Part XXXI

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-Il faut qu'on arrête de se voir...
-Haaan !, fis-je, étonnée par cette nouvelle.
Mal à l'aise, Nate peinait à me regarder. Il gardait baissé son regard sur sa tasse toujours pleine de café.
Sonnée, moi j'avais arrêté de déguster ma glace et je le fixais, espérant secrètement qu'il me dise que c'était une farce. Ce n'est quand même pas possible qu'il me fasse l'amour la veille de façon si explosive pour finir par me larguer aujourd'hui. Ce n'est pas envisageable. N'est-ce pas ?
Je pensais avoir vécu une relation particulière avec lui pour prétendre à une rupture un peu plus digne. Il est vrai que nous n'étions pas en couple et qu'on peut qualifier notre relation d'ambigüe ou même de sexuelle, si on la considère depuis le début, mais de là à me faire le coup de "je te baise aujourd'hui et je te quitte demain", là c'en est trop pour moi.
Cédant à la colère qui commençait à me gagner peu à peu alors que Nate gardait toujours le silence, je tapai violemment sur la table d'un coup de poing en m'écriant:
-Tu comptes me parler ou me cracher juste cela avant de disparaître encore dans la nature ?
Il sursauta en sentant mon coup de poing sur la table et commença à bredouiller un tas d'excuses ou plutôt de trucs que je n'arrivais plus à écouter, tellement j'étais énervée et perdue dans mes pensées.
Me murmurant qu'il n'y avait plus rien à faire, face à une nouvelle si bouleversante, je me saisis de mon sac jusque là posé sur la table pour me précipiter hors de cet endroit qui désormais ne serait pas mon préféré.
Je fus bousculée par une fille en furie venant dans ma direction mais ne fis pas attention. Sans traîner, je filai, le visage baigné de larmes vers la chaussée pour la traverser, portée juste par mon instinct qui me dictait de fuir très loin de là.
Je fus freinée dans ma course par une main me tirant en arrière, m'évitant d'être bousculée par le car de transport en commun qui venait de démarrer.
Choquée au maximum, je m'effondrai en sanglots dans les bras de mon sauveteur qui n'était autre que Nate.
-la la la...murmurait-il au creux de mon oreille, essayant de m'apaiser. Calme-toi.
-Me calmer ?, le questionnai-je entre deux sanglots. Après ce que tu me fais ?
-Ce n'est pas ce que tu crois..., laissa-t-il tomber.
-Ah ouais ? Et selon toi qu'est-ce que je crois ?, posai-je, en reniflant.
-Houda je n'ai pas joué avec toi si c'est ce que tu penses,  débuta-t-il en prenant mon visage en coupe.
Depuis ce jour que je t'ai vu à Accra j'ai été attiré par toi et même si jusque là je n'arrivais pas à mettre un nom sur ce que je ressens, crois moi, je t'ai toujours respecté et en aucun cas mon intention n'a été de te blesser. Et si actuellement je le fais en te disant ces mots pardonne moi sincèrement. Mais tu es arrivée dans ma vie à une époque où j'avais déjà fait le choix de m'engager avec une fille que j'aime et apprécie. Tu as été une bouffée d'air frais pour moi et je n'ai pas su résister à la tentation. Je croyais juste flirter durant un week-end mais ça a été très vite et me voilà aujourd'hui plus perdu que jamais par les sentiments que tu m'inspires. Si aujourd'hui je t'annonce qu'il faut qu'on arrête de se voir c'est parce que malheureusement je prend en compte certaines contraintes telles que la réligion, le niveau intellectuel et aussi ma relation avec Danielle. Pas parce que je suis un homme sans coeur et que tu étais mon coup du moment. Tu représentes plus à mes yeux, faut que tu le saches mais l'univers n'est pas un moulin à exaucer des voeux et nos désirs ne sont pas toujours réalisés. J'espère que tu le comprends.
Reniflant encore plus bruyamment, je m'évertuai à stopper le flot abondant de larmes qui coulait sur mon visage, alors que j'essayais de saisir la portée des paroles de Nate. Est-il en train de me faire une déclaration d'amour alors même qu'il me largue ?
Hummmm... Dans quelle histoire ambiguë me suis-je encore mise ?

Une seconde chance pour aimer  [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant