de me poser. Je les déteste parce qu'elles font remonter des souvenirs dont je n'ai aucune envie de parler. Des souvenirs qui font pourtant de moi celui que je suis aujourd'hui.
- Audrey.
Elle cligne des yeux, écarte légèrement son visage du mien.
- Oui ?
Son regard reflète soudain un mélange de gêne et d'appréhension.
- Tu dois me promettre quelque chose...
- Quoi ? demande-t-elle d'une voix hésitante.
- Plus de questions sur mon passé.
Elle grimace, tourne son visage vers la fenêtre qui donne sur la terrasse :
- Je crois que j'ai retenu la leçon...
- Hey..., je chuchote en caressant sa joue. Regarde-moi.
Elle cligne des paupières, pivote vers moi. La tristesse et les larmes dans son regard me font l'effet d'un coup de poignard. Je ne veux pas la faire pleurer. Jamais.
Même si c'est inévitable, je songe. Parce que notre rencontre ne doit rien au hasard. Parce que je ne suis pas celui qu'elle imagine : ce garçon qu'elle rencontrerait et qui ne saurait rien d'elle. Rien de son père.
- C'est une période compliquée de ma vie, je reprends en avisant que de son côté, elle ne dira rien. Je n'ai juste pas envie d'en parler, d'accord ?
Elle hoche la tête. Murmure un "d'accord" à peine audible.
- Est-ce que tu aimerais regarder un film ? je demande en sentant qu'elle s'éloigne de moi.
Elle étouffe un bâillement mais me suit néanmoins jusqu'au salon. Là, elle s'assied sur le canapé tandis que je passe en revue l'étagère qui contient mes DVD fétiches, ceux qui ont fait le voyage avec moi jusqu'ici.
- Casablanca ? je propose finalement en avisant la boîte que j'avais sortie hier soir.
- "De tous les bars de toutes les villes du monde, il a fallu qu'elle entre dans le mien"*.
Je me retourne en laissant échapper un sifflement admiratif. D'aussi loin que je m'en souvienne, et sûrement parce que mon grand-père avait participé à l'opération Torch, ma mère a toujours soutenu que quiconque aimait ce chef-d'œuvre était digne d'intérêt.
- "Nous aurons toujours Paris", je récite à mon tour parce que je connais ce film par cœur.
Je lance le DVD, rejoins la place à côté d'Audrey.
- Ma mère adorait ce film, j'ajoute avec une pointe de nostalgie.
Et elle aurait certainement apprécié Audrey.
- Est-ce qu'elle est...
Elle s'interrompt, regrettant certainement son incartade à notre pacte.
- Morte ? je termine à sa place. Ouais.
- Désolée.
- Ne le sois pas, c'est elle qui a choisi de partir. (Je m'interromps, prends une grande inspiration.) Tu sais... je crois qu'il y a des gens qui ne sont pas faits pour cette Terre. Et je crois que c'était le cas de ma mère. Parce que même avec un mari exceptionnel et un fils, elle était malheureuse.
À mes côtés, Audrey ramène ses genoux contre sa poitrine, déglutit avec peine.
- Comment fais-tu ? demande-t-elle.
J'ai un sourire triste :
- Egoïstement, je voudrais qu'elle soit encore là. Qu'elle me guide, me conseille. Mais le fait est que je n'avais ni le droit, ni le pouvoir de lui demander de rester.
- Alessia avait quinze ans. C'était ma meilleure amie.
- Je suis désolé, je murmure en devinant que son amie s'en est allée aussi.
Je ne lui demande pas ce qu'il s'est passé. Je lui laisse juste la possibilité de m'en parler si elle le souhaite.
- Et il y avait ce garçon. Dan. Il a été odieux avec elle. (Sa voix se brise et mon cœur se serre.) Au point qu'un matin, au lieu de se rendre au lycée, Alessia a décidé d'en finir.
Je passe mon bras autour de ses épaules, l'attire tout contre moi. J'embrasse sa tempe avant de chuchoter :
- Je suis tellement désolé.
- J'étais sa meilleure amie. J'aurais dû l'aider.
- Peut-être qu'elle ne voulait pas que quelqu'un l'aide...
Audrey redresse la tête, essuie ses larmes à l'aide de la manche de son pull et je souris malgré moi.
- Toi non plus, tu ne veux pas de mon aide.
- Audrey...
Je la détaille avec indulgence. Elle a l'air si frêle tout à coup.
- Je ne vais pas mourir. Enfin si, mais pas tout de suite.
- D'accord.
- D'accord ? je ris. Tu n'a pas l'air convaincue.
Elle grimace, triture ses doigts :
- Si.
Je comprends mieux ses questions désormais. Ce n'était pas de la curiosité malsaine. C'était juste de l'inquiétude. Une inquiétude disproportionnée certes, mais explicable par ses propres démons.
- Viens là...
Je la soulève, la fais asseoir sur mes cuisses. Je colle ensuite son front contre le mien avant de passer ma main dans ses cheveux.
- Je te promets que je ne vais pas mourir, je lui répète.
Elle se mord la lèvre, semble hésiter.
- Dans ce cas... Est-ce que tu pourrais m'embrasser comme tout à l'heure ?
Je ne me fais pas prier. Au contraire je l'embrasse comme si nos deux vies en dépendaient.
- Encore..., je l'entends murmurer contre mes lèvres.
Mes mains glissent à nouveau vers son gilet mais cette fois, je parviens à l'ouvrir du premier coup. Je soulève ensuite sa blouse, découvre son ventre nu. Elle est sublime. Vraiment sublime.
Je l'allonge ensuite sur le canapé, embrasse ses flancs, son nombril...
- Tu es si belle, je soupire.
Sa peau se couvre de chair de poule tandis que mes doigts se faufilent dans son dos, jusqu'aux agrafes qui maintiennent son soutien-gorge.
Je les ouvre une à une, en même temps que ma bouche remonte jusqu'à la poitrine d'Audrey. À travers le tissu, j'embrasse la pointe dressée de ses seins.
- James...
Elle agrippe mon sexe durci au travers de mon pantalon et je laisse échapper un petit grognement.
- Audrey...
Sa main remonte ensuite jusqu'à la ceinture de mon jean. Ma respiration s'accélère tandis qu'Audrey ouvre le vêtement, le fait doucement glisser sur mes cuisses.
- Tu es sûre ? je demande.
Elle rit :
- Oui.
- Interdiction de se moquer. Sinon...
- Sinon ? répète Audrey d'une voix hachée.
Pour toute réponse, je la fais glisser au bord du canapé avant de m'agenouiller entre ses cuisses.
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Protection rapprochée
RomanceAudrey "La fille de". Voilà à quoi se résume ma vie depuis 21 ans. Et voilà pourquoi j'ai décidé de m'accorder six mois en Europe, le temps de faire le point sur cette existence que je subis, à défaut de la vivre. James DSS. Trois lettres que je vou...