Prologue

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       La vie est merveilleuse et c'est ce qu'il y a de plus fragile et de plus précieux. Fragile... car c'est terrifiant de savoir qu'elle peut basculer en un rien de temps. Mais ce qui est plus terrifiant encore, c'est quand ce changement intervient dans votre vie...

Nous étions en 2117. Elle s'appelait Kristal et contre toute attente, elle était une parfaite voleuse. Enfin... elle pourrait en être une.

Son père lui avait apprit tout ce qu'elle savait : des arts martiaux jusqu'aux techniques de corps à corps, en passant par les évasions de n'importe quels ordres,  que ce soit un trou paumé ou le complexe le plus surveillé. Bref beaucoup de choses qui feraient d'elle une parfaite voleuse capable de se sortir de n'importe quelle situation fâcheuse.

Elle admirait son père et sa seule préoccupation était de le rendre fier d'elle. Enfin... c'était sa seule préoccupation jusqu'à aujourd'hui en tout cas.

Ces derniers temps elle le trouvait louche, bizarre, comme si quelque chose d'important le préoccupait. À chaque fois qu'elle abordait le sujet il l'évitait en  changeant habilement de conversation. Elle n'insistait pas de peur de le fâcher, car il avait horreur qu'on le croit faible, mais elle était prête à tout pour trouver ce qui clochait et, sachant qu'il ne lâcherait pas le morceau, elle décida de fouiller.

Cette nuit-là elle fouilla toutes ses affaires : personnelles ou non, et toutes les cachettes de la maison sans rien trouver, jusqu'à ce qu'elle aille dans son bureau.

Elle fouilla le dernier tiroir, désespérée de trouver quoi que ce soit. Quand elle voulut le refermer, elle remarqua qu'il contenait un double fond. Elle l'ôta discrètement et y vit un dossier. Elle l'ouvrit et vit avec intérêt une photo d'elle petite. Elle devait avoir un an environ.

Elle commença à le feuilleter en s'asseyant sur le fauteuil roulant du bureau. Soudain ce qu'elle découvrit était loin ce qu'elle aurait pu imaginer, ce n'était pas la solution à leur problème. C'était complètement autre chose, mais ça, il ne lui aurait probablement jamais dit, et c'est sûrement pour ça qu'il était dans la seule planque de la maison qu'elle ne connaissait pas.

Elle continua jusqu'à arriver à la dernière page. Ce qu'elle y vit lui donna le coup de grâce. Cette feuille qui ne contenait que quelques lignes au recto parlait de lui, de l'homme qu'il était.

Elle ne put retenir les larmes qui commençaient à lui monter aux yeux. Des larmes de tristesse ? Non. Des larmes de colère. Comment avait-il osé lui mentir à ce point et ce, depuis le début !

Folle de rage, elle prit un briquet et mis le feu au dossier en le lâchant sur le bureau de bois. Elle se retourna et quitta la pièce. En passant devant la porte de la chambre de l'homme qu'elle admirait tellement, elle s'arrêta un instant.
« Non. Aucune pitié, s'ordonna-t-elle mentalement. Qu'ils aillent en enfer lui et ses secrets 》

Elle s'était immobilisée à peine quelque secondes mais le brasier avait déjà gagné le couloir et la fumée qui était maintenant dans toute la demeure fit tousser Kristal violemment.《 Et merde ! 》pensa-t-elle. Elle avait complètement oublié que la maison qu'ils habitaient était en bois et que le feu se propageait bien trop vite pour s'arrêter quelques secondes.

Elle mit son bras devant sa bouche et son nez dans l'espoir de filtrer un peu l'air et descendit les escaliers. Si elle ne sortait pas rapidement elle savait qu'elle allait subir le même sort que l'homme qui dormait, inconscient du danger qui le guettait. Le feu la suivait aussi vite qu'elle marchait. Elle n'arrivait pas à le distancer.

Après avoir traverser de nombreuses pièces elle aperçut enfin la sortie. Malheureusement, celle- ci, qui était en dessous du bureau auquel elle avait mis le feu, était déjà entièrement entourée des flammes. Seul un petit trou dans le brasier était encore ouvert.

Elle s'approchait du seuil quand une poutre au-dessus de sa tête lâcha prise, rongée par les flammes. Avec l'agilité d'un chat elle se jeta au sol et, faisant une roulade en urgence, elle parvint de justesse à l'éviter. Elle tomba pile où elle était une seconde avant.

Malgré la rapidité de sa réaction une douleur lancinante se fit pourtant ressentir à son pied gauche. Elle voulut se relever mais ne le put, remarquant que son pied était,  en fait, prisonnier sous la poutre. Elle réfléchit difficilement car la fumée la faisait respirer de plus en plus mal et le feu l'entourait à présent.

« Putain ! Fait chier ! Ragea-t-elle intérieurement. La seule fois où c'est en condition réelle il faut que je soit trop lente ! Et bien sûr si je ne me dégage pas rapidement je vais y rester. »

Elle ne se fit pas d'illusion, jamais elle ne réussirait à soulever la poutre, alors elle fit la seule chose qui lui restait à faire : elle tira son pied de dessous. Elle hurla de douleur en sentant le bois écorcher son pied de toutes part sur ses brûlures sûrement déjà assez importantes. Une fois libérée, elle courut comme elle put traînant plus son pied qu'elle le soulevait, et sauta la tête la première dans la sortie.

Lors de ce court saut elle sentit les flammes lécher tout son corps. Mais une fois qu'elle arriva dehors elle rampa le plus loin possible de la maison qui tombait lentement en ruines.

Elle s'asseya contre un arbre à environ vingt mètres de la demeure qui était la sienne jusqu'à maintenant, et remarqua qu'il pleuvait. Elle leva la tête vers le ciel et laissa la pluie couler sur son corps soulageant les brûlures superficielles. Elle ferma les yeux et ce fut le noir.

Perdue Où les histoires vivent. Découvrez maintenant