le journal intime d'une indienne : reva part II

Partie 28

Adam

Tout doucement, mais sûrement, Reva commence à ressentir à nouveau ses jambes. Même si elle ne marche toujours pas, je vois ça comme un progrès énorme. C'est incroyable de voir comment elle continue à se battre chaque jour, comme si rien ne pouvait l'arrêter. Les entraînements qu'elle se donne sont intenses, rien à voir avec les petites séances de rééducation douces que j'avais imaginées. Non, elle veut vraiment retrouver son autonomie. Elle en a besoin, je le sens. J'admire sa force de volonté. Je n'arrive même pas à comprendre comment elle arrive à tenir le coup, jour après jour, sans jamais se laisser abattre.

Et maintenant, tout semble enfin se stabiliser pour elle. C'est une phase plus calme. Reva progresse, et moi, j'ai pu reprendre le travail. J'ai pris soin d'engager une infirmière à plein temps pour s'occuper davantage d'elle, mais elle me menaçait presque tous les jours de repartir travailler. Comme Carmen, d'ailleurs, qui me pressait aussi de revenir au bureau. Elles ne comprenaient pas pourquoi j'avais besoin de rester là avec elle, mais c'était essentiel pour moi, pour nous.

Je commence à aimer cette nouvelle dynamique. Nous sommes comme une vraie famille, un vrai noyau, avec mes deux fils et Reva. Même si je ne sais toujours pas comment qualifier exactement notre relation, je sais une chose : on se soutient, on se comprend. Il ne manque plus que ma petite princesse Sarah pour que tout soit parfait. Une famille complète. J'y pense souvent.

Aïdan, avec son regard pétillant, brise mes pensées.

Aïdan - Papa, je peux dessiner sur les feuilles ?

Je tourne la tête vers lui. Il pointe du doigt les feuilles éparpillées sur mon bureau, couvertes de chiffres et de graphiques que je devrais analyser. Je sais qu'il ne va pas toucher à tout ça, mais il ne manque jamais une occasion de me poser des questions ou de me demander des autorisations.

Moi - Sur ces feuilles-là, peut-être pas... mais je vais te donner une toute nouvelle feuille.

Je le vois sauter de joie en entendant ça. Ce petit est un vrai plaisir à avoir près de soi. Si vous me voyez avec Aïdan dans mon bureau, c'est simplement parce qu'il est le portrait craché de sa mère. Un petit ange qui sait parfaitement comment se faire pardonner, même quand il fait des bêtises. Il m'a fait croire qu'il était malade. Il m'avait dit qu'il avait mal au ventre, et comme un idiot, je l'avais conduit chez le médecin. En chemin, il m'a avoué, avec son petit sourire innocent :

"Papa, je ne suis pas vraiment malade, mais tu crois qu'on peut manger des cookies au chocolat pour me faire pardonner ?"

Je n'avais rien pu répondre à ça, à part le regarder avec étonnement. Ce petit génie de la manipulation avait réussi son coup. Je rigole encore quand j'y pense.

Donc voilà, Aïdan est assis sur mes genoux, avec une feuille toute neuve, en train de dessiner. Moi, je suis là à rattraper le retard accumulé avec toutes les analyses des entreprises concurrentes. Je suis plongé dans mon travail, mais j'ai du mal à me concentrer quand je vois Aïdan me regarder avec ses grands yeux pleins d'admiration.

Une voix familière me tire de mes pensées. C'est Marie-Jean, l'une de mes collègues, qui entre dans le bureau, l'air un peu préoccupé.

Marie-Jean - Excusez-moi, Monsieur Henderson ?

Je lève la tête, un sourire désinvolte sur le visage. Je ne suis pas du genre à me faire appeler "Monsieur" par mes collègues.

Moi - On est encore là, Marie-Jean ? Tutoie-moi, j'ai l'impression d'être un vieux.

Marie-Jean - D'accord... Adam ! Nous avons un petit problème concernant le dossier ASH.

Je fronce légèrement les sourcils. Je connais ce dossier. C'est l'affaire d'Amil Khan, cet imbécile de connard. Je n'aime pas la tournure que prend la conversation.