Le Docteur /I/

44 4 23
                                    

"Ha ha ha ha ! Es-tu vraiment sérieux, Docteur ? Tu pensais réellement me piéger avec ça ?!"

Le visage dévasté et mutilé de l'interpellé se redressa douloureusement, pour constater que son meilleur ennemi, qui le tenait prisonnier depuis près de six jours, le fixait, hilare. 

Le Docteur se trouvait probablement dans les sous-sols du ministère, enchaîné et plein de sang : après avoir tué Harry Potter, on l'avait torturé pour qu'il révèle ce qu'ils étaient venus faire au Premier ministre, ainsi que pour qu'il leur livre leurs alliés. Bien évidemment, il était resté muet comme une tombe.

"Des Vashta Nerada.... n'empêche, ton plan aurait peut-être pu fonctionner, quelques jours plus tôt, quand j'étais obligé de donner de moi une bonne image de bon Premier ministre et que je restais de longues heures assis à mon bureau à superviser mes plans. Tes adorables petites bestioles auraient peut-être pu alors avoir raison de moi... mais malheureusement pour toi, mon très cher ami, ça ne s'est pas déroulé ainsi : j'ai été absent pendant cinq jours !

Par contre, ma pauvre épouse, elle... enfin, regarde par toi-même !"

Le Maître colla une photo sous le nez ensanglanté du Docteur : un squelette, qui avait bizarrement conservé uniquement ses vêtements. 

"J'ai été terriblement affligé par cette perte, tu t'en doutes bien !"

Sa voix, exagérément pleurnicharde, puait le sarcasme à plein nez.

"Sauf que, mon très cher Docteur, j'ai bien évidemment trouvé une solution... pour la guérir ! N'est-ce pas ironique ? Un docteur qui tue et un tueur qui soigne !"

Le Docteur lui jeta un regard vide : qu'est-ce qu'il racontait ?

"Ça t'intrigue, n'est-ce pas ? Tu ne me crois pas, pas vrai ?"

La voix du Maître était presque un murmure, quand soudain :

"Eh bien, contate par toi-même", hurla-t-il, victorieux.

Une belle femme blonde entra dans la pièce, souriante. La femme du Maître. Elle portait exactement les mêmes vêtements que le squelette sur la photographie.

"Je n'aurais pas dû m'attarder dans le bureau de mon chérie, il m'avait bien dit de me méfier, vous étiez passé par là.... Docteur."

Son sourire était éblouissant.

"Heureusement, Harold est un homme... plein de ressources !"

Le Maître enroula délicatement son bras autour de l'épaule de sa femme, et ils s'embrassèrent langoureusement. Malgré lui, l'image d'un accouplement de limaces s'interposa dans l'esprit du Docteur à la vue de ce spectacle...

Soudain, le seigneur du temps captif s'aperçut de l'objet que le Maître portait à son cou, et qu'il avait à moitié dissimulé sous sa veste. Ses yeux s'agrandirent, son visage prit une expression horrifiée : il avait immédiatement reconnu la nature de ce pendentif en forme d'œil.

"Non.... tu ne l'as pas fait.... tu n'as pas fait ça.... !"

Le Maître se tourna tout de suite vers lui, illuminé par un sourire diabolique. 

"Eh si, je l'ai fait !"

Il s'approcha lentement de son prisonnier enchaîné, jusqu'à une dizaine de centimètres de lui, et murmura simplement :

"Oui, je l'ai fait."

Avant de brandir son pendentif à la hauteur du visage du Docteur.

Il avait la Pierre du Temps.

Tout était perdu.



Les jours passèrent, puis les semaines, et ce fut finalement un mois que le Docteur était enfermé dans les sous-sols. Bien qu'on le nourrît à peine, le Maître semblait tout de même avoir un certain intérêt à ce qu'on le garde vivant. Peut-être était-ce à cause de leur lointaine amitié passée, peut-être par simple sadisme, probablement un peu des deux...

De temps à autre, un écran s'allumait dans un coin en hauteur de la cellule souterraine, et alors, une voix enjouée commentait l'identité des cadavres qui apparaissaient à l'écran : dans la plus grande des discrétions, le Maître avait fait exécuter des centaines de politiciens, sorciers et moldus, haut placés qui refusaient d'adhérer à ses idées. La Ministre de la Magie britannique avait vaillament combattu avant de succomber, aux côtés de son mari et de sa belle-sœur, de même que la directrice McGonnagal que le Docteur avait rencontrée, Kingsley Shacklebolt et Rubeus Hagrid. Les autres avaient réussi à fuir, en protégeant les enfants des victimes, au nombre de trois : les deux fils des Potter et la fille des Granger-Weasley. 

Le Docteur ignorait pourtant toujours tout des plans du Maître : celui-ci avait écrasé uniquement l'opposition la plus potentiellement dangereuse, mais ne semblait pour l'instant pas instaurer d'empire ou de dictature à la tête duquel il serait. Il agissait étonnamment prudemment pour quelqu'un qui avait acquis un pouvoir aussi extraordinaire que celui de la Pierre du Temps.

Et puis, soudain, dans ce silence obscur.... il y eut comme un déchirement. Le Docteur le sentit plus qu'il ne l'entendit, et il frissonna violemment. Quelque chose d'impossible venait de se produire, à quelques pas de lui...

"Hum... bonjour ! Excusez-moi, mais où.... ? Vous allez bien, monsieur ?!"

Quelqu'un se précipita vers lui. Le Docteur, abasourdi, entrouvrit la bouche en voyant l'individu : comment ce jeune homme avait-il pu pénétrer dans cette cellule ? Sans entrer par la porte ?! 

Quelque chose miaula à côté du jeune homme, qui fixait d'un œil médusé les chaînes du Docteur. Un chat ! Un immense chat sauvage !

Que s'était-il passé ?!



FIN DE LA PARTIE I

Les mondes se sont croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant