Part XXXVI

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Esméra

-Tu comptes rester encore ce soir seule dans le noir à te goinfrer de pop corn et de glaces alors que ton frère et moi nous sortons nous amuser au sea plaza ?, questionnai-je Houda alors que je venais d'ouvrir la porte de sa chambre et que je la découvrais émistoufler entre ses couvertures, le pc en face d'elle, une boîte de glace et des pop corn à côté.
Sans lever les yeux vers moi, elle acquiesça de la tête tout en poursuivant sa manoeuvre consistant à se trouver un bon film romantique où elle pourrait pleurer son saoul.
Depuis déjà un mois,  c'était devenu sa routine. Plus Malik et moi, nous l'invitons à sortir et plus elle déclinait notre proposition, prenant soin de s'enfemer dans la chambre pour s'appitoyer sur son sort. Sa chambre c'était devenu son refuge et il faut le dire, cela depuis qu'elle s'est effondrée en pleures au restaurant en voyant une fille, embrasser langoureusement son petit ami alors qu'elle découvrait la surprise qu'il lui avait préparé pour son anniversaire. Malick et moi, étions non seulement embarassés par ce flot de larmes que nous avions décidés de rentrer mais aussi peinés par sa douleur face aux marques d'affection, que nous n'en montrons plus l'un envers l'autre devant elle.
Depuis ce jour, elle avait toujours décliné nos invitations à sortir et cela sans qu'on puisse rien trouver à dire pour la convaincre. Plus les jours passent et plus je désespère de la retrouver un jour avec sa bonne humeur et sa beauté d'antan. L'épave qu'elle était devenue, portait le nom de Nathaniel. Ce salopard que je déteste plus que tout de m'avoir ratatiné ma meilleure amie et à qui j'aurai voulu infliger toutes les peines du monde.
Nombre de fois il a essayé de la joindre pour s'excuser et nombre de fois je l'ai rabroué quand je le rencontrais sur le pas de la porte de notre immeuble. À chaque fois qu'il avait eu le cran de passer, la providence avait voulu que je sois là pour l'éconduire. Une fois même j'ai été jusqu'à le menacer de dire à Malick qu'il passait harceler Houda pour le dissuader de remettre les pieds chez nous.
C'était un samedi. Je venais de rentrer de chez la coiffeuse de notre quartier quand je l'ai vu marcher en direction de l'appartement. J'ai couru l'intercepter mais il était déterminé à passer outre mes avertissements alors sans réfléchir je lui avais avancé cet argument qui l'avait stoppé net et qui avait dû faire mouche car depuis je ne l'ai plus vu. Connaissant Malick, super protecteur avec sa petite soeur il savait qu'il n'aurait aucune chance de retourner sain et sauf chez lui après ce qu'il lui avait fait.
Quant à son numéro je l'avais réenregistré sous le pseudo de vieux croûton, un numéro déjà préenregistré dans son phone que j'avais dû supprimé pour pouvoir utiliser le pseudo, tout en gardant son numéro sous liste bloqué dans le phone de Houda. Un exploit que j'ai d'ailleurs réussi car, un jour, malgré sa détermination et ses résolutions contre Nate, elle avait voulu craquer en lui envoyant un message. Sans trop de cérémonies, je lui avais menti que je l'avais supprimé de son téléphone, soulevant au passage son mécontentement  mais j'avais quand même réussi à la dissuader de lui donner signe de vie, argumentant qu'il s'en foutait d'elle.
Aujourd'hui,  je pense lui avoir fait lâché prise par rapport à Nate mais je ne crois pas avoir réussi à l'aider à surmonter ses échecs sentimentaux. Il est donc temps d'y remédier.
-Jeune fille, lancai-je, d'un ton déterminé, tu vas sortir de ce lit, ranger tous ces trucs dont tu te goinfres et prendre la direction de la douche. Tu te laveras, te maquilleras et t'habilleras car tu viens avec nous et ce n'est pas discutable.
-Naaaaan, je ne veux pas, protesta-t-elle tel un enfant en se recroquevillant dans son lit.
-Je m'en fiche que tu veuilles ou pas, dis-je en tirant sur sa couette. On sort, point final.
Malick choisit ce moment pour venir m'appuyer dans mes propos.
-Habille-toi Houda. Tu sors avec nous aujourd'hui et c'est sans appel.
Elle jura bassement en pestant mais ne trouva rien à faire que de se diriger vers la salle de bain, au moment même où je lui choisissais une tenue de sortie.
Trente minutes plus tard, elle était fin prête et elle avait plutôt bonne mine. Nous sortîmes prendre un taxi en direction du sea plaza et je n'espérais qu'une seule chose: qu'elle puisse s'amuser pour une fois et que la soirée ne soit pas un fiasco...

Une seconde chance pour aimer  [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant