XIV

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Suite à son réveil forcé, la jeune femme ouvrit les yeux. Devant elle, une grande pièce au sol en damier noir et blanc, aux élégants murs noirs, aux grands lustres dont les bougies étaient allumées d'un feu bleu éclairant ainsi les grands et majestueux escaliers en marbre, de part et d'autre de la grande porte ouverte sur une pièce continuellement plongée dans l'obscurité. 

Encore... pensa-t-elle

Elle tenta de bouger, sans succès. La tâchetée était toujours attachée sur cette chaise. Elle sentait ses poignets et ses chevilles écorchés, laissant la chair à vif. Malgré ça, on ne l'avait pas détachée. Laissant ladite chair frotter encore contre les cordes beaucoup trop serrées. En relevant la tête, elle rencontra les habituels yeux bleus. Satan était encore là aujourd'hui pour la torturer. Elle était épuisée, physiquement et psychologiquement. Dans sa torpeur tortionnaire, elle entendait parfois Princesse aboyer de l'autre côté

L'autre côté, c'était ce qui permettait à Ayame de tenir. Ce qu'elle vivait n'était pas réel, elle le savait. On ne pouvait pas rester si longtemps sans boire et manger. Alors elle avait déduit qu'en réalité, c'était son esprit qui était torturé, et non son corps. Alors, elle tenait. Elle se disait que tout le monde attendait son retour, Princesse y comprit. Alors pour eux, elle devait résister. Et l'idée de pouvoir à nouveau se jeter dans un lit confortable, avec Dabi faisant office de couette chauffante était ce qui faisait encore et toujours briller ses grands yeux verts. C'était ses souvenirs heureux avec tout le monde qui pansaient ses blessures, et étanchaient sa soif de sommeil. Et voilà qu'elle se sent parfaitement éveillée, tous ses sens en attente, ses blessures nouvellement guéries. 

Le dirigeant des enfers se demandaient vraiment comment elle faisait. Toutes les autres avaient déjà craquer, lui hurlant de les tuer. Mais cette rouquine résistait. Chaque jour, elle se guérissait seule, puis le regardait droit dans les yeux, sans ciller. Bien sûr, il y voyait une peur incommensurable, elle était seulement humaine. Mais quelque chose dans son esprit la maintenait en vie. Amusé, il commença son rituel quotidien. Ses hurlements semblaient être plus fort, le jour là. Evidemment, qu'ils étaient plus fort. Depuis combien de temps vivait-elle ça? A travers ses hurlements qui lui déchiraient la gorge, elle essayait de communiquer avec l'autre côté. Si elle criait assez fort, l'entendraient-ils? Peut-être l'avaient-ils amenée dans un hôpital, pensant qu'elle n'était que comateuse? Que se passerait-il s'ils l'entendaient? 

Et dans ces interrogations, la nouvelle routine de la tâchetée commença. Ongles arrachés, éléctrochocs, privation de sens. La journée n'était que peu remplie, cette fois là. La privation de sens dura un long moment. Un long moment où elle se crut morte. Alors, elle avait cessé de hurler. Peut-être l'était-elle? Elle avala malencontreusement de travers. Alors non, elle n'était pas morte. Elle pouvait toujours respirer. Alors Satan avait abandonné, et recommencer à la frapper sans pauses. Puis il la brûla au fer rouge, à divers endroits. Ah, ses grands yeux si déterminés étaient à présent remplis de larmes. Elle avait mal, terriblement mal. Mais après tout, elle était vivante. N'est-ce pas lorsque l'on est au seuil de la mort que l'on se sent le plus vivre? Ah, certainement. 

Une fois ennuyé, le roi du monde souterrain s'en alla. Lui offrant du répit. Alors, elle fermait les yeux. Et entendait des voix. Ces voix qui l'encourageaient.

"Ayame!"

"Ayaya!!

"Tiens bon, on est là!"

"Tu ne dois surtout pas flancher!"

"Tu peux le faire, on n'attend plus que toi!"

"Reviens moi vite... Tu es partie depuis trop longtemps..."

"Aller, belle soeur! T'es une femme forte ou pas?! J'ai confiance en toi!"

"Hum... Onee-san... Dabi m'a dit que tu étais malade... Alors... Je suis passée, haha... Il n'est pas là, Princesse non plus... Je pense qu'il est parti se promener! Papa m'a dit de lui rapporter des nouvelles... Donc, je vais lui dire que tu as beaucoup de température... Il s'est séparé de maman, tu sais? Du coup, nous, on reste avec lui. Y'a que Hime qui est partie... Tu sais, Dabi il est vraiment déprimé... J'ai l'impression qu'il croit que tu vas mourir! Mais tu peux pas mourir d'un peu de température, hein? Haha! C'est idiot! Il s'inquiète un peu trop, je crois... Enfin bon, je dois y aller, appelles moi quand tu iras mieux, nee-san!"

Brutalement, elle ouvrit les yeux. Elle n'avait plus mal. Elle n'était plus serrée. Elle était assise par terre. Il était là, souriant largement. Ayame jeta un coup d'oeil aux alentours, rien. Personne. Pas de chaise, pas d'instruments. Alors, elle se leva, en frottant son poignet droit de sa main gauche. 

-Alors, Ayame Tsuri-chan! Tu as bien dormi, aujourd'hui? Tu as meilleure mine que d'habitude! Je suppose que tu as fait de jolis rêves! Aaaaaaah~ De jolis rêves~ J'espère que tu en as bien profité! Il s'agit de la dernière fois que tu en fais! Nous sommes arrivés au septième jour! Tu sais ce que ça signifie? Que tu vas mourir! Bah oui, ne me regardes pas comme ça enfin. Personne n'a jamais résisté! Mais j'avoue que parmi les amantes de mon fils, tu es bien la seule a avoir tenu jusque là. Je te dois le respect. Je vais te tuer dans les règles de l'Art. Je veux que ce soit gravé dans les annales! Dabi se rappellera si longtemps de toi! Je veux pouvoir en faire de même! s'exclama l'homme

La susnommée déglutit. Il voulait la tuer? Sans armes? Ah, les règles de l'Art. Avec ses mains uniquement, il allait sûrement la faire souffrir. Elle se mit à réfléchir. Comment faire pour absorber cette force inconnue qui la retenait ici? Peut-être devait-elle trouver un objet? Un artefact? Devait-elle fuir? Rester ici? Imaginer quelqu'un qui se battrait à sa place? Devait-elle le supplier? Si elle priait pour sa vie, la laisserait-il partir? Ou bien... Devait-elle lui proposer des... Choses? A cette idée, elle secoua la tête. Quand bien même elle était perdue, elle n'irait pas à cette extrémité. Même si elle devait se suicider pour ne pas avoir à vivre ça, elle le ferait. 

Avant qu'elle ait pu réfléchir, il lui asséna un coup de poing assez violent au ventre, l'envoyant quelques mètres plus loin, dans un horrible craquement. Elle sentit le goût métallique envahir sa bouche, alors elle cracha. Une masse déjà assez importante de sang sur le sol bicolore.

-Bien... Commençons. dit-il, sadiquement

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1053 mots mes enfants c:

Tenshi to AkumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant