MAUVAIS DÉPART

17. ÉTREINTE

Pendant notre appel, Mona m'avait appris qu'Erwan avait une relation avec une autre pendant tout ce temps. Des amis en commun avec lui lui avaient affirmé qu'il sortait avec une fille, et après avoir mené son enquête, elle avait fini par trouver son compte instagram, où figuraient pleins de photos d'eux deux avec des citations plus niaises les unes que les autres.

Je ne voulais pas y croire, mais j'avais en face de moi des preuves irréfutables ; J'avais eu des sentiments pour un homme qui en avait pour quelqu'un d'autre...

Les larmes montaient de plus en plus. Dès notre conversation finie, je me précipitai dans les toilettes en esquivant le regard de toutes les personnes que j'aurai pu croiser.

J'étais dans le couloir qui menait aux toilettes, par chance, il était vide.

Malheureusement, une voix masculine m'interpella derrière moi.

... : Hey !

Je ne le calculai pas et continua à marcher en pressant le pas. Ce couloir me sembla soudainement beaucoup plus long que d'habitude.

Les pas de l'homme se rapprochaient quand même.

... : Allô, m'appela-t-il encore en l'attrapant le poignet.

Je me retournai et fis face à cet homme, Kylian. Il m'observa une demi-seconde. Je devais avoir les yeux rougis et le visage décomposé.

Kylian : Qu'est-ce que t'as ? Ton mec t'as trompé ou quoi ? dit-il sarcastiquement.

Moi : Si c'est pour me dire ça, fais comme d'hab' : ignore moi, c'est beaucoup mieux, répondis-je faussement sûre de moi.

Je me dégageai rapidement de son emprise et me faufilai dans les toilettes des femmes, en prenant soin de claquer la porte derrière moi.

Je m'accoudai contre le lavabo, mes doigts me massaient la tempe et j'essayais de me calmer. Une larme finit quand même par couler mais je l'essuyai vite en entendant la porte se rouvrir.
C'était encore lui.

Je le regardai dans le reflet du miroir et n'osais pas affronter son regard. Il s'appuya contre le mur à ma droite et de gratta la nuque.

Kylian : Sérieusement, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il calmement.

Moi : Bah t'as deviné, Sherlock, lui lançai-je agressivement.

Il répondit par un petit « oh » et un silence gênant s'installa. Nous n'entendions que mes reniflements.

Quelques longues secondes après, il se leva et fit un pas vers moi.

Kylian : Je... je pensais pas que... enfin de base c'était une blague...

Moi : Pas très drôle, renchéri-je.

Kylian : Je sais, désolé, s'excusa-t-il sincèrement, j'suis un con... et lui c'est un fils de pute.

Sa remarque me fit sourire légèrement et j'essuyai une larme sur ma joue avant de me redresser et de m'observer dans le miroir. J'étais pathétique.

Kylian : Il te mérite pas, affirma-t-il en s'approchant encore de moi.

Il plaça ses doigts sur mon menton pour planter son regard dans le mien mais d'un geste presque machinal je reculai.

Il recula lui aussi d'un pas et soupira.

Kylian: Désolé, je... c'est pas le moment.

Il se prit la tête entre les mains puis se mit à marcher lentement. Je le regardai en fronçant les sourcils, sans comprendre sa réaction.

Kylian : J'suis sur qu'elle est même pas belle en plus, dit-il en se retournant vers moi.

J'esquissai un sourire en coin et le regardai pour la première fois.

Moi : Baaah, la beauté c'est subjectif, déclarai-je en haussant les épaules.

Kylian : Ok, donc elle est cheum, affirma-t-il.

Sa conclusion me fit rire. Je reniflai une dernière fois et me passai de l'eau fraîche sur le visage.

Moi : Merci, lui fis-je sincèrement en le retournant vers lui.

Il me regarda longuement dans les yeux. Son regard me déstabilisait énormément mais je gardai mon regard dans le sien, espérant une réponse de sa part.

Kylian : Allez, viens là, me demanda-t-il en ouvrant ses bras.

Mes yeux faisaient des vas et viens entre son visage et ses bras ouverts mais je finis par venir me blottir contre lui.

Cette étreinte était à la fois bizarre et rassurante. Il le caressait le dos avec son pouce pendant que mon visage était enfoui dans sa nuque. Il sentait fraîchement le gel douche, certainement parce qu'il sortait des vestiaires. Cette odeur était plutôt apaisante et je fermai les yeux quelques secondes pour profiter de l'instant.

Derrière moi, j'entendis la porte s'ouvrir et nous nous écartâmes brusquement. Une femme en tailleur entra et dévisagea Kylian.

Kylian : J'vais y aller, dit-il, Noa t'attends à l'intérieur.