-Adieu Nate !, ce fut les derniers mots qui traversèrent ses lèvres suite à ma longue tirade pour lui faire comprendre que prendre cette décision était dur pour moi aussi. Sans tourner le regard vers moi une seule fois, elle traversa la grande route menant à l'hôpital fann et courut vers le car rapide qui venait de s'arrêter à l'entrée de l'université Cheikh Anta Diop. N'ayant pas le courage de lui courir après alors que je l'avais tant fait pleuré je regardai le car se remplir rapidement avant de démarrer rapidement vers le casino Sahm. Plus il s'éloignait et plus mon coeur se remplissait de tristesse. C'est difficile à comprendre pourquoi je me sentais si mal alors que j'avais pris la décision de la laisser partir.
Peut-être est-ce dû à son chagrin ? Ou est-ce de la culpabilité ? Ou même du regret ? Seul le futur nous le dira.
Je retournai doucement à la brioche, régler la facture de notre consommation avant de sortir, toujours aussi déboussolé que le matin quand j'avais décidé d'en parler à ma mère. Ai-je fait le bon choix ? Quels sont les sentiments qui m'animent face à Houda ? Et quels sont ceux qui m'animent face à Daniella ? Dilemne. Gros dilemne. Confusion et tristesse se disputaient mon humeur. Et sans trop réfléchir je me mis à marcher en direction de ma maison, espérant qu'en route j'aurai un éclair de lucidité et qu'enfin je saurai quoi faire car il faut le dire je ne ressens pas le soulagement que j'étais sensé ressentir quand on a pris la bonne décision.
Je marchai lentement, le dos voûté, les mains calées dans mes poches et même les oreilles sourdes aux klaxons des véhicules.
Comme un automate, j'étais prisonnier dans un autre monde où tout entre moi et Houda revenait en boucle dans mon esprit. Depuis notre première rencontre au Ghana jusqu'aujourd'hui, tout défilait sans cesse. Je me sentais bizarre comme si une partie de ma chaire m'avait été enlevée. Qu'est-ce que j'ai fait au juste ?, me questionnai à nouveau. .
Sans trop savoir comment et dans un état second j'arrivai chez moi. Daniella était absente. Tant mieux. Une migraine me menaçait déjà et avec le trouble que je ressentais, affronter ses questions ou ses regards interrogateurs ne me tentaient pas du tout. Je me débarrassai au salon de mes chaussures, partis me servir un verre d'eau et je me dirigeai vers notre chambre où poussé par une impulsion je sortis mon téléphone pour envoyer un message d'excuse à Houda tout en m'allongeant sur le lit.
-«Je suis désolé de t'avoir blessée», lui avais-je écrit en premier.
-«C'était comme je te le disais, une décision difficile à prendre pour moi et peut-être aurais-je dû réfléchir longtemps avant de te donner mon point de vue car ça m'a peiné de te voir triste. Cela est une maigre consolation mais je tiens à ce que tu saches que tu as été un véritable coup de coeur pour moi et que je ne cesse de penser à toi. Je suis même confus».
Le premier de mes messages avait été lu comme l'indiquait l'application whatsapp mais le second non car il n'avait pas été coché comme le premier avec deux marques bleues.
Elle s'est sûrement déconnectée, me convins-je alors qu'une voix intérieure me soufflait d'autres alternatives.
J'attendis environ quelques minutes mais rien et je finis par m'endormir, très pensif, espérant qu'à mon réveil nous pourrons peut-être échanger un peu et que ma conscience arrêterait de me torturer...