6-Pourquoi tu fumes ?

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*Lui*

-Une clope. fit elle d'une voix endormie. 

-Quoi "une clope" ?

-J'ai besoin d'une clope. 

-T'es sérieuse ? Il est neuf heures du matin et on est dimanche, le dimanche matin je me lève pas avant onze heures minimum alors tu la ferme et tu me laisse dormir. 

-Alors de un, oui je suis sérieuse. De deux, t'es dans MON lit alors c'est moi qui décide. 

-Ouais...Nan. Dors. 

-Donne moi une cigarette Thomas. 

-OK, tiens. 

-Imbécile, une cigarette ET un briquet. Je fume comment sinon ? 

-T'as demandé une clope pas un briquet. Bah, tu fumes pas. 

-File moi mon briquet bordel. Arrête de faire chier Tom. 

-Nia nia nia. Tiens ton briquet. Par contre tu dégages tu fumes pas à côté de moi. 

-D'abord je fais ce que je veux. Ensuite tu te lèves et tu t'en vas sans parler de rien à qui conque. OK ? 

-Non.

-Quoi ?

-J'ai dit non. Je suis là, j'y reste. Point. Faudrait que t'arrête de t'empêcher de vivre tes émotions en me virant à chaque fois. 

-Quelles émotions imbécile ? 

-Chais pas. L'amitié, la joie tout ce qui ne concerne pas la dépression. 

-Je suis pas dépressive !

-Ecoute, tu t'empêches de vivre, je te le dis c'est tout. Maintenant tu me laisses dormir j'ai trop réfléchi là. 

-Pff ?!

*Elle*

Je le regarde se retourner, prêt à se rendormir. Il a les cheveux emmêlés, ce qui lui donne un espèce d'air craquant. Ses yeux sont bouffis par la fatigue. 

Je me lève lentement et m'approche de la fenêtre de ma chambre. J'allume ma cigarette en pensant aux paroles de Thomas. Je tire dessus, la nicotine me brûle doucement la gorge et le sentiment de plaisir enveloppe mon corps. Je me retourne en entendant un bruit de... ronflements. Je manque de m'étouffer en contenant un rire. Il ronfle la bouche ouverte un mince filet de bave s'échappant de ses lèvres. Je me précipite vers mon téléphone pour capturer ce moment. 

La réalité me frappe en plein fouet. Je suis en train de m'attacher à lui. Je ne dois pas.

*8 ans auparavant*

J'avais huit ans, je venais de finir mon premier jour de CE2. J'étais encore une enfant heureuse, qui croyait au Père Noël, et en l'amour. Mes parents s'aimaient, leur amour était idyllique. Ils avaient deux petites filles. Ce soir là, ma sœur et moi attendions impatiemment nos parents -qui depuis que nous étions petites venaient nous chercher à l'école- pour leur raconter notre belle journée. Nous étions jeunes et encore insouciantes. Alors, nous sommes parties toutes les deux en direction de la maison. L'accueil qu'on nous réservé fut bien moins beau que ce à quoi nous nous attendions. Une ambulance et deux voitures de police étaient garées devant chez nous. 

-LES FILLES N'ENTRAIENT PAS ! Hurla mon père, affolé. 

Mais, nous étions jeunes et rebelles. Alors, nous entrâmes. 

Ma mère était dans le salon. Cela aurait pu être normal. 

Sauf qu'elle était sur le sol, dans une marre de sang. 

La police entra, mon père avait des menottes. Mon père avait tué ma mère. Ce fut l'évidence qui me frappa. Pourtant quand il s'agenouilla auprès de nous et nous dit "Mes bébés, je n'ai pas tué maman. Elle était mon amour ce n'est pas moi. C'était un suicide. Papa vous aime...", je le crus. Si il me disait qu'il n'avait pas tué maman c'est que c'était vrai. Mais la police l'emmena. Un officier s'approcha et nous dit 

-Vous allez être prises en charge ne vous en faites pas c'est fini.

Mais non, ce n'était pas fini. C'était même loin d'être fini. L'image de ma mère hanterait mes pensées pendant des années encore, je le savais. L'officier me regardai, et je me mis à pleurer. A pleurer pour la fin de l'enfance heureuse, pour la fin de l'innocence, de l'insouciance. Je pleurais parce que je voyait enfin la noirceur de ce monde. Je pleurais car je savais qu'au fond de moi j'allais mourir. Ce fut à cet instant que je me fis cette promesse 

"Ne t'attache plus à personne, tu ne souffrira plus."

*Retour au présent* 

Je reviens brutalement à la réalité en sentant un coussin s'écraser dans mon dos. Je lâche un grognement en me retournant. Thomas, toujours très spirituel bien sûr, se cacha sous la couette.
-Sérieusement ?

- Uhm tu me parles No ? 

-Espèce de profond imbécile.

-Hé ! No, je peux te poser une question ?

-Oui ? 

-Pourquoi tu fumes ?

Sa question me coupe le souffle. C'est vrai pourquoi je fume ? C'est vrai, je suis addict. Mais pourquoi ai je commencer. Pourquoi ai je voulu ça. Je le sais. Mais jamais je ne dirai quoi que ce soit. Jamais personne ne saura mon secret, alors comme seule réponse j'explose de rire en sentant une sorte d'étau me serrer la poitrine. Parce que je ne peux plus continuer à m'attacher. Parce que je vais le blesser. Parce que je vais me blesser. Parce qu'il va souffrir. Parce que je refuse de le faire tomber aussi bas que je suis tombée. Parce qu'une folle dépressive n'as pas le droit de tomber amoureuse d'un garçon heureux.  


A

**

Eheh ! 

Ce chapitre est un peu spécial. Mais TRES important pour la suite de cette histoire. 

J'espère que vous aimez ! 

Bisous 

Ju' ❤

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