Les mondes se sont croisés

Drago /I/

« Comment le trouver ? »

Martha dévisagea le Docteur de ses grands yeux sombres, à présent voilés d'inquiétude.

« Je le reconnaîtrai lorsque je le verrai, répondit-il. C'est comme ça avec les seigneurs du temps.

- Mais il peut être n'importe qui ! »

Elle regarda à droite et à gauche, comme si elle espérait le trouver dans la foule qui se déplaçait dans tous les sens dans la rue dans laquelle ils se trouvaient. Ils étaient trois : le Docteur, elle et le capitaine Jack Hardness, un agent du temps à ce qu'il prétendait être. C'était d'ailleurs à cause de lui que tout ceci s'était produit : s'il ne s'était pas accroché au Tardis comme un fou furieux, ils n'auraient pas voyagé à la fin de l'Univers et n'auraient pas ainsi permis au Maître, qui s'y était réfugié, de s'emparer de leur machine à voyager dans le temps et de venir sur Terre en ce début de XXIème siècle.

La jeune femme remarqua alors les affiches sur les murs.

« On a manqué l'élection ! Oh non, c'est pas vrai... »

Un haut parleur clamait dans la rue la victoire d'Harold Saxon, de même qu'un écran montrait des images de son élection. Immédiatement, l'étudiante en médecine reconnut sa voix.

« C'est lui ! Je savais bien que j'avais déjà entendu sa voix, nous l'avons tous entendue un millier de fois ! »

Le Docteur fixait l'écran, incrédule.

« Il... il est Premier Ministre...? Le Maître est Premier Ministre de la Grande Bretagne ?! »

L'image montra monsieur Saxon entrain d'embrasser une très belle femme blonde.

« Le Maître et sa femme ?! »

Il n'en croyait pas ses yeux.

La voix du Maître retentit dans le haut parleur : il prononçait un discours.

« Ce pays est malade. Ce pays a besoin de guérir, il a besoin de médicaments... j'irais même jusqu'à dire que ce pays a besoin d'un Docteur ! »

Pendant un bref instant, un sourire psychédélique s'élargit sur ses lèvres, dévoilant ainsi sa vraie personnalité durant une fraction de seconde. L'instant d'après, il ressemblait de nouveau au politicien charmant et sympathique que les Anglais avaient élu.

« On peut dire qu'il a réussi son coup de Maître, ricana Ryuk en regardant Harold Saxon à la télévision.

- Oh, cesse donc avec ces jeux de mots pourris, veux-tu bien ? » fit Drago Malefoy de son habituelle voix traînante et ennuyée.

Ils se trouvaient tous les deux au manoir des Malefoy, en Angleterre, que Drago avait prêté au Maître et à ses alliés pour qu'ils s'en fassent un quartier général et un lieu de réunions. Ryuk, qui était arrivé il y a deux jours du Japon, s'était tout de suite lié de sympathie avec le jeune noble ambitieux, qui appréciait aussi sa présence, malgré son aspect terrifiant. Ils passaient pourtant le plus clair de leur temps à se disputer, ce qui ne manquait pas d'amuser les autres alliés du Maître.

« Tu n'as pas très peur de moi, sorcier, rétorqua Ryuk, je suis tout de même un...

- Un dieu de la mort oui, je sais, inutile de me le rappeler, l'interrompit le blond. Mais tu sais, à force de côtoyer des dieux de la mort et des seigneurs du temps, on finit par s'habituer... d'autant plus que toi aussi tu me dois un certain respect, je suis de la grande et noble lignée des Malefoy ! »

Drago, satisfait de sa réplique, étendit confortablement ses jambes sur son luxueux canapé orné de serpents en argent massif.

« Ce ne sont pas des dieux de la mort ni des seigneurs du temps, mais juste un de chaque, que tu côtoies, fit remarquer Ryuk. De plus, que sa Seigneurie veuille me pardonner, ironisa-t-il, mais je vous ferais tout de même remarquer que la plupart des membres de cette « grande et noble lignée » dont vous provenez sont des adeptes de la magie noire, détestés de tous vos semblables.