Prologue de la Partie I

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PARTIE I


Pas la moindre brise n'agitait les feuilles, et pourtant, Will sentait un vent glacé contre sa joue. C'était une configuration inhabituelle, surtout pour un jour d'été...

Will baissa les yeux à côté de lui et croisa le regard d'un gigantesque chat sauvage. Dans ses yeux ambre se lisait la même inquiétude que ressentait le jeune homme. Après tout, c'était normal, puisqu'il s'agissait de son daemon, son âme.

« C'est étrange, fit le chat. Je sens que quelque chose ne va pas. Toi aussi, n'est-ce pas ? »

Après quelques instants de silence, le jeune homme lui répondit :

« J'ai un très mauvais pressentiment, Kirjava. »

Ils marchèrent pendant quelques minutes sans prononcer une parole. Will avait toujours froid, et pourtant il voyait autour de lui des passants s'éventant à cause de la chaleur suffocante. Il s'enfonça dans la petite ruelle bordée de buissons qui le menait chez lui. L'air était de plus en plus glacé.

Soudain, sans aucun signe annonciateur et à sa grande épouvante, il ressentit un mal de tête intense et sa vieille blessure à la main, celle à laquelle il lui manquait deux doigts depuis ses douze ans, le brûla. Aveuglé de douleur, il s'effondra à genoux et sa vision se brouilla.

Des images vinrent alors brutalement à son esprit, des images bien familières, puisqu'il s'agissait d'un pan de sa vie qui se déroulait de manière très détaillée et extrêmement rapide devant ses yeux. Une partie de sa vie qu'il s'était promis d'oublier, malgré le bonheur que lui procurait le fait de l'avoir vécu. La partie de sa vie durant laquelle il avait connu Lyra Parle d'Or.

Et quelque chose s'implanta avec netteté dans son esprit.

Un est Douze et le Treizième est Un

Dilué par milliards en tout un chacun

Pourtant Douze des Treize plus forts persistent

Par eux en partie est dû ce qui existe.

Ces mots demeurèrent en lui, aussi foudroyants que la foudre elle-même.

Kirjava se tourna vers lui, elle aussi atteinte par son soudain malaise, et murmura d'une voix rauque ce qu'il savait déjà :

« Une fenêtre a été rouverte ! »

Les mondes se sont croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant